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Affaire passeports: les têtes vont tomber

Un proche collaborateur du Président de la République, un haut
responsable de la sécurité, un Directeur général d’un Office public et
un vice-ministre soupçonnés d’être bénéficiaires des 60 USD prélevés
sur la vente de chaque passeport et versés sur le compte d’une
entreprise enregistrée à Dubaï
 
Selon une enquête menée par les confrères de l’agence Reuters, la
première au monde, le passeport RD-congolais, USD 185 voire plus, est
le plus cher du monde. Mais seulement, le Trésor public n’encaisse que
les 30% de cette somme, alors que le reste est partagé entre Semlex,
une entreprise belge, et LRPS, une société enregistrée aux Emirats
arabes unis. Un scandale dénoncé par les médias du monde entier qui
ont indexé non sans détour l’entourage immédiat du Président de la
République, Joseph Kabila. Ce qui scandalise encore plus, «ces
proches» qui empochent indûment l’argent des passeports chèrement
acquis par les citoyens dont le revenu moyen est en dessous du seuil
de pauvreté, ne déboursent aucun centime pour se procurer ce document
de voyage qu’ils ont le privilège de s’offrir gratuitement. Cela
s’appelle prédation! Dans les milieux des diplomates étrangers, ça se
parle et ça critique durement Kinshasa qui ne fait pas assez d’efforts
pour décourager ces pratiques qui ternissent l’image de tout un pays.
Dans la vente du passeport RD-congolais, officiellement fixé à USD
185, l’Etat ne bénéficie que d’USD 65. L’entreprise Semlex qui en
assure la fabrication encaisse USD 120 dont la moitié -60 USD- est
reversée sur le compte de LRPS, une entreprise enregistrée aux Emirats
arabes unis. Selon une source sûre, LRPS, enregistrée au nom de Makie
Wangoi Makolo, passeport N°0B0653315 délivré par l’ambassade de la
RD-Congo à Dar-Es-Salam le 23 juin 2014, regroupe tous les
négociateurs dans l’octroi sans appel d’offre du marché d’impression
des passeports à Semlex, qui se partagent donc le butin de 60 USD par
passeport, à multiplier par autant des millions de documents déjà
délivrés. Ces négociateurs, dont un proche collaborateur du Président
de la République, un haut responsable de la sécurité, un Directeur
général d’un Office récemment créé et le vice-ministre des Congolais
de l’étranger qui remplaçait le ministre des Affaires étrangères
empêché, s’étaient rendus début 2015 en Belgique afin d’y rencontrer
Albert Karaziwan, le boss de Semlex qui, selon une source proche de
l’ambassade RD-congolaise à Bruxelles, était venu personnellement
chercher ses hôtes à Zaventem au volant d’une Berline. Pris dans
l’embouteillage, le proche collaborateur du président de la
République, décrit par notre source comme lié aux Chinois, avait
manqué son vol SN Brussels en partance de Bruxelles cette soirée-là.
Au regard de l’urgence de la mission, il a dû sauter dans le prochain
vol d’Air France afin de rejoindre Bruxelles en passant par Paris.
C’est à cette occasion que le deal aurait été noué entre les deux
parties, avant d’être officialisé au mois de juin de la même année à
Kinshasa.
 
Karaziwan, roi de la corruption!
Selon une source proche du ministère des Affaires étrangères, le
Président de la République sur qui est jeté l’opprobre aujourd’hui a
été roulé dans la farine dans cette affaire. Comme souvent, la vérité
lui a été cachée. «Le Président aurait préféré que ce marché soit
octroyé à ZETES qui offrait mieux en matière de prix. D’après son
offre, le prix de revient du passeport ne dépassait pas USD 50. Même
si on exagérait, on allait donc pas dépasser le prix d’USD 120 par
passeport», cogne l’interlocuteur d’AfricaNews sous le sceau
d’anonymat. Hélas, tout le monde était préoccupé par ses intérêts
privés, certainement attiré par les faramineuses rétro commissions
promises par Karaziwan, réputé roi de corruption.
Dans les mêmes conditions, le ministre Mbote du Congo Brazzaville
avait perdu son poste, après s’être fait corrompre à Bruxelles par
Karaziwan dans le dossier d’octroi de carte d’identité aux
Brazza-congolais. En RD-Congo, l’un de ses complices présents à
Bruxelles lui aurait déjà garanti le marché d’octroi des cartes
d’identité après les opérations de recensement en cours.
Ami au Roi Albert des Belges, qui porte le même prénom que lui, Albert
Karaziwan, un Syrien d’origine a été introduit en RD-Congo par un
certain Mopop Mapela, qui serait neveu à Edouard Mokolo wa Pombo.
Nommé représentant de Semlex en RD-Congo, Mopop ne sait plus mettre
ses pieds à Kinshasa, menacé d’emprisonnement par un flic qui a pris
part au deal de Bruxelles pour avoir réclamé sa rémunération, signale
la source bruxelloise d’AfricaNews, qui révèle également que certains
marchés d’octroi de cartes de service biométriques dans certains
ministères sont désormais entre les mains du même Karaziwan et à des
prix exorbitants.
En dehors du scandale de Brazzaville qui a couté le poste au ministre
Mbote, Semlex s’est également vu chassé au Tchad pour des faits de
corruption généralisée. Alerté, Ali Bongo n’a pas voulu prendre le
risque. Il a tout de suite annulé le contrat Semlex au profit de
Gemalto, une entreprise française. Consul honoraire des Comores à
Bruxelles, Kazariwan règne en unique maitre sur ce pays où il possède
tous les marchés du biométrique. Et cela n’a jamais dérangé Didier
Reynders, vice-premier ministre belge des Affaires étrangères, qui
s’est toujours érigé en donneur des leçons de la bonne gouvernance en
RD-Congo.
Pire, le fait que Karaziwan soit impliqué dans l’affaire Marc Dutroux
n’émeut personne que ce soit en Belgique ou en RD-Congo où des marchés
évalués à des milliards de dollars lui sont indignement octroyés. Si
le Tchad, le Congo-Brazzaville et le Gabon ont pris leur courage pour
révoquer leurs collaborations avec cette entreprise de magouilles,
Kinshasa est aussi appelée à poser le même geste. Dans cette logique,
signale une source proche de la présidence de la République, des
grandes mesures sont attendues. En de deux ans de contrat avec la
RD-Congo, Karaziwan a déjà acquis un hôtel sur le boulevard du 30 juin
et deux immeubles dans l’environ du ministère de l’Enseignement
supérieur et universitaire.
YA KAKESA

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