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Finances vs Sports : Nicolas Kazadi empiète sur les platebandes de Serge Nkonde

En violation à l’article 93 de la Constitution, le ministre des Finances a donné des injonctions à son collègue des Sports et loisirs, lui demandant de sélectionner 4 fédérations devant recevoir le financement du Trésor public au lieu de 12, tel que décidé en Conseil des ministres…

Nicolas Kazadi a décidé, unilatéralement, de limiter à 4, le nombre de fédérations sportives prises en charge par le Trésor public. Le ministre des Finances l’a dit à son homologue des Sports dans une correspondance qu’AfricaNews a consultée. Dans sa lettre, Nicolas Kazadi a notamment demandé à Serge Nkonde d’identifier et déterminer les 4 élues. Démarche contestée par Serge Nkonde.

Le ministre des Sports a regretté le manque de motivation de cette décision injuste de son collègue. «Vous me demandez de déterminer 4 fédérations au maximum qui pourront bénéficier des subventions du Trésor public et cela, en contradiction avec le nombre de 12 fédérations arrêté en Conseil des ministres du 4 mars 2022, présidé par Son Excellence Monsieur le Président de la République, Chef de l’Etat, et consigné dans le compte-rendu à la page 9», a rappelé Serge Nkonde dans sa réponse à Nicolas Kazadi.

En effet, lors de cette réunion hebdomadaire, le ministre des Sports avait présenté et obtenu l’adoption du projet «Objectif 2024», résumant une série d’actions gouvernementales dans ce secteur pour la période allant de 2022 à 2024. «Il -NDLR: le ministre Nkonde- a expliqué les grandes lignes de cette ambitieuse Feuille de route qui vise à canaliser les efforts de du gouvernement sur douze disciplines sportives. Il s’agit respectivement du football, basketball, handball, volleyball, judo, karaté do, taekwondo, boxe, lawn-tennis, athlétisme, luttes et tennis de table. L’objectif poursuivi dans ce cadre est de préparer les futurs champions et lancer le développement du sport congolais dans un environnement moderne et assaini. Le ministre des Sports et Loisirs a, cependant, précisé que ce choix n’exclut pas les autres sports d’une prise en charge de l’Etat ou d’un quelconque subside. Car, il existe des sports de solidarité comme les handisports et des sports de prestige tel que le golf ou encore le cyclisme qui contribuent à vendre l’image du pays», lit-on dans le compte-rendu.

Clairement, Nicolas Kazadi a décidé de passer outre les résolutions du Conseil des ministres et ce, en violation de l’article 44 de l’Ordonnance n°20/016 du 27 mars 2020 portant organisation et fonctionnement du Gouvernement, modalités de collaboration entre le Président de la République et le Gouvernement ainsi qu’entre les membres du Gouvernement qui dispose: «Le Gouvernement fonctionne d’une manière collégiale et solidaire. Les décisions du Conseil des Ministres lient solidairement tous les membres du gouvernement».

De l’avis des spécialistes, la correspondance scandaleuse de Nicolas Kazadi énerve également les articles 15 et 26 de la même Ordonnance. En voulant s’immiscer dans le fonctionnement d’un autre département que le sien, Nicolas Kazadi s’est également rendu coupable de violation de l’article 93 de la Constitution, ainsi libellé: «Le ministre est responsable de son département. Il applique le programme gouvernemental dans son ministère, sous la direction et la coordination du Premier ministre».

Des mesures non adaptées au contexte sportif

En plus de la réduction du nombre de fédés à prendre en charge, Nicolas Kazadi a informé son collègue de la bancarisation dès janvier 2023 du processus de paiement des primes. Alors que la démarche est honorable, les avertis s’interrogent sur la nature de la demande de Kazadi, d’autant plus que la liste des personnes -athlètes- pouvant bénéficier de ces primes est variable, selon la forme, la santé ou la disponibilité des athlètes ou encore selon qu’il s’agit des équipes nationales ou des clubs. «Il est impossible de savoir qui va être sélectionné ou pas pour déterminer qu’il va être éligible à la prime. A la limite, il ne peut y avoir que deux solutions: soit transférer ces fonds au compte de la fédération ou payer au cas par cas et ce, après établissement des ordres de mission», a proposé un analyste sportif.

La semaine passée, le ministre des Finances avait signé une autre bavure. «Le budget du ministère des sports est épuisé depuis février – mars. Ils ont tout bouffé. Ce que nous leur donnons, c’est par notre volonté. Parfois nous prenons l’argent des autres personnes pour leur donner», avait-il déclaré dans ton presque moqueur. Dans l’opinion, la déclaration a été mal vue. Plusieurs observateurs ont alors décrié une indécence dans le chef de l’argentier national, susceptible de mettre le pouvoir en conflit avec le mouvement sportif national à quelques mois des élections.

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