Raphaël Katebe Katoto, le frère ainé de l’opposant Moise Katumbi Chapwe, est rentré en République Démocratique du Congo mardi 21 février 2017 via l’aéroport international de N’Dijili, mettant ainsi fin à un exil long de 12 ans. Ce retour fait jaser tant la présence de Katebe bouleverse les calculs politiques, à en croire plusieurs analystes.
Arrivé en fin de journée à bord d’un jet privé, Katebe est retourné au pays après avoir affiché ses ambitions pour la Primature, au détriment de l’UDPS Félix Tshisekedi, fils de son ami Etienne Tshisekedi, désigné à ce poste par toutes les plateformes membres du Rassemblement, y compris l’Alternance pour la République -AR- et le G7, deux grands groupes politiques de soutien à la candidature à la présidentielle de son frère cadet Moïse Katumbi.
L’AR a beau annoncer la suspension de Katebe pour tenter de rassurer ses partenaires du Rassemblement, l’homme d’affaires ne s’avoue pas vaincu au point de chercher à porter ombrage à Moïse Katumbi, l’autre boss du Rassemblement aux côtés d’Etienne Tshisekedi.
Pendant que G7 et AR multiplient des réunions et peaufinent des stratégies pour faire de Katumbi l’autorité morale de cette plateforme en échange de la Primature laissée à l’UDPS, notamment à Félix Tshisekedi, on apprend que Katebe a amené dans sa mallette le projet de dédoublement du Rassemblement.
Selon nos informations, l’homme d’affaires compte pour ce faire s’appuyer sur son parti politique, l’Union des libéraux démocrates -ULD-, et certaines figures bien connues dans les milieux de l’Opposition. La récente bisbille à la Dynamique de l’Opposition, où s’affrontent désormais ouvertement deux factions antagonistes, tend à renforcer cette hypothèse.
«Au-delà de la lutte pour la direction du Comité des sages du Rassemblement, Joseph Olenghankoy, rangé derrière Raphaël Katebe, et Martin Fayulu, resté fidèle à Moïse Katumbi, doivent avoir levé l’option de se battre chacun pour son mentor», commente un cadre de l’Alternance pour la République, «déçu du manque d’élégance politique du frère ainé de l’ancien gouverneur de l’ex-Katanga» mais affirmant tout de suite que c’est de bonne guerre tant que le jeu se fait de manière loyale.
Si l’on doit se référer au nombre des signatures apposées sur les récents communiqués contradictoires de deux factions de la Dynamique de l’Opposition, on sait facilement identifier qui est derrière qui. Claudel-André Lubaya et Fabrice Puela soutiennent la candidature «dite de diversion» de Martin Fayulu alors que Gilbert Kiakwama, Ingele Ifoto, Heva Muakasa, Mme Lusamba Tatcher, Freddy Matungulu, Fiyou Ndondoboni, Emery Okundji, Lumeya Dhu Malegi ou Kutumisa Kiota sont favorables à Olenghankoy. Voici que Katebe et Olenghankoy se considèrent comme des compagnons légitimes de lutte de Tshisekedi.
Bien introduit dans les cercles politiques en Afrique sub-saharienne, comme à Luanda chez Edouardo dos Santos, Katebe osera-t-il franchir le Rubicon en convolant en justes noces avec Kabila, au point de frustrer son jeune frère dont il a pris la défense dans les affaires des présumés mercenaires et de spoliation immobilière?
Sans nul doute, Katebe ne manquera pas de répondre à cette interrogation qui taraude les esprits après les premiers contacts avec des proches et des hôtes partis l’accueillir mardi en présence des médias. Certainement que l’ex-RCD estime n’avoir rien à cacher.
YA KAKESA
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