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Alpha Condé refuse d’enterrer Nsafu, sujet RD-congolais tué par son cortège à Conakry

Pour le moment, le vice-ministre des RD-Congolais de l’étranger sollicite auprès du ministre d’Etat en charge du Budget, Pierre Kangudia, de mettre à la disposition de la famille du défunt une indemnité forfaitaire de USD 13.000 dans le cadre d’une assistance humanitaire urgente, juste pour organiser les obsèques en attendant que le Président guinéen puisse agir.  

 
C’est regrettable et inhumain, le comportement affiché par Alpha Condé à l’égard d’un sujet RD-congolais travaillant en Guinée, percuté et tué à la suite d’un accident causé par le cortège du président guinéen. Nestor Nsafu travaillait en Guinée pour le compte de la société E2C Electricité Générale, spécialisée dans les études, l’installation, le suivi, le contrôle et la maintenance.
Selon les correspondances officielles auxquelles AfricaNews a eu accès, la mort violente des suites des blessures occasionnées par l’accident de circulation survenu à Madina, à Conakry, le 22 décembre 2017 et dans lequel était impliqué un véhicule du ministère de la Sécurité et protection civile faisant partie du cortège présidentiel guinéen est prouvé. Le ministre guinéen de la Sécurité et de la Protection civile, Me Abdoul Kabèlè Camara, a personnellement alerté le président Alpha Condé dans un courrier daté du 15 février 2018, près de deux mois après l’irréparable. «J’ai l’honneur de vous informer qu’un ressortissant congolais, Nestor Nsafu employé d’une société de la place, a trouvé la mort sur le territoire guinéen par suite d’accident de la circulation», écrit le ministre au Chef de l’Etat guinéen avant de poursuivre, évoquant les termes du rapport médico-légal établi par le médecin légiste de Donka: «Monsieur Nestor Nsafu a été victime d’une mort violente des suites des blessures occasionnées par l’accident de la circulation survenu le 22 décembre 2017 à Madina et dans lequel se trouvait impliqué un véhicule du ministère de la sécurité et de la protection civile».
Et de poursuivre: «Aussitôt informé, nous avons procédé au dépôt du corps de la victime à la morgue de l’hôpital Ignace-Deen et donné des instructions aux services compétents de notre Département en vue de l’établissement d’un rapport médico-légal, d’un rapport de Police sur les circonstances de l’accident assorti d’un constat d’accident rédigé par un officier assermenté. Ces divers documents ont été régulièrement transmis à l’Ambassade du Congo en République de Guinée à travers le ministère des Affaires étrangères et des guinéens de l’étranger».
Puis: «Aussi, une délégation, composée des cadres du ministère de la Sécurité et de la protection civile et du ministère des Affaires étrangères, s’est transportée à l’ambassade du Congo en vue de la présentation des condoléances à la famille de la victime et au peuple congolais au nom de notre gouvernement».
Me Abdoul Kabèlè Camara a informé son président que les autorités RD-congolaises et la famille de la victime demandent non seulement le rapatriement du corps vers son pays d’origine mais aussi l’allocation d’une indemnité forfaitaire à la famille éplorée, prête de venir en Guinée avec un avocat.
«Voilà pourquoi nous vous transmettons toute la documentation sur les circonstances de l’accident et sollicitons auprès de vous la prise des dispositions utiles en vue du rapatriement du corps et de l’allocation d’une indemnité forfaitaire à la famille du défunt», a proposé le ministre Guinéen de la Sécurité.
Alpha Condé n’a pas fait les choses dans le sens souhaité par son propre ministre. Les restes de Nestor Nsafu ont été rapatriés sans cette indemnité. Le corps est jusqu’ici gardé à la morgue du Centre hospitalier Roi Baudouin, dans la commune de Masina, et n’est pas encore enterré faute des moyens. En dépit du caractère «urgent» marqué au point supérieur gauche de la correspondance lui transmise par le ministre d’Etat en charge de la Sécurité et protection civile, le président guinéen a gardé un silence de mort, au grand désarroi de la famille démunie de la victime.
Le gouvernement RD-congolais a réagi. Le vice-ministre des RD-Congolais de l’étranger, Emmanuel Ilunga, a écrit au ministre d’Etat au Budget en rapport avec ce dossier afin qu’il mette à la disposition de la famille de la victime d’un fond nécessaire.
«J’ai l’honneur d’approcher votre autorité pour solliciter une mise à disposition  de fonds d’un montant d’USD 13000 -treize mille dollars américains- dans le cadre d’une assistance humanitaire en faveur de la famille Landu Nsafu», a-t-il écrit depuis le 7 mai 2018.
«Faute de prise en charge conséquente, la famille Nsafu a écrit à Son Excellence Monsieur le Président de la République pour solliciter cet appui en vue d’organiser les obsèques de leur fils qui a perdu sa vie après avoir été percuté par le cortège du Président guinéen, Son Excellence Monsieur Alpha Condé, qui n’a pas encore réagi», a ajouté Emmanuel Ilunga, estimant que «ceci permettra à notre gouvernement de préserver les bons rapports d’amitié qu’entretiennent nos deux pays, en attendant la poursuite par la voie diplomatique des étapes indispensables pour la résolution de ce contentieux juridique». Une manière de couvrir l’insouciance et la négligence inexplicables affichées par le président Alpha Condé, visiblement sans cœur.
AKM
Octave MUKENDI

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