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Sortie officielle de l’USN : USD 653.000, le pro forma qui fait jaser

La facture pro forma de location du stade des Martyrs, délivrée par le comité de gestion de ce temple du foot de Kinshasa, a révélé plus d’un secret de polichinelle autour de l’organisation de la sortie officielle de l’Union sacrée de la nation -USN-, plateforme politique du Président de la République Félix Tshisekedi, le samedi dernier à Kinshasa.

Ce document, qui a fuité pour se retrouver en circulation libre sur les réseaux sociaux, renseigne que «USD 653.000» ont été demandés à «l’Assemblée nationale» en guise de location du stade des Martyrs. Deux faits ont piqué la curiosité de plusieurs internautes et provoqué une valse de commentaires allant dans tous les sens. A savoir la somme demandée et le client à qui la facture a été adressée.

En effet, les USD 653.000 demandés sont de très loin supérieurs aux USD 77.975 sollicités pour la rencontre du Pape François et les jeunes début février dernier au même stade des Martyrs. Pourquoi une telle différence en l’espace de deux mois seulement?

L’autre vraie question qui taraude les esprits avertis: l’USN étant un fait privé, pourquoi c’est à l’Assemblée nationale de payer sa facture, qu’elle soit salée ou pas? Autour de cette situation, une levée de boucliers spontanée s’est produite mardi 2 mai 2023 sur Twitter. Député national, André-Claudel Lubaya, a dénoncé un «gaspillage» qui n’avait pas lieu d’être dans le contexte actuel, marqué par une importante crise économico-financière dont le couronnement est le cumul des mois d’impaiement des agents et cadres de la Fonction publique. «En quoi gaspiller de manière aussi ostentatoire 653.000 USD, argent du pauvre contribuable congolais, par ce temps de crise, fait-il passer certains du bon côté de l’histoire?», a questionné l’élu de Kananga, qui fait allusion au slogan de la sortie officielle de l’USN appelant à «être du bon côté de l’histoire».

De son côté, Michael Tshibangu, conseiller de Moïse Katumbi en matière des NTIC, a déploré la caporalisation, comme durant les années du Parti-Etat, d’une institution aussi prestigieuse que l’Assemblée nationale, réduite à n’accomplir que la volonté d’un seul individu, du reste faillible. «On ne sait plus faire la différence entre l’USN, une plateforme électorale, et les institutions de la République. L’USN a même inclus les dirigeants des institutions dans sa charte. MPR bis? », a-t-il relevé. Et d’enchaîner: «Peut-on parler de démocratie quand toutes les institutions suivent la volonté d’une seule personne? Tout ce qui compte, c’est de faire ce qu’un homme veut. Un homme qui peut faire des erreurs; qui peut se tromper».

Une des figures de proue de la Lutte pour le changement -LUCHA-, mouvement citoyen ayant pignon sur rue, Bienvenu Matumo a eu une réaction tranchée par son appel à la déchéance de Christophe Mboso de la présidence de l’Assemblée nationale. «Les députés nationaux doivent déchoir Christophe Mboso pour avoir engagé l’institution dans une affaire privée. L’Assemblée nationale ne peut pas payer plus d’un demi-million de dollars pour des faits privés», a-t-il déploré, tout en exprimant sa foi en certains députés pour «organiser la protestation». Parmi eux, Juvenal Munubo, Delly Sesanga, Lubaya Claudel, Jean-Baptiste Kasekwa et Gael Bussa.

Benjamin Umba n’a pu dissimuler son regret en réalisant qu’un vaste champ de maïs a manqué de voir le jour en RDC alors qu’une pénurie de ce produit alimentaire frappe de plein fouet le centre et le sud du pays. «Pour un agriculteur, cela fait plus de 653.000 hectares de maïs. Quelques jours après la sortie officielle, on va chercher du maïs en Afrique du Sud», a-t-il dit sur un ton moqueur alors que le même mardi une délégation du gouvernement a effectué le déplacement de Johannesburg dans l’optique d’endiguer cette pénurie. La veille de la sortie officielle de l’USN, de nombreuses personnalités avaient dénoncé le financement de cette activité privée par le Trésor public, pris en otage pour des fins politiciennes. «L’USN organise sa sortie officielle avec l’argent de l’Etat», avait alerté Franck Diongo, repris tout de suite par Stève Mbikayi, monté sur ses plus grand chevaux pour démentir les propos du leader du MLP. «Affabulation dénuée de tout fondement résultant d’une hallucination de mauvais goût… L’argent de l’Etat ne sert plus à l’organisation des activités privées», avait-il répliqué.

En fin de soirée, le ministre des Sports, Kabulo Mwana Kabulo ainsi que le gestionnaire du Stade des Martyrs ont qualifié de «fake-news» la facture pro-forma. Des agents du stade des Martyrs approchés par AfricaNews ont cependant confirmé que l’en-tête est du stade des Martyrs, refusant cepedant d’abonder l’authenticité du document.

LOI

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