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Noël Tshiani part à la Cour constitutionnelle avec une coupure de presse alors que l’administration italienne avait déjà clos le débat sur l’Italianité de Katumbi

La candidature de Moïse Katumbi à la présidentielle du 20 décembre est l’objet d’une deuxième requête pour invalidation à la Cour constitutionnelle. Après le requérant sans-qualité Junior Tshivuadi, c’est autour d’un candidat Président d’attaquer le n°3 pour avoir «renoncé à la nationalité congolaise» depuis 2017. Portée par Noël Tshiani, l’homme derrière la Loi dite de «père et de mère» qui visait également, selon une opinion très partagée, à écarter le même Katumbi de la course au fauteuil présidentiel, la requête déposée, le mardi 24 octobre à la Cour constitutionnelle, accuse Katumbi d’avoir introduit un «certificat de nationalité datant de 2015» qui, selon le requérant, «a cessé de produire des effets en droit depuis 2018, au motif qu’il s’est prévalu d’une nationalité étrangère en 2017».

La citoyenneté pour laquelle Noël Tshiani sollicite l’invalidation de Katumbi est la nationalité italienne qu’aurait détenue Katumbi par «sa propre volonté», renonçant ainsi à celle congolaise suivant les prescrits de l’article 72 de la Constitution. Sauf que les arguments de Tshiani sont d’une autre époque. Un vieux débat clos en 2018 lorsque la même thèse a été avancée pour empêcher à Katumbi de se placer sur les starting-blocks.

«Autres temps, mêmes mœurs»

A l’époque, l’information a été vite démentie par l’avocat de Katumbi, Eric Dupond-Moretti, devenu entretemps ministre français de la Justice, qui a sollicité et obtenu des officiels italiens une preuve de la non-détention par Katumbi de la nationalité italienne. «Nous pouvons fournir aucune information quant à la nationalité de Moïse Katumbi Chapwe, en ce que celui-ci n’est pas inscrit -et ne l’a jamais été- au registre de l’état-civil et/ou au registre de la population des citoyens de la ville de San Vito dei Normanni», avait alors répondu le maire Domenico Conte dans une note frappée du timbre du procureur de Milan.

Au cours de la même conférence animée le 24 juillet par l’avocat de Katumbi d’alors, il a été précisé que l’administration de cette contrée d’Italie n’avait «jamais mis à la disposition de tiers de documents concernant la nationalité des dites personnes -Moïse Katumbi Chapwe et/ou Moïse Katumbi D’Agnano», battant ainsi en brèche l’authenticité d’un document collé à la ville de San Vito sur la prétendue nationalité italienne de Katumbi, largement partagé dans les réseaux en 2018 et aujourd’hui réchauffée par des comptes réputés «Armée numérique». Sur l’un de ces posts, un internaute s’est indigné: «ailleurs, on dit autres temps, autres mœurs. Chez nous, on dira autres temps, mêmes mœurs. Ce mensonge a la peau dure apparemment».

Complot contre le candidat n°3

Intervenant récemment dans l’émission «Club 50» produite et diffusée par «Télé 50», le journaliste et analyste politique Patrick Lokala a fait part d’une série de «complots» fomentés «par les officines du pouvoir contre Moïse Katumbi». Selon lui, il s’agirait de la suite logique d’un véritable «acharnement», après les épisodes des accusations sur le blocage du maïs zambien ou encore des poissons namibiens. Il a également rappelé les dossiers «Insécurité à l’Est» et «Mobondo» dans lesquels Katumbi a été mêlé à tort.

A l’époque, l’intéressé lui-même s’était plaint de se voir «attribuer les échecs» du régime au nombre desquels il a cité «la vie chère, le manque d’électricité, la non-prise en charge des déplacés, le salaire médiocre des fonctionnaires et militaires, le manque des bourses aux étudiants congolais, le manque des bancs dans les écoles ou des médicaments dans les hôpitaux». Abordant la Loi ségrégationniste dite de «père et de mère», Patrick Lokala a salué la pression de l’Eglise et de la Société civile qui «a fait que cette loi ne soit pas examinée bien qu’alignée».

Approché pour commenter ces accusations portées contre Katumbi, un membre de la Jeunesse d’Ensemble pour la République -JER- s’est dit impatient de voir comment le requérant va prouver et soutenir ses imputations. «Parce qu’en droit, la charge de la preuve incombe à celui qui allègue ou accuse, ces présumés nouveaux accusateurs et comploteurs sont mis au défi d’apporter les nouvelles preuves officielles de l’italianité de Moïse Katumbi», dit-il.

L’Union sacrée et la «Katumbiphobie»

Sera-t-il invalidé ou pas? La question sur le sort du candidat n°3 à la présidentielle est sur toutes les lèvres alors que certains soutiens de l’Union sacrée ne se cachent plus sur les réseaux sociaux pour appeler à l’invalidation de Katumbi, véritable entrave à l’ambition du Président sortant de s’arroger un second mandat. Au cours de son passage sur «Télé 50», le journaliste Lokala révèle également l’existence d’une manœuvre de l’Union sacrée tendant à «justifier l’invalidation de Katumbi par un prétendu le fameux certificat de nationalité».

«A ce jour, le certificat que Moïse Katumbi a présenté est un original», rappelle le journaliste, non sans rappeler le caractère «sociologique et tribal» des élections en RD-Congo. «Ecarter risque de créer des remous. On craint qu’il ne sera pas facile de voler à Katumbi la victoire même dans une élection chaotique. Parce que l’homme a une assise et un ancrage sportive conséquents, il a des moyens pour battre campagne et des relations à l’international. Katumbi n’est pas Fayulu», avertit Lokala, convaincu que Katumbi fait peur à toute la machine Union sacrée.

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