Comme le Président de son parti Scode, Jean-Claude Muyambo, le vice-président Cyrille Doee Mumpapa a aussi porté plainte contre, non pas l’ANR, non pas la PNC, moins encore l’État Congolais, mais contre la personne de l’AG honoraire de l’ANR, Kalev Mutondo. Problème: sa deuxième plainte, rédigée par lui le 19 janvier 2021 à Lubumbashi et transmise au Parquet général près la Cour d’appel de Kinshasa/Gombe le 21 janvier 2021, relate une version quasi différente de celle contenue dans sa première plainte, inspirée par son propre récit et rédigée par le cabinet Kapiamba, datée du 25 janvier 2016 et transmise au Parquet général près la Cour suprême de justice le 06 février 2016…
AfricaNews a promis de poursuivre ses investigations sur la série de plaintes initiées contre Kalev Mutondo, administrateur général honoraire de l’Agence nationale de renseignements -ANR. La Rédaction s’est concentrée cette fois-ci sur l’action de Cyrille Doee Mumpapa, vice-président de SCODE, la formation politique de Jean-Claude Muyambo. Elle a eu accès à toutes les deux plaintes transmises au Parquet général par sieur Mumpapa. Elle a pu y déceler cinq oublis, cinq incohérences dont le second de Muyambo se rend coupable. Par une nouvelle plainte qu’il a écrite de sa propre main le 19 janvier 2020 à Lubumbashi et qu’il a déposée plus d’une année après, soit le 21 janvier 2021, auprès du Parquet Général près la Cour d’appel de Kinshasa/Gombe, l’homme qui poursuit Kalev Mutondo en même que Jean-Claude Muyambo, a aussi livré une nouvelle version des faits au Procureur général de la République.
Dans cette nouvelle livraison, Mumpapa affirme avoir été arrêté par la Police nationale congolaise -PNC- le 19 janvier 2015 en pleine manifestation contre la révision de la Loi électorale. Mais il dit que, sur ordre de Kalev Mutondo, la Police, au lieu de l’amener au Parquet, l’a «directement conduit à l’ANR», où il est resté pendant six mois avant d’être transféré à la Prison centrale de Makala, d’où le Tribunal de grande instance de Kinshasa/Kalamu l’a acquitté. Le plaignant cite sans ambages le nom du service qui l’a cueilli ce jour-là: la PNC! Il met cependant cette «arrestation arbitraire» sur le dos de l’AG honoraire de l’ANR, présenté comme donneur d’ordre. Le mot «directement» est repris dans la plainte consultée. Première incohérence.
Puis, Cyrille Doee Mumpapa, manifestement sous pression des manipulateurs, oublie qu’il avait fait une autre plainte en janvier 2016, qu’il a déposée au Parquet Général de la République près la Cour suprême de justice le 6 février 2016 par les soins du cabinet de Maître Georges Kapiamba Kapiamba. Cette précédente plainte date du 25 janvier 2016 et porte le numéro 002/CAB/BM/2016. De son propre récit fait au cabinet de Maître Georges Kapiamba, Mumpapa avait déjà parlé de la Police comme service qui l’avait arrêté le 19 janvier 2015 au niveau du Rond-point Victoire, Place Station Engen. Il y dit que la Police l’a déposé au bureau de la PNC commune de Kalamu. Ça fait deux oublis.
Mumpapa perd aussi de vue que dans son récit au Cabinet Kapiamba, il avait dit que de la PNC de la Commune de Kalamu, il a été acheminé à l’IPKIN, le commissariat provincial de la Police ville de Kinshasa. Ça fait trois oublis.
Mumpapa omet aussi d’épingler que dans le même récit à son conseil contenu dans la plainte du 25 janvier 2016, il avait déclaré que de l’IPKIN il a été transféré à la Direction des renseignements généraux de la Police où, d’après son propre aveu, il a passé dix jours. C’est le quatrième oubli.
L’accusateur de Kalev oublie, enfin et c’est le cinquième de la série, avoir rapporté que de la Direction des renseignements généraux de la Police il a été conduit le 29 janvier 2015 à la Commission des Officiers de police judiciaire -OPJ- de tous les services d’Ordre, de Sécurité et de Défense de la République Démocratique du Congo, qui siégeait à l’ANR à 3Z, au Département de la sécurité intérieure de l’ANR, en face de la Primature. Dans cette même plainte, il déclare avoir été détenu chez les OPJ interservices du 29 janvier 2015 au 25 juin 2015, jour de son transfèrement par la PNC au Parquet Général près la Cour d’appel de Kinshasa Gombe, qui l’a écroué par un mandat d’arrêt provisoire à la Prison centrale de Makala.
Dans cette même plainte du 25 janvier 2015, Mumpapa et le cabinet Kapiamba précisent les infractions retenues contre le vice-président de SCODE par le Parquet Général de Kinshasa/Gombe: «atteinte à la sûreté de l’État et incitation au soulèvement populaire».
Dans le même document, Mumpapa et le cabinet Kapiamba donnent une autre précision selon laquelle le Parquet Général de Kinshasa/Gombe a fait fixer le dossier de l’accusé au Tribunal de grande instance de Kinshasa/Kalamu.
Renseignements contradictoires au Parquet!
Les 5 contradictions recensées dans la dernière plainte appellent logiquement deux questions. La première consiste de savoir laquelle de deux plaintes a trompé le Parquet. Celle du 21 janvier 2021 déposée au Parquet Général près la Cour d’appel de Kinshasa/Gombe, où Mumpapa dit que la Police l’avait arrêté en pleine manifestation et amené directement à l’ANR sur instruction de Kalev? Ou celle reçue au Parquet Général de la République près la Cour suprême de justice le 6 février 2016, dans laquelle le vice-président du parti de Muyambo et son conseil, le Cabinet Kapiamba, soutiennent qu’il a été arrêté par la PNC au niveau du Rond-point Victoire, Place Station Engen, et acheminé au bureau de la PNC commune de Kalamu, puis à l’IPKIN et, enfin, à la Direction des renseignements généraux de la Police où il avait passé dix jours?
La deuxième question est que, dans tous les deux récits antinomiques, à quel niveau peut-on situer la responsabilité de la personne de l’AG honoraire de l’ANR Kalev Mutondo?
«L’opinion va se rendre compte de l’apparition de ces plaignants d’un genre apparemment nouveau. Lorsque Jean-Claude Muyambo affirme avoir été arrêté par la Police conjointement avec la Garde Républicaine ou lorsque Mumpapa reconnait avoir été appréhendé par la Police de la commune de Kalamu, qui l’a amené vers sa hiérarchie à la direction provinciale à l’IPKIN, laquelle l’a mis à la disposition des renseignements généraux, c’est la personne de Kalev qui doit, à leurs yeux, rendre compte de tout ça. Pas la Police ou l’ANR comme institutions», s’amuse à dire un chroniqueur judiciaire. Pertinent. Très pertinent même.
Tous ces oublis vraisemblablement manifestes et délibérés de la plainte de janvier 2021, qui contredisent les faits relatés dans la plainte de janvier 2016, ne risquent-ils pas de faire croire au public qu’il y a une seule et même main noire qui serait en train de manipuler tous ces plaignants qui s’annoncent en cascades en 2021, en utilisant au maximum les réseaux sociaux? Amusant de rechercher ce héros dans l’ombre et ses véritables motivations. Surtout intéressant de savoir pourquoi c’est seulement l’AG honoraire de l’ANR Kalev Mutondo que ces multiples plaignants poursuivent en justice et non les services d’Ordre, de Sécurité et de Défense de l’État Congolais que eux-mêmes citent comme auteurs de leur arrestation. Il y a, enfin, lieu de se demander d’entre ces multiples plaintes aux versions variées et opposées, rédigées par les mêmes plaignants, quelles sont celles qui ont délibérément choisi de tromper le Parquet ou de lui communiquer des renseignements farcis des versions qui se contredisent.
Natine K.