
Le ministère des Finances au cœur du scandale: plus 500.000 dollars destinés aux victimes des inondations à Basankusu ont pris la direction du code Comptable du Cabinet du ministre Kazadi alors que le vrai destinataire, le Comptable des Affaires humanitaires, n’a vu que du feu… Les informations obtenues de la Banque centrale par Mutinga ne lui laissent aucun doute et le poussent à bousculer son collègue alors que le député élu de Basankusu, Sam Bokolombe attaque en Justice…
L’information fait grand bruit depuis mercredi dernier. Une lettre du ministre des Affaires sociales et humanitaires, Modeste Mutinga, adressée à son collègue en charge des Finances, Nicolas Kazadi, et balancée dans les médias, a attisé le feu en révélant la difficulté pour le premier d’assurer la «traçabilité» de cette somme disparue ou détournée -c’est selon. Plutôt que d’être payé au ministère des Affaires sociales, cet argent aurait été touché par le code comptable 0536 du cabinet du ministre des Finances, renseigne la correspondance de Mutinga du 16 mai dernier destinée à Kazadi. Comment en est-on arrivé-là? En effet, l’affaire remonte à janvier 2023 quand le ministre des Affaires sociales a sollicité une «assistance humanitaire d’urgence» au bénéfice des sinistrés lors des inondations ayant frappé le territoire de Basankusu, dans la province de l’Equateur.
«En date du 17 mars 2023, un montant de 307.500.000 francs congolais sur le total de 1.436.780.000 francs congolais a été payé au code comptable 0567 de mon cabinet suivant la lettre n°0436», a relevé Mutinga dans la même correspondance.
Et de révéler: «les informations de la Banque centrale du Congo -BCC- nous renseignent que les Ordres de paiement informatisé -OPI- 1505983 et 1505984 ont été déjà payés sans que notre comptable n’ait touché le solde du montant demandé, soit 1.129.280.000 FC. Cette différence aurait été touchée par le code comptable 0536 de votre cabinet».
Bénéficiaire de ce paiement, Nicolas Kazadi n’a jamais pipé mot au sujet de ce transfert au bénéfice des comptes de son ministère. Pourquoi? Ni le conditionnel employé par euphémisme par Mutinga moins encore sa rédaction pleine de révérence n’ont pu freiner les ressortissants de l’Equateur qui ont multiplié des actions en vue de rétablir les sinistrés de ces inondations dans leur droit. L’un d’entre eux, le député Sam Bokolombe, a déjà saisi le Procureur de la République près le Tribunal de grande instance de Kinshasa-Gombe en vue de lui transmettre cette «information sur le détournement des fonds alloués aux sinistrés de Basankusu».
«La gravité des faits et le trouble de l’ordre public qu’ils causent, rendent indispensable l’action du Parquet aux fins d’établir les responsabilités et appliquer la loi aux auteurs», a-t-il écrit dans sa lettre au procureur, tout en le priant de traiter l’affaire avec «urgence». Ce à quoi s’attendent également d’autres ressortissants de l’Equateur, des jeunes notamment, qui se sont exprimés par la bouche de Joëlle Ilengila sur les ondes de «Top Congo».
«Nous demandons aux autorités de traiter ce dossier dans la droiture et transparence et exigeons des sanctions contre les auteurs de ce détournement. Nous exigeons que la somme détournée puisse être retournée aux sinistrés», a-t-elle martelé, non sans solliciter l’implication du Chef de l’Etat Félix-Antoine Tshisekedi et de l’Inspection générale des finances -IGF.


A l’instar de Joëlle Ilengila, Modeste Mutinga n’y est pas allé par le dos de la cuillère pour exiger, à son tour, que Nicolas Kazadi puisse «ordonner ce transfert» en faveur du ministère des Affaires sociales. Voici comment l’argentier national s’est retrouvé dans de beaux draps après avoir encaissé, dans le silence total, une importante somme d’argent devant servir à une cause humanitaire. La traçabilité de cette somme pose déjà problème et pousse à croire au prolongement de la misère de ces sinistrés qui, depuis des mois, n’attendent que ça pour soulager tant soit peu leur calvaire. Avons-nous encore un cœur qui sait compatir?
Natine K.