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Au Congrès d’Ensemble pour la République, Katumbi officialise sa candidature à la présidentielle de 2023, il se pose en homme d’actions

À 57 ans, Moïse Katumbi, riche homme d’affaires et ancien gouverneur de l’ex-province du Katanga contraint à l’exil politique en 2015, a rebondi après son départ de l’Union sacrée et soumis sa candidature à la présidentielle de 2023 à son parti, Ensemble pour la République, réuni en Congrès à Lubumbashi du 20 au 22 décembre. Devant des invités triés sur le volet et des centaines de délégués venus de toutes les 26 provinces du pays ainsi que de la diaspora, MCK s’est posé en homme d’actions, mettant en avant son méga programme destiné à reconstruire l’armée, assainir le climat des affaires et des investissements, développer le tourisme et refaire les infrastructures, créer les emplois est sortir les RD-Congolais de la pauvreté devenue une honte, bâtir un État juste, une République exemplaire où chacun pourra vivre en sécurité et dans la dignité, par le fruit de son travail…

Sous l’imposante tante montée au QG du parti, le discours du Chairman a conduit à des scènes de joie. Affichant un large sourire, les militants présents ont scandé en chœur: «Eh Moïse tala ndenge obuki béton». Traduction: «Moïse, voilà comment tu as démoli le béton».

«Béton», c’est le surnom donné à l’ex-allié Félix Tshisekedi depuis 2019, peu après son accession à la magistrature suprême. Ce surnom a pris de l’envergure quand, renforcé entre autres par Katumbi et son clan, Tshisekedi a réussi à mettre un terme à la coalition FCC-CACH et créer l’Union sacrée. Mais le courant ne passe plus entre les deux depuis des mois.

Le ras-le-bol

Le 16 décembre, Katumbi a ouvertement accusé le régime du second de lui avoir refusé via l’Agence nationale de renseignement -ANR- l’autorisation de survol, avant de quitter le pays par la frontière zambienne à Mokambo. C’était le ras-le-bol. Lundi 19 décembre, il a pu regagner Lubumbashi, dans sa base électorale du Grand Katanga, en passant par les installations de la MONUSCO. Dans la foulée, les nouvelles sur l’arrestation du chef de la sécurité de la Régie des voies aériennes -RVA- à l’aéroport de la Luano, Louis Kafindo «pour avoir laissé accéder au tarmac les journalistes venus constater l’atterrissage de Katumbi», ont abondamment été relayées dans les réseaux sociaux.

La rivalité entre Tshisekedi et Katumbi est aujourd’hui symbolisée par les charges portées par la Société civile contre des collaborateurs du président de la République, accusés de vouloir instrumentaliser la justice pour obtenir la condamnation de l’ancien gouverneur dans le litige qui l’oppose depuis des années à Pascal Beveraggi, pourtant déjà tranché par la Cour d’appel de Paris au profit du candidat dEnsemble pour la République.

Président du Tribunal de commerce de Lubumbashi, le juge Laurent Batubenga Ilunga a confirmé cette instrumentalisation avant de rendre sa démission au président Tshisekedi, disant recevoir, depuis les dernières nominations dans la magistrature, fin juillet, par des personnes interposées, des pressions de la part de Peter Kazadi, un des cadres du parti présidentiel, lui demandant de prendre des décisions judiciaires contre Katumbi et ainsi lui «priver» des ressources financières pour la campagne.

Dans sa lettre de démission, le juge Batubenga a aussi évoqué l’existence d’une convocation lui adressée par Jean-Claude Bukasa, le Conseiller spécial en matière de sécurité du président Tshisekedi. Les appels des ONG à sanctionner ces collaborateurs du Chef de l’Etat cités tant par la Société civile que le juge Batubenga sont restés sans suite.

Autre fait susceptible d’envenimer le conflit entre les deux anciens compagnons: le dangereux et clivant débat sur la nationalité de Katumbi, relancé par le député Union sacrée Jean-Baudoin Mayo, visiblement avec l’objectif de l’écarter de la compétition électorale dans le contexte de guerre d’agression dans l’Est et des violences meurtrières entre les communautés Teke et Yaka à l’Ouest du pays.

Confiant mais prêt à bondir avec toute sa légion, à travers tout le pays, contre quiconque serait tenté d’anéantir sa candidature cette fois-ci, Katumbi a cependant demandé aux cadres de sa formation de privilégier la paix et la cohésion nationale.

«Katumbi avait déjà participé à trois élections en 2006, organisées sur base de la même Constitution que certains sont tentés de violer, et les avait toutes gagnées», a rappelé un observateur averti. 


