“Moïse Katumbi sera condamné parce qu’il y a déjà une instruction du PGR. Il sera bientôt condamné“, a annoncé vendredi au micro de RFI Emmanuel Shadary Ramazani, secrétaire permanent du PPRD. Cette déclaration maladroite est en train de susciter un tollé dans le microcosme politico-médiatique.
Les pro-Katumbi la brandissent, non sans raison, comme preuve irréfutable de caporalisation de la Justice par le camp au pouvoir en République démocratique du Congo.
Depuis, le “juge” Shadary se fait sérieusement brocarder.
Secrétaire général de “Ensemble”, plate-forme qui soutient la candidature de Katumbi à l’élection présidentielle du 23 décembre 2018, le député Delly Sesanga a condamné fermement la sortie de Shadary, dénonçant dans un communiqué de presse “une cabale orchestrée dans un acharnement judiciaire à motivation politique contre Moïse Katumbi“.
Indignation également dans les réseaux sociaux. “On savait que la justice en #RDC était aux ordres du régime #Kabila! Mais que #Shadari, le Secrétaire Général du #PPRD l’avoue en direct sur les ondes de @RFI en annonçant la prochaine condamnation de @moise_katumbi… Là, on reste bouche bée. Chapeau l’artiste!”, a réagi vendredi sur Twitter Olivier Kamitatu, porte-parole de Moïse Katumbi.
Sur le même réseau, le journaliste Stany Bujakera, membre de la rédaction du site “Actualite.cd“, a également eu cette réaction: “Quand le juge Ramazani Shadary condamne déjà un candidat président de la République avant même le procès”.
À en croire Me Georges Kapiamba, président de l’Ong Acaj, “Shadary confirme les informations dont nous disposons depuis plusieurs mois, qui établissent que les différents procès initiés contre Moïse Katumbi depuis 2016 à ce jour visent effectivement à sanctionner sa démission du PPRD et son ralliement à l’opposition“.
Kapiamba demande au Procureur général de la République “de ne pas se laisser engager dans des stratégies qui entendent faire éliminer Moïse Katumbi à l’élection présidentielle“.
La Cour suprême de justice, faisant office de cour de cassation, a fixé au 26 ou 27 juin 2018 l’affaire des mercenaires qui oppose le Parquet général à l’ancien gouverneur de l’ex-province du Katanga. Les avocats de Katumbi s’étonnent du privilège de juridiction accordé à leur client dont le juge naturel est, selon eux, le tribunal de paix de Lubumbashi, qui l’a déjà jugé et condamné à trois ans, après sa démission du poste de gouverneur, dans un procès en stellionat contre le sujet grec Alexandro Stoupis.
KISUNGU KAS