A en croire le compte-rendu du Conseil des ministres tenu à Kingakati, fait sur le plateau de la RTNC par Lambert Mende Omalanga, ministre de la Communication et des médias et porte-parole du gouvernement, il a été décidé de la création d’une grande coalition politique électorale dénommée Front commun pour le Congo -FCC- dont l’objectif sera de permettre à ses membres de participer sur la base d’un programme commun aux élections en soutenant un candidat unique à la présidentielle. Et de préciser: «Il est entendu que chaque grande force de cette coalition garde son identité et son autonomie, tout en restant soumis à la discipline du groupe et respectueux de ses devoirs vis-vis de la charte du FCC dont la signature interviendra incessamment». Kabila en est l’autorité morale.
Joseph Kabila Kabange a fait la moitié du chemin et levé un coin de voile. Depuis jeudi 7 juin 2018, ses nouveaux alliés sont connus: les opposants membres de l’actuel gouvernement. Avec eux se peaufinent des stratégies pour remporter les scrutins prévus le 23 décembre 2018. Les propos tenus par Emmanuel Ramazani Shadary, secrétaire permanent du Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie -PPRD-, lors de sa tournée dans le Grand Equateur, selon lesquels son parti gagnera ces élections avec l’appui de ses partenaires venus de l’Opposition, tendent à se concrétiser.
Jeudi 7 juin, Joseph Kabila a présidé une réunion de haute portée politique dans sa ferme à Kingakati, située à 100 km du centre-ville de Kinshasa, à l’issue de laquelle a été adoptée la charte de sa méga plateforme politique électorale dénommée Front commun pour le Congo -FCC. Selon des sources concordantes, les sociétaires sont les membres de la Majorité présidentielle -MP- ainsi que des opposants siégeant au sein du gouvernement Tshibala.
Il s’agit là d’une machine de Kabila destinée à peaufiner des stratégies et battre campagne pour remporter les élections. Les Ramazani Shadary, Aubin Minaku, Modeste Bahati Lukwebo, Evariste Boshab Mabudj, Henri Mova Sakany, Matata Mapon, Athanase Matenda Kielu… et Lambert Mende Omalanga évolueront dans une même équipe que le Premier Bruno Tshibala Nzenzhe, le speaker du Sénat Léon Kengo wa Dondo, le vice-premier ministre José Makila Sumanda, le ministre d’Etat Lisanga Bonganga ainsi que leurs légions respectives. Le FCC dont Kabila est l’autorité morale a pour objectif de permettre à ses membres de participer sur la base d’un programme commun aux élections à tous les niveaux en soutenant un candidat unique à la présidentielle.
Des arguments percutants face aux adversaires de tous les gabarits
Ce team aura à affronter, sur le chemin électoral, les adversaires de taille issus des autres ailes de l’Opposition politique dont Moise Katumbi Chapwe, président d’Ensemble pour le Changement, Félix Tshisekedi Tshilombo de l’Union pour la démocratie et le progrès social -UDPS-, Adolphe Muzito, candidat président de l’Union pour la République -URép- sans oublier les leaders du Mouvement de libération du Congo -MLC- et de l’Union pour la nation congolaise -UNC- de Vital Kamerhe. En attendant le dépôt des candidatures, les têtes d’affiche de l’Opposition restée en dehors du gouvernement multiplient les rencontres aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays en vue mutualiser leurs efforts autour d’une candidature commune.
Devant ces enjeux de taille, Kabila a renfilé le costume de chef de file. Avec la mise en place de cette nouvelle rampe de lancement, Kabila est assuré d’avoir du souffle à revendre et présenter des arguments percutants face aux adversaires de tous les gabarits aux échéances électorales qui approchent. Mais le suspense demeure entier tant nul ne sait si l’actuel président de la République va décider d’être candidat à sa propre succession ou de désigner un dauphin dont il se chargera de porter, avec le FCC, la candidature. Les choses pourraient commencer à se clarifier avec la nomination des animateurs de cette mégastructure.
Octave MUKENDI