Discours du président Moïse Katumbi à l’ouverture de la convention de Ensemble pour la République

Lubumbashi, 20 décembre 2022

Distingués invités en vos titres et qualités respectifs, Chers frères et sœurs,

Je voudrais avant toute chose vous souhaiter la bienvenue et vous remercier pour votre participation que nous voulons tous active à ces assises. J’aimerais ensuite que nous ayons une pensée pieuse pour certains de nos leaders qui nous ont quittés et qui sont dans le repos éternel. J’ai cité monsieur le grand frère Charles Mwando Nsimba, Pierre Lumbi Okongo, Gabriel Kyungu wa Kumwanza, le docteur Apalata, Guilbert Paul Yav Tshibal, Madame Espérance Hendwa, Homère Badiabale et bien d’autres que je n’ai pas cités.

Que l’Eternel daigne accueillir dans son royaume tous nos frères et sœurs décédés dans les inondations à Kinshasa ainsi que ceux qui ont perdu la vie suite aux agressions armées à l’Est de notre pays, a Kwamout et partout ailleurs. Je vous prie d’observer une minute de silence en leur mémoire. Merci. Je pense également à tous nos compatriotes qui vivent dans l’errance et qui doivent affronter les dures réalités des déplacements massifs et forcés ainsi que les camps de déplacés. C’est pour moi aussi une occasion d’inviter le gouvernement de la République et de solliciter la Communauté Internationale de s’impliquer pour soulager tant soit peu leur misère.

Je profite également de cette opportunité pour vous demander de mettre constamment en prière tous nos frères et sœurs qui sont tombés au front dans le combat pour la Démocratie ou qui sont aujourd’hui injustement privés de leur liberté pour leur opinion politique.

La convention de notre parti qui se tient à Lubumbashi et se clôturera le 22 décembre de cette année va se pencher sur les défis majeurs à relever dans le cadre de notre parti. Dans cet esprit je vous prierai de privilégier l’unité et la cohésion nationale.

Des efforts doivent être conjugués pour lutter contre les antivaleurs, privilégier la bonne gouvernance, ainsi nous pourrions arriver à bouter l’ennemi dehors et à mettre fin à la guerre d’agression dont notre pays est victime. Nous avons tous besoin de la paix et de la tranquillité afin de nous consacrer au développement de notre pays et à l’amélioration du vécu quotidien de notre population.

Distingués invités. Chers frères et sœurs,

Avant de laisser le soin au Secrétaire Général de nous entretenir sur l’agenda de nos travaux, conformément à nos statuts, je voudrais néanmoins comme suite à mon interview sur RFI et France 24 vous faire part de mon intention de me présenter comme candidat à la Présidence de la République lors des prochaines échéances électorales. Je me soumets pour ce faire à votre décision.

J’estime néanmoins que je ne peux vous demander de m’accompagner dans ma démarche électorale sans vous en donner les motivations.

En effet, l’Éternel nous a donné un pays merveilleux où il devait faire bon vivre, mais suite à nos propres turpitudes, à notre égoïsme et à notre cupidité, nous en avons fait un enfer sur terre. Aussi, voudrais-je avec votre contribution me présenter à la magistrature suprême pour réinstaurer la paix sur toute l’étendue du pays, bâtir un vrai État de Droit. une République exemplaire où chacun pourra vivre en sécurité et dans la dignité, par le fruit de son travail.

Avec votre appui, je peux apporter ce souffle qui manque à notre pays. Ma vision est la vôtre. Mon ambition est celle de rendre les Congolais fiers de leur pays, d’offrir à la jeunesse de réelles perspectives d’avenir et à nos familles des conditions de vie dignes. Je veux que la femme congolaise prenne toute sa part au développement du pays et dans la gestion des affaires publiques. Elle y a droit. Sa présence constitue une richesse dont on ne peut se passer. Tout en veillant à protéger notre environnement, je veux faire de l’agriculture et des mines, une source d’emplois et de développement. La sécurité revenue, le climat des affaires et des investissements assaini, je mettrai un point d’honneur à développer le tourisme afin que le monde entier accède aux sites les plus extraordinaires dont regorge notre pays avec des retombées économiques significatives en termes d’emplois. Je veillerai à ce que nos richesses culturelles, nos artistes et nos sportifs soient reconnus. Jadis ils étaient nos grands ambassadeurs. Ils doivent retrouver toute leur place. Le génie congolais sera valorisé.

Chers frères et sœurs,

Je suis un homme d’action. Je ne voudrais pas que mon discours s’éternise. Je vous prie de vous impliquer totalement dans les travaux et vous souhaite à vous et à tous ceux qui vous sont chers une bonne et heureuse année 2023. Et en ce 20 décembre, date de la troisième année d’existence de notre Parti, un Joyeux Anniversaire!

Sur ce, je déclare ouverte la Convention de notre Parti.

Ensemble nous vaincrons !

Que Vive la République Démocratique du Congo!

Que Vive Ensemble pour la République !

Je vous remercie.

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