L’affaire a fuité quand un haut responsable de l’administration des Sports a menacé de convoquer une conférence de presse en vue de pouvoir dénoncer le staff de l’organe faitier du football RD-congolais. Pour sa part, le ministre sortant des Sports, Willy Bakonga, accusé d’avoir reçu discrètement sa part, a dit attendre encore le rapport de la FECOFA concernant la prime de participation de l’équipe nationale à la 31ème édition de la Coupe d’Afrique des nations
Au scandale de la gestion opaque de l’avance de 223.000 Euros payée en décembre 2016 à la Fédération congolaise de football -FECOFA- par la Confédération africaine de football -CAF- en vue de financer la préparation des Léopards à la CAN 2017 jouée au Gabon succède celui du détournement de la solde d’environ 527.000 Euros récemment perçue par les dirigeants de la fédé. Ce montant a servi à compléter la prime de 750.000 Euros -800.000 dollars- accordée à l’équipe nationale qui a avait atteint l’étape des quarts de finale.
Les dotations de la CAF pour les équipes participant à la CAN 2017 ont sensiblement augmenté depuis la dernière édition. Les seize participants de la 31ème édition de la Coupe d’Afrique des nations ont été gâtés sur le plan financier puisque la Confédération africaine de football -CAN- a sensiblement augmenté les dotations des équipes pour le cycle 2017-2020. La période inclut les CAN 2017 et 2019, cette dernière programmée au Cameroun.
Au soir du 5 février 2017, le Cameroun, vainqueur du tournoi, a empoché 4 millions de dollars -3,8 millions d’euros-, contre 1,5 millions de dollars payés à la Côte d’Ivoire en 2015, soit une hausse de 166%! L’Egypte, malheureuse finaliste, s’est contenté, elle, de deux millions de dollars -1,9 million d’euro. Le Burkina Faso et le Ghana, les deux demi-finalistes perdants, qui se sont affrontés lors du match de classement la veille de la finale, ont touché chacun ce que gagnait le finaliste en 2015, soit 1,5 million de dollars -1.425 000 euros. Une enveloppe de 800.000 dollars -750.000 euros- a été accordée aux quarts de finaliste.
Selon les magazines français spécialisés «L’Equipe» et «France Football», la CAF a également pris soin de débloquer une avance de l’ordre de 223.000 euros, payée à chacune des équipes qualifiées pour la CAN début décembre 2016. Cette enveloppe a permis à de nombreuses fédérations de financer une partie des frais engagés pour la préparation de la compétition. Une enveloppe qui a même été salutaire pour certaines fédérations comme celle de l’Ouganda, qui a connu dernièrement d’importantes difficultés financières.
Cependant, depuis décembre 2016, la Fédération congolaise de football n’a jamais communiqué officiellement sur la réception et l’utilisation de cet acompte. Encore moins sur la solde de 527.000 euros récemment perçue de la CAF. Entretemps, on a appris que le gouvernement de la République a totalement pris en charge les frais de préparation des Léopards, les titres de voyage, l’hébergement, la restauration ainsi que les primes de participation des joueurs à ce tournoi. Les athlètes ont même défrayé la chronique quand ils ont posté une vidéo dans laquelle ils menaçaient d’aller en grève si leurs primes n’étaient pas versées avant le début de la compétition.
Explications du ministre des Sports joint au téléphone
Quatre mois après la fin de la CAN Gabon, la fédération n’a toujours pas jugé utile de rendre compte. Et l’affaire a fuité quand un haut responsable de l’administration des Sports a menacé de convoquer une conférence de presse en vue de pouvoir dénoncer le staff de l’organe faitier du football RD-congolais. Selon certaines indiscrétions, le ministre des Sports Willy Bakonga a reçu 120.000 dollars pour ne pas faire des bruits autour de cette affaire. Ce que l’intéressé a nié. Joint au téléphone dimanche par AfricaNews, Willy Bakonga a eu ces mots: «Quelle FECOFA peut me donner l’argent et dans quel but? Je n’ai rien reçu, même pas un seul rond. J’attends plutôt que la FECOFA me fasse un rapport complet sur la participation des Léopards à la CAN 2017, y compris sur la prime payée par la CAF au titre de participation de l’équipe nationale à cette compétition». Pourquoi à ce jour Constant Omari, le président de la Fédération, Roger Bobo Bondembe, son adjoint en charge des finances, ou le Secrétaire général Grégoire Badi n’ont jamais évoqué le paiement de cette prime?
«Tant le ministre des Sports que le président de la FECOFA Constant Omari et son staff doivent fournir des explications. Il n’est pas normal que le pays entier trouve normal cette habitude tendant à banaliser les détournements devenus récurrents des primes de participation des Léopards aux compétitions africaines», vocifère-t-on dans les milieux des sports. Combien de temps faudra-t-il encore à la fédération avant la reddition des comptes au gouvernement? Pourquoi doit-on utiliser les fonds publics et ne pas faire rapport des retombées, négatives ou positives, aux gestionnaires?
Apparemment, on tend de plus en plus à se cacher derrière le principe selon lequel la politique ne doit pas se mêler du sport pour justifier l’opacité érigée en mode de gouvernance dans le mouvement sportif national en général et à la Fédération congolaise de football en particulier.
Tout est flou. Rien n’est clair. Selon toute vraisemblance, l’argent des Léopards a été détourné à la FECOFA, la seule à connaitre la destination de l’avance et de la solde payées par la CAF. Une présomption renforcée par le curieux silence observé depuis par le fameux haut fonctionnaire de l’Administration des Sports, soupçonné à son tour d’être passé à la caisse. Jusqu’au moment où on allait sous presses, les questions transmises par SMS au vice-président de la Fécofa en charge des finances, Roger Bobo Bondembe, étaient restées sans suite.
YA KAKESA
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