Le patriarche n’a pas digéré l’incartade de l’ex-SP Laure-Marie Kawanda à la tête d’une fronde qui a provoqué mort d’homme au siège du parti. Sa réaction est tombée: la radiation de l’insubordonnée doublée de poursuites judiciaires
Une tâche noire vient de s’imprimer dans l’histoire du Parti lumumbiste unifié -PALU. Le samedi 30 novembre 2013 aurait dû être le jour de l’affirmation de l’alternance au Secrétariat permanent du parti. Laure-Marie Kawanda, Secrétaire permanente sortant devait, après plusieurs refus, procéder à la remise-reprise avec Willy Makiashi, nommé depuis le 8 novembre par Antoine Gizenga Fundji qui en a le pouvoir discrétionnaire. A la place, le sang a coulé. Il y a mort d’homme. Et des blessés graves. Les commanditaires de ces troubles ont été radiés du PALU, notamment Laure Marie Kawanda, Floribert Matiti et Godefroid Kapaya, tous anciens membres du comité exécutif national -CENAL.
C’est un crime de lèse-majesté. Rien d’autre. Inadmissible spectacle cinglant à l’égard du dieu de Gungu. «J’y suis, j’y reste», a dit Laure-Marie Kawanda. La frondeuse a, selon des cadres du PALU, embrigadé des camarades du parti chargés de la sécurité de la permanence, les fameux A5, dans sa rébellion contre Gizenga. Ces derniers, remontés contre Makiashi, le nouveau Secrétaire permanent, porte-parole du parti, auteur, selon Kawanda, d’un détournement des primes prétendument leur accordées par Joseph Kabila, ont osé arracher armes et gourdins aux éléments de la Police nationale et bastonner leurs camarades conviés, nombreux, à la prise des bureaux par le nouveau secrétaire permanent par une commission ad hoc nommée par le patriarche, composée des parlementaires PALU et des membres du gouvernement du parti, le CENAL. L’émeute a duré plus d’une heure avant que la Police parviennent à maitriser ces insurgés.
Bilan: un militant tué à bout portant par Thierry Tshitoko, assistant du préposé à la discipline du parti, détenteur illégal d’arme à feu; des blessés graves qui ont été acheminés au centre médical AKRAM et des gros dégâts matériels, même le complexe scolaire Mbuku qui jouxte le siège du PALU n’a pas été épargné, à en croire les témoins. Plus curieux, la légion vaincue de Kawanda a laissé derrière elle des armes à feu, une bonne quantité des produits pouvant servir à l’incendie du siège et des drogues ont été découverts, a indiqué Makiashi.
«Y a anguilles sous roche», a-t-il souligné. Mais à quoi a pensé Kawanda? La dame a-t-elle pensé qu’elle pouvait impunément récidiver sa rébellion contre l’ancien Premier ministre Muzito dans le feuilleton Emile Ngoy? Pas du tout! Gizenga n’est pas homme à badiner. Dans la même journée de samedi, le dieu a sévi et l’insurgée
Kawanda a été radiée du PALU avant d’être traduite en justice, devant laquelle elle devra répondre de ses actes. Floribert Matiti, Godefroid Kapaya, membres du comité exécutif national, et Thierry Tshitoko ont subi le même sort.
«La remise-reprise d’aujourd’hui n’a pas été faite dans un climat apaisé parce que depuis le 8 novembre 2013, le camarade Antoine Gizenga à qui revient le pouvoir discrétionnaire de nommer le Secrétaire permanent, qui est son collaborateur le plus proche, ainsi que d’autres camarades membres du CENAL, après l’évaluation d’une année passée à la tête de la permanence par Laure-Marie Kawanda, avait
pris la décision d’opérer un changement en prenant la décision de nommer Willy Makiashi. Et depuis tout ce temps, la camarade Kawanda refuse de procéder à la remise-reprise», a expliqué Robert Ngambi, cadre du PALU. Mais qu’est-ce qui a été à la base des troubles? Les membres du PALU sont formels: «C’est Laure Marie Kawanda», accusent-ils en chœur.
L’état de siège a duré 22 jours!
Selon Ngambi, elle a créé une résistance en utilisant des militants subversifs appelés A5, membres d’un service interne de la sécurité. Le secrétaire permanent sortant, a-t-on renseigné, a instrumentalisé ces A5 pour occuper d’une façon illégale la permanence du parti depuis la nomination de Makiashi par le Patriarche. L’état de siège a duré 22 jours. Et le 30 novembre, jour prévu pour la remise-reprise, elle a foutu le bordel avant de s’en aller. Venus dans la matinée de samedi pour assister à la cérémonie, des militants Gizengistes ont été pris en otage par les fameux A5, qui ont ensuite bloqué l’entrée de la permanence afin que plus personne
n’entre ni ne sorte.
Après 9 heures, les premières vagues des militants venant du Pont Matete se dirigent vers le seuil du siège du PALU. Ils sont violemment attaqués par les insurgés pro-Kawanda qui se sont saisis de l’un d’entre eux. «Ils l’ont sauvagement tabassé et l’ont ensuite laissé pour mort», raconte une dame qui habite dans le voisinage. S’en est suivi des jets de
pierre entre militants PALU et A5. Les éléments de la Police nationale venus pour intervenir ont été contraints d’appeler du renfort après avoir été malmenés et perdu une arme en faveur des émeutiers. Pierres servant à la modernisation du Boulevard Lumumba, bâtons, sables, cocktails Molotov, … tout faisait l’affaire.
On se serait cru à l’époque de Pierre Mulele. Sous la pression de la Police qui a tiré quelques coups de feu, la petite rébellion de Kawanda s’est retranchée dans l’enceinte de la permanence. Mais elle ne désarme pas pour autant. Les jets de pierre et autres projectiles se sont poursuivis. Et les forces de l’ordre répondent cette fois-là par du gaz lacrymogène. Au bout des quelques minutes, la bande à Kawanda est mise hors d’état de nuire. Mais à la fouille des leurs antres, la Police découvre des armes à feu, des produits inflammables qui, soutient-on, étaient destinés à incendier le siège du Parti lumumbiste unifié et une bonne quantité des drogues dont du chanvre.
«Pendant près d’une heure, il a régné une ambiance infernale ici. J’ai encore les yeux rouges, voyez comme mes habits sont devenus sales, j’ai été frappé par les A5», témoigne un partisan qui vraisemblablement peinait encore à se remettre de ce qu’il avait vécu. Le nouveau secrétaire permanent, dans un communiqué de presse du 30 novembre 2013, donne un bilan d’une personne tuée et des plusieurs blessés graves parmi lesquels un policier, qui ont été acheminés au centre de santé AKRAM.
A quoi avait pensé Kawanda? La question mérite bien d’être posée. A en juger par l’architecture du PALU, son entêtement à garder le secrétariat permanent n’aurait donné aucun résultat qui lui aurait été bénéfique, estiment des analystes, à moins que le but poursuivi par ce manquement aux instructions du Patriarche et pire encore, aux statuts du parti, soit simplement de démystifier Antoine Gizenga. Même là, l’entreprise de Kawanda s’avère être des plus irréfléchies. Une bêtise.
Hugo-Robert MABIALA
Une tâche noire vient de s’imprimer dans l’histoire du Parti lumumbiste unifié -PALU. Le samedi 30 novembre 2013 aurait dû être le jour de l’affirmation de l’alternance au Secrétariat permanent du parti. Laure-Marie Kawanda, Secrétaire permanente sortant devait, après plusieurs refus, procéder à la remise-reprise avec Willy Makiashi, nommé depuis le 8 novembre par Antoine Gizenga Fundji qui en a le pouvoir discrétionnaire. A la place, le sang a coulé. Il y a mort d’homme. Et des blessés graves. Les commanditaires de ces troubles ont été radiés du PALU, notamment Laure Marie Kawanda, Floribert Matiti et Godefroid Kapaya, tous anciens membres du comité exécutif national -CENAL.
C’est un crime de lèse-majesté. Rien d’autre. Inadmissible spectacle cinglant à l’égard du dieu de Gungu. «J’y suis, j’y reste», a dit Laure-Marie Kawanda. La frondeuse a, selon des cadres du PALU, embrigadé des camarades du parti chargés de la sécurité de la permanence, les fameux A5, dans sa rébellion contre Gizenga. Ces derniers, remontés contre Makiashi, le nouveau Secrétaire permanent, porte-parole du parti, auteur, selon Kawanda, d’un détournement des primes prétendument leur accordées par Joseph Kabila, ont osé arracher armes et gourdins aux éléments de la Police nationale et bastonner leurs camarades conviés, nombreux, à la prise des bureaux par le nouveau secrétaire permanent par une commission ad hoc nommée par le patriarche, composée des parlementaires PALU et des membres du gouvernement du parti, le CENAL. L’émeute a duré plus d’une heure avant que la Police parviennent à maitriser ces insurgés.
Bilan: un militant tué à bout portant par Thierry Tshitoko, assistant du préposé à la discipline du parti, détenteur illégal d’arme à feu; des blessés graves qui ont été acheminés au centre médical AKRAM et des gros dégâts matériels, même le complexe scolaire Mbuku qui jouxte le siège du PALU n’a pas été épargné, à en croire les témoins. Plus curieux, la légion vaincue de Kawanda a laissé derrière elle des armes à feu, une bonne quantité des produits pouvant servir à l’incendie du siège et des drogues ont été découverts, a indiqué Makiashi.
«Y a anguilles sous roche», a-t-il souligné. Mais à quoi a pensé Kawanda? La dame a-t-elle pensé qu’elle pouvait impunément récidiver sa rébellion contre l’ancien Premier ministre Muzito dans le feuilleton Emile Ngoy? Pas du tout! Gizenga n’est pas homme à badiner. Dans la même journée de samedi, le dieu a sévi et l’insurgée
Kawanda a été radiée du PALU avant d’être traduite en justice, devant laquelle elle devra répondre de ses actes. Floribert Matiti, Godefroid Kapaya, membres du comité exécutif national, et Thierry Tshitoko ont subi le même sort.
«La remise-reprise d’aujourd’hui n’a pas été faite dans un climat apaisé parce que depuis le 8 novembre 2013, le camarade Antoine Gizenga à qui revient le pouvoir discrétionnaire de nommer le Secrétaire permanent, qui est son collaborateur le plus proche, ainsi que d’autres camarades membres du CENAL, après l’évaluation d’une année passée à la tête de la permanence par Laure-Marie Kawanda, avait
pris la décision d’opérer un changement en prenant la décision de nommer Willy Makiashi. Et depuis tout ce temps, la camarade Kawanda refuse de procéder à la remise-reprise», a expliqué Robert Ngambi, cadre du PALU. Mais qu’est-ce qui a été à la base des troubles? Les membres du PALU sont formels: «C’est Laure Marie Kawanda», accusent-ils en chœur.
L’état de siège a duré 22 jours!
Selon Ngambi, elle a créé une résistance en utilisant des militants subversifs appelés A5, membres d’un service interne de la sécurité. Le secrétaire permanent sortant, a-t-on renseigné, a instrumentalisé ces A5 pour occuper d’une façon illégale la permanence du parti depuis la nomination de Makiashi par le Patriarche. L’état de siège a duré 22 jours. Et le 30 novembre, jour prévu pour la remise-reprise, elle a foutu le bordel avant de s’en aller. Venus dans la matinée de samedi pour assister à la cérémonie, des militants Gizengistes ont été pris en otage par les fameux A5, qui ont ensuite bloqué l’entrée de la permanence afin que plus personne
n’entre ni ne sorte.
Après 9 heures, les premières vagues des militants venant du Pont Matete se dirigent vers le seuil du siège du PALU. Ils sont violemment attaqués par les insurgés pro-Kawanda qui se sont saisis de l’un d’entre eux. «Ils l’ont sauvagement tabassé et l’ont ensuite laissé pour mort», raconte une dame qui habite dans le voisinage. S’en est suivi des jets de
pierre entre militants PALU et A5. Les éléments de la Police nationale venus pour intervenir ont été contraints d’appeler du renfort après avoir été malmenés et perdu une arme en faveur des émeutiers. Pierres servant à la modernisation du Boulevard Lumumba, bâtons, sables, cocktails Molotov, … tout faisait l’affaire.
On se serait cru à l’époque de Pierre Mulele. Sous la pression de la Police qui a tiré quelques coups de feu, la petite rébellion de Kawanda s’est retranchée dans l’enceinte de la permanence. Mais elle ne désarme pas pour autant. Les jets de pierre et autres projectiles se sont poursuivis. Et les forces de l’ordre répondent cette fois-là par du gaz lacrymogène. Au bout des quelques minutes, la bande à Kawanda est mise hors d’état de nuire. Mais à la fouille des leurs antres, la Police découvre des armes à feu, des produits inflammables qui, soutient-on, étaient destinés à incendier le siège du Parti lumumbiste unifié et une bonne quantité des drogues dont du chanvre.
«Pendant près d’une heure, il a régné une ambiance infernale ici. J’ai encore les yeux rouges, voyez comme mes habits sont devenus sales, j’ai été frappé par les A5», témoigne un partisan qui vraisemblablement peinait encore à se remettre de ce qu’il avait vécu. Le nouveau secrétaire permanent, dans un communiqué de presse du 30 novembre 2013, donne un bilan d’une personne tuée et des plusieurs blessés graves parmi lesquels un policier, qui ont été acheminés au centre de santé AKRAM.
A quoi avait pensé Kawanda? La question mérite bien d’être posée. A en juger par l’architecture du PALU, son entêtement à garder le secrétariat permanent n’aurait donné aucun résultat qui lui aurait été bénéfique, estiment des analystes, à moins que le but poursuivi par ce manquement aux instructions du Patriarche et pire encore, aux statuts du parti, soit simplement de démystifier Antoine Gizenga. Même là, l’entreprise de Kawanda s’avère être des plus irréfléchies. Une bêtise.
Hugo-Robert MABIALA