La décision du MNR retirant sa couverture juridique au MSR homologuée par le TGI Gombe, l’arrêté d’enregistrement en bonne et due forme obtenu au Ministère de l’Intérieur, le MSR est désormais en règle mais sans Pierre Lumbi, l’ex-conseiller spécial passé à l’Opposition
La saga judiciaire enclenchée il y a 2 mois au sein de l’ex-deuxième force de la MP est arrivée à terme. Le MSR est un et unique. Selon ses ténors, il reste dans la MP et a pour autorité morale, le Président de la République, Joseph Kabila, qui en est l’initiateur. Ils ne laissent pas non plus trop de choix à l’autre aile, officiellement dans l’Opposition et évoluant au sein de la plateforme G7, désormais sommée de disparaître, à défaut de faire une courbe rentrante. Les réactions vont dans tous les sens. Si certains y voient l’application du droit pur, d’autres, par contre, parlent des manœuvres politiciennes visant à affaiblir l’Opposition politique. Mais une chose est sûre et certaine, l’affrontement entre les deux fractions a laissé des cicatrices. MSR, longtemps deuxième parti phare de la MP, n’avait pas d’agrément du Ministère de l’Intérieur… Une révélation qui a plongé dans l’émoi le monde politique. Mieux vaut tard que jamais, dit-on, le parti cher à feu Samba Kaputo a désormais une identité juridique propre à lui. Conséquence: il n’existe à ce jour qu’un MSR, celui dirigé par Me Yoko ya Kembe, l’unique reconnu dans les livres du Ministère de l’Intérieur.
L’affaire fait jaser à travers toute la ville. Chacun y va de son petit commentaire; ce qui laisse peu de place à la raison. Si Yoko ya Kembe met en avant les arguments juridiques, ses détracteurs, eux, évitent de parler droit, privilégiant beaucoup plus des conjectures, la chasse aux sorcières. En fait, depuis sa création, le MSR n’avait jamais été enregistré comme parti politique en RD-Congo! Il a plutôt bénéficié de la couverture juridique du Mouvement pour la nouvelle République -MNR-, parti de Me Yoko, également cofondateur du MSR avec feu Guillaume Samba Kaputo et Pierre Lumbi. Mais depuis novembre 2015, le MNR s’est décidé de retirer cette couverture, ce qui a fait du MSR un parti officieux, non existant juridiquement. Alertés par la situation, certains élus et cadres du parti se sont décidés de régulariser la situation de leur parti. Ils ont par ce fait demandé un agrément au Ministère de l’Intérieur, sur base du jugement d’homologation du 26 novembre 2016 du Tribunal de grande instance de Kinshasa/Gombe sous le RC 112377. Evariste Boshab, Vice-premier ministre en charge de l’Intérieur, n’a fait que se conformer à la loi, même si plusieurs les voient dans un rôle de bad boy. La vérité est que dans les archives du Ministère de l’Intérieur, le MSR n’avait jamais été enregistré comme parti politique. Situation que tente de justifier Jean-Claude Kibala, ancien ministre de la Fonction publique, sur son compte Twitter: «Oui, le Mouvement social a été obligé de passer par le MNR pour exister selon le droit congolais parce que le pouvoir n’en voulait pas». Et d’ajouter: «le Ministre de l’Intérieur en 2005 avait reçu l’instruction de ne pas agréer le MSR, voilà la raison de passer par le MNR!». Pour lui donc, «le MNR s’est légalement transformé en MSR», évoquant la loi sur les partis politiques qui, selon lui, ne prévoit de «couverture politique» d’un parti politique à un autre. Et pour clore le débat, Kibala sort ce qu’il pense être la dernière cartouche: «Et non, il -NDLR: Me Yoko ya Kembe- était fondateur du MNR et n’a jamais était membre ni cofondateurs du MSR».
Approché au téléphone par la rédaction d’AfricaNews, Me Yoko, nom et visage connu et respecté dans tous les barreaux de la République, s’est réservé à toute polémique, privilégiant le droit et l’histoire qui parlent en sa faveur: «Kibala est venu trouvé le MSR. Nous étions à trois: moi, Samba et Lumbi. C’est honteux que 10 ans durant, avec tout ce qu’ils ont eu comme avantage, que personne d’entre eux n’ait pu, un seul instant, pensé à régulariser la situation du parti. Ce que nous avons réussi à faire ce jour». Aujourd’hui enregistré et appartenant officiellement à la MP, le MSR n’est plus qu’un. «Le droit RD-congolais ne permet pas le doublement des partis politiques. Ceux qui se réclament G7 doivent soit retourner à la MP, soit créer un autre parti. Mais étant élus sur liste MSR, leur départ aura pour conséquence la perte de leurs sièges à l’Assemblée nationale», avise Me Stanley Mbayo, avocat près la Cour d’appel et député national élu de Kabongo. La situation des ceux qui doivent désormais être considérés comme dissidents se complique. Les jours qui arrivent seront très déterminants car ils sont obligés de faire un choix pour leur survie politique.
HMK
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