Un protocole d’accord circule et révèle ce que le parti d’Etienne Tshisekedi avait négocié avec des émissaires de Kabila et qu’il n’entend pas reconnaitre devant ses alliés du Rassemblement
Il est clair qu’un Etat se garde toujours de révéler un accord réputé secret.
Depuis que le facilitateur Edem Kodjo a éventré le boa et fait des indiscrétions sur l’existence d’un accord entre le Pouvoir et l’UDPS signé à l’hôtel Raphaël à Paris, Félix Tshisekedi avait juré de mettre un terme à sa carrière politique.
Alors que le draft secret est désormais dans la rue, du même genre que celui sur lequel l’Opposition et la Majorité fondent les discussions en cours à la Cité de l’Union Africaine, plusieurs analystes le soupçonnent d’avoir fuité ce document pour tenter de se tirer d’affaires. Trop tard.
Quelqu’un s’est fait indiscret sur l’accord de l’hôtel Raphaël de Paris entre la Majorité présidentielle et l’UDPS de Tshisekedi wa Mulumba. «En tout cas pas le pouvoir ou l’Etat au regard des us et coutumes en matière des négociations secrètes», rassure un diplomate accrédité à Kinshasa. Les pistes mènent vers des officines de l’UDPS. Et il y a des fortes présomptions que l’auteur de la fuite soit Félix Tshisekedi en personne.
Un document vraisemblablement authentique en circulation dans les réseaux sociaux et dont l’existence est confirmée dans les cercles du Pouvoir, qui n’a plus à en rougir ou s’en cacher, établit le résultat des discussions avancées en mars 2016 à Kinshasa entre les envoyés de Kabila et les délégués de Tshisekedi, comme l’avait révélé Kodjo à l’ouverture des travaux du dialogue, certainement étonné de la volteface de l’UDPS. Un document que l’UDPS n’entend pas reconnaitre devant ses alliés du Rassemblement.
La cause: «les démons du rendez-vous manqué hantent la fille ainée de l’Opposition», se convainquent plusieurs analystes, rappelant le rôle que le leader de l’UDPS a joué pour amener la Communauté internationale à rallier la thèse du dialogue avant de se rebiffer.
Pourtant, au bas du document, on voit la signature de Floribert Tendaie Kasumpