François Rubota, ancien ministre du Développement rural, et Mike Kasenga, patron du consortium Stever Construct, ont été transférés à la Prison centrale de Makala jeudi 27 juin en début de soirée. Inculpés et placés en détention provisoire, les deux hommes sont cités dans une affaire de surfacturation des marchés publics en RD-Congo. La décision prise par l’office du Procureur général près la Cour de cassation, Firmin Mvonde, a été confirmée par plusieurs médias citant des sources judiciaires.
Avec l’ancien ministre des Finances, Nicolas Kazadi, devenu député national, les deux «mappés» faisaient depuis quelques semaines l’objet d’une mesure d’interdiction de quitter le territoire national. Ce jeudi, des sources judiciaires ont également confirmé aux médias l’audition de l’ancien argentier national. Selon des indiscretions, la mise sous détention provisoire de ces deux personnalités découle des rapports des missions diligentées par le PG. En avril dernier, Mvonde avait chargé le Bureau technique de coordination -BTC-, après ouverture d’une instruction judiciaire, de se rendre au siège du consortium Stever Construct afin de se faire communiquer «les adresses où sont installés et/ou construits les ouvrages vantés». Les missionnaires devraient également «évaluer le coût au cas par cas». Déjà, la Société civile avait levé un pan du voile dans cette affaire en dénonçant un prix unique pour des stations de débits différents: 2,5; 5 et 10 mètres cubes par heure.
Dans la suite du dossier, le PG a sollicité et obtenu de l’Assemblée nationale l’autorisation de l’instruction du député Nicolas Kazadi. Avec l’incarcération de ces deux maillons de la chaine, une autre demande du PG pour solliciter, cette fois-ci, la levée des immunités de l’élu de Miabi est «question de temps».
Dans son précédent réquisitoire à la Chambre basse du Parlement, le PG a notamment fait mention d’un «marché forfaitaire» avec un coût «très élevé». Mvonde a rappelé à l’Assemblée nationale que Nicolas Kazadi a, malgré le constat de surfacturation, reconnu «avoir payé la somme de 71 millions d’USD pour l’installation de 241 stations d’eau, soit 294.605,8 USD par forage, apparemment en l’absence de tout élément d’évaluation technique pouvant lui permettre de connaitre le coût réel de chaque station d’eau».
Pour le Parquet, il ne fait l’ombre d’aucun doute que «les faits tels qu’exposés paraissent constitutifs de l’infraction de détournement des deniers publics prévue et punie par l’article 145 du code pénal congolais livre II».