C’était chaud. Mardi au Conseil des droits de l’homme de l’ONU à Genève, le monde a vécu en direct les tirs croisés, autour de l’agression de la République Démocratique du Congo par le Rwanda, entre le ministre RD-congolais de la Communication et médias Patrick Muyaya et le représentant du Rwanda, à l’avantage du premier et du pays entier. «Dans cette agression, des écoles sont prises pour cibles par l’armée rwandaise. Il y a des violences sur les femmes et les enfants», a accusé le ministre de la Communication et des médias, épinglant les violations massives des droits de l’homme à charge de Kigali, provoquant des réactions du représentant du Rwanda acculé par des preuves, affirmant surtout que les violences commises dans l’Est, cesseraient dès que les troupes rwandaises se seraient retirées du territoire de la République Démocratique du Congo.
Le délégué de Paul Kagame a tout fait pour interrompre l’intervention du porte-parole du gouvernement de la RD-Congo à deux reprises mais c’était sans compter avec la détermination du ministre de Tshisekedi de le malmener et l’étrier.
Faisant montre d’une pugnacité et d’une fougue sans pareilles, Muyaya a poursuivi dans son offensive, faisant part au monde, en direct, de la responsabilité du Rwanda dans les viols massifs des droits de l’homme en République Démocratique du Congo. Depuis le début de l’année 2024, plus de 738.000 personnes se sont nouvellement déplacées sur le territoire de la République Démocratique du Congo portant le total à environ 7,2 millions de déplacés. Les femmes représentent 51% de la population déplacée. Plus de 80% des déplacements sont dus aux attaques et affrontements armés du fait du Rwanda.
«Pour que la paix puisse être restaurée rapidement dans la partie Est de la République Démocratique du Congo, parce que quand nous aurons la paix, nous serons en mesure de nous assurer que tous les engagements pris en termes de protection des enfants, notamment leur accès à l’école; en termes de protection des femmes, en termes de protection des jeunes filles, sont tenus parce que c’est la paix qui facilite toutes ces choses et la bonne solution serait pour toutes ces populations de retourner dans leurs territoires d’origine», a tapé Muyaya.
Puis: «Nous sommes à Genève parce qu’on a aussi parlé de la problématique des réfugiés. D’abord, s’il faut faire un rappel historique, nous comptons plus des réfugiés de l’autre pays que nous n’en comptons chez eux. Mais si nous voulons que ces réfugiés puissent revenir en RDC, il faut bien qu’il y ait un cadre des discussions. Je pense que le cadre a été trouvé ici à Genève. Des délégations du gouvernement de la RDC et des autres gouvernements se sont réunis autour du Haut-Commissaire pour voir dans quelle mesure le processus du retour volontaire des réfugiés peut s’élargir».
Puis encore: «Aujourd’hui, monsieur le vice-président, pour être sûr que la République démocratique du Congo a fait sa part, le processus suit son cours, mais comment pensez-vous demander aux compatriotes de retourner dans leurs territoires qui sont aujourd’hui encore sous les bruits des bottes? On ne peut pas, encore que le retour s’est fait sur base volontaire, on ne peut pas retourner volontairement dans une zone où la sécurité continue de diminuer. Ici, c’est pour vous dire que lorsque nous aurons réussi à restaurer la paix, les autres questions se règleront de manière progressive. Il y a un point important sur lequel nous devons revenir, parce que comme vous le savez, la République démocratique du Congo est aujourd’hui présentée comme un pays-solution. Nous avons l’un des parcs les plus grands du monde, le Parc de Virunga, qui, aujourd’hui subit des pressions de tous genres, notamment du fait de la déforestation, notamment du fait de la pression entre les populations qui sont obligées de vivre, et du fait aussi que si, comme on dit des choses clairement, c’est aussi l’un des points où les violences sont les plus inhumaines».
Pour une question qui concerne la protection de l’humanité, le porte-parole du gouvernement de la République Démocratique du Congo a souligné le besoin du concours de tous les États soucieux de voir ce grand pays d’Afrique porter la situation des droits de l’homme, avec des effets contagions dans la région, pour le retour de la paix.
Le ministre de la Communication et Médias est formel: tout passerait autrement si le Rwanda avait ses troupes sorties du territoire de la République Démocratique du Congo.