
«Je n’ai jamais recruté des mercenaires», a martelé Katumbi, jeudi 5 mai à certains de ses proches et à Jeune Afrique avant de préciser que l’Américain Darryl Lewis, arrêté le 24 avril à Lubumbashi à la faveur du meeting dispersé à coup de gaz lacrymogènes à la Kenya puis transféré à Kinshasa, est le «seul expert étranger et non armé venu évaluer le dispositif sécuritaire de sa protection privée». Katumbi a également indiqué que tous les policiers jadis commis à sa sécurité ont été retirés après sa démission du PPRD et du poste de gouverneur du Katanga. Pour sa part, l’ambassade des Etats-Unis à Kinshasa a qualifié jeudi de «fausses allégations» les déclarations du ministre de la Justice Alexis Thambwe sur leur compatriote américain Darryl Lewis qui serait impliqué, selon le gouvernement RD-congolais, dans l’affaire des mercenaires qui seraient recrutés par Katumbi. «L’ambassade des Etats-Unis est profondément préoccupée par les fausses allégations qui auraient été faites pendant la conférence de presse du ministre de la Justice Alexis Thambwe Mwamba, le 4 mai. Nous sommes au courant de la détention le 24 avril d’un citoyen américain qui travaillait au Katanga comme conseiller en sécurité, M. Darryl Lewis n’était pas armé et les allégations selon lesquelles il était impliqué dans des activités mercenaires sont fausses. Nous comprenons qu’il travaille dans une société privée américaine qui fournit des services de consultation à des clients à travers le monde entier…», dément la chancellerie américaine à Kinshasa.
Alexis Thambwe Mwamba avait pourtant affirmé mercredi 4 mai détenir «la preuve documentée que plusieurs anciens militaires américains qui se trouvent actuellement au Katanga sont au service de M. Katumbi». On parle de 658 Américains entrés dans l’ex-Katanga depuis fin 2015. Le garde des sceaux de la RD-Congo annonçait par la même occasion avoir instruit le Procureur général de la République d’ouvrir un dossier judiciaire sur la situation dans l’ex-Katanga concernant notamment «plusieurs mercenaires qui seraient recrutés par Moise Katumbi». Le ministre a dit se baser sur un rapport de la Direction générale de migration -DGM- et des aveux des gardes du corps de l’ancien gouverneur de l’ex-Katanga.
Ce qui a interrogé et continue d’interroger Katumbi, curieux de savoir comment ces personnes seraient-elles entrées sur le territoire national sans que les services de sécurité RD-congolais ne s’en rendent compte et soupçonnant, à son tour, «des manœuvres du régime pour tenter de fabriquer de fausses preuves pouvant justifier» son «éventuelle arrestation». Ses proches redoutant que des armes soient placées dans les installations du stade de TP Mazembe, sevré de ses gardes «sommés de quitter les lieux depuis le 4 mai», selon Jeune Afrique.
Soudain, le candidat du G7 et de l’Alternance pour la République à la présidentielle prévue en novembre 2016 donne l’alerte jeudi via son compte Twitter: «Ma maison est encerclée depuis ce matin par la police. Pour m’arrêter. C’est la réponse de Kabila à ma candidature à la présidentielle. Quoi qu’il arrive, je maintiens ma candidature et reste ferme dans mon combat pacifique pour l’Etat de droit. La démocratie gagnera». Le message a été abondamment relayé dans les réseaux sociaux et les médias en ligne.
«Il n’y a ni mandat d’arrêt ni policiers autour de la résidence de Monsieur Katumbi. Pour l’heure aucune instruction n’a été donnée dans ce sens hormis celle d’ouvrir une enquête», a assuré jeudi à AfricaNews Lambert Mende, porte-parole du gouvernement de la RD-Congo. A l’en croire, Katumbi «recevra une invitation en bonne et due forme. Et le procureur pourrait décider d’un mandat s’il refusait de se présenter».
Mais dans un communiqué transmis à la presse jeudi soir, le bureau de Katumbi a avisé: «Aux alentours de 9 heures, des forces de police et de l’ANR ont encerclé la résidence de Moise Katumbi avec pour dessein de l’arrêter et de le conduire à Kinshasa afin de l’éloigner de sa base d’influence».
Puis: «Les forces de l’ordre ont fait plusieurs allers et retours avant de rebrousser chemin sous la pression de la MONUSCO qui a déployé un cordon de la sécurité autour de la résidence de Moise Katumbi. L’ambassade des Etats-Unis à Kinshasa a dénoncé avec force les fausses accusations dont Moise Katumbi fait l’objet par le biais d’un communiqué publié jeudi 5 mai».
Comme pour confirmer la situation d’insécurité dans laquelle vivrait Katumbi, plusieurs sources indépendantes ont publié des photos montrant au moins d’une jeep de la MONUSCO postée devant le domicile de Katumbi jeudi avant la tombée de la nuit.
YA KAKESA