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Le soudain retour des alliés de Tshisekedi

Etienne Tshisekedi, président de l’UDPS le 30/08/2011 à Kinshasa. Radio Okapi/ Ph. John Bompengo
Etienne Tshisekedi, président de l’UDPS le 30/08/2011 à Kinshasa. Radio Okapi/ Ph. John Bompengo
Peu après la présidentielle de 2011 et après que Tshisekedi, ignoré parla Communauté internationale au profit de Joseph Kabila, a prêté serment dans sa propre résidence de Limete, où il attendu en vain l’imperium, le leader de la scène a été considéré comme un bois mort. Il avait perdu tous ses courtisans, à commencer par ses propres députés UDPS, sans compter ses soutiens occasionnels. Mais depuis que le Pouvoir l’a relancé mi-2015 pour un dialogue, le vieil opposant se fait encore parler de lui. Chaudes ou froides, ses régulières prises de position en faveur de ce forum viennent de lui occasionner un brusque retour au devant de la scène et de susciter un soudain retour des alliés de Tshisekedi. Depuis jeudi 28 janvier dernier à Notre Dame de Fatima, dans la commune de la Gombe, autour de Jean-Pierre Lisanga Bonganga, les nouveaux amis de Tshisekedi, ont repris du poil de la bête. Leur credo: la défense des valeurs démocratiques et républicaines de liberté, de justice, de solidarité, d’intégrité et de progrès, incarnées par Etienne Tshisekedi. Leur objectif: examiner les questions relatives aussi bien à leur organisation qu’au dialogue politique transparent, associant les parties prenantes RD-congolaises avec la médiation de la Communauté internationale.
Deux thèmes sont pris en compte au cours de cette rencontre qui se clôture mardi 2 février prochain, à savoir: l’acte fondateur du rassemblement des Alliés d’Etienne Tshisekedi et l’organisation du dialogue politique. De retour d’un séjour de près d’un mois où il a été invité de Tshisekedi, le point focal Jean-Pierre Lisanga Bonganga, s’est empressé de définir les principes devant conduire la première réunion de ce nouveau rassemblement politique: être Tshisekedistes, partager sa vision, s’engager à ne pas le trahir et accepter le consensus comme mode de prise de décision. Considérant le contexte politique, Lisanga a en outre précisé les signaux pouvant décrisper l’atmosphère politique, exhortant le Régime à libérer les détenus d’opinion et des prisonniers politiques, d’amnistier les exilés politiques et d’ouvrir les médias publics à l’Opposition politique. «Le régime est également appelé à suspendre le processus de mise en œuvre du découpage territorial. Nous les invitons aussi à la délocalisation du procès Chebeya vers la Cour de justice de l’UA et d’ouvrir une enquête indépendante sur les fosses communes de Maluku», a-t-il insisté.
La rencontre des alliés d’Etienne Tshisekedi entreprend également entrepris d’examiner les pistes possibles pour la réécriture de la loi électorale dans le respect de la Constitution, l’actualisation du fichier électoral par l’enrôlement de tout citoyen en âge de voter, et l’adoption d’un calendrier électoral maitrisé et consensuel, a-t-on appris. L’espoir de Lisanga Bonganga et tous les siens est de voir le Président Joseph Kabila, «dans un sursaut républicain, assurer une alternance démocratique à travers les élections crédibles et apaisées».
Les alliés d’Etienne Tshisekedi ont le sentiment que cette alternance démocratique, grâce à l’élection présidentielle de novembre 2016, permettra à leur chouchou de l’UDPS d’accéder enfin au pouvoir. Comme ses amis, Lisanga s’est pris à rêver affirmant que Tshisekedi est resté constant, courageux et pugnace dans son combat politique. «Il n’a jamais trahi ni ses convictions ni ses compatriotes», a-t-il ajouté. Selon lui, Tshisekedi est le seul politique à même de contribuer à guérir «la RD-Congo qui donne l’air d’être frappée par une mystérieuse malédiction, souffre de problèmes bien réels qui se révèlent comme un véritable fléau, conséquence d’une longue et interminable crise de légitimité, exacerbée par des violations à répétions de la Constitution ainsi que les atteintes sans cesse répétées des droits et des libertés fondamentaux de l’homme».
La grande cacophonie
Convaincus que les droits économiques et sociaux pourtant garantis par la Constitution continuent à être bafoués, les Alliés d’Etienne Tshisekedi dépeignent un tableau bien sombre de la vie sociale des RD-Congolais ponctuée par le manque d’eau potable, les coupures intempestives d’électricité, l’insécurité, l’insalubrité des quartiers, l’état calamiteux des routes, les difficultés dans les transports.
Alors qu’Edem Kodjo, médiateur pour le dialogue national, choisi par l’Union africaine -UA- est boudé par certains opposants dont Etienne Tshisekedi, JP Lisanga, lui, a rassuré que le leader de l’UDPS est un pro-dialogue. «Guidé par sa conception de la démocratie, et estimant qu’il n’y a pas de vertu plus constructive que le dialogue, Etienne Tshisekedi a été le premier à prôner le dialogue politique comme voie royale pour sortir le pays de toute impasse politique», a affirmé l’ancien député. A l’en croire, dans la feuille de route de l’UDPS pour la sortie de crise, publiée le 14 février 2015, le président national de l’UDPS avait exposé sa vision du dialogue, une politique transparente associant les parties prenantes en RD-Congo avec la médiation de la Communauté internationale tirant son fondement dans l’Accord-cadre d’Addis-Abeba et les résolutions subséquentes. C’est ainsi qu’Etienne Tshisekedi a lancé un appel pathétique à toutes les forces acquises au changement démocratique d’être soudées comme un seul homme pour s’ériger en bouclier contre toutes les manœuvres tendant soit à étouffer soit à vider et à contourner ce dialogue. Depuis, le leader de l’UDPS a ressuscité un soudain intérêt autour de sa personne. Difficile de savoir ce qui fait courir à nouveau les hommes politiques derrière Thisekedi entre la perspective d’une victoire à l’hypothétique présidentielle de 2016 et celle du partage du gâteau à l’issue d’un probable du dialogue.
Bijou KULOSO

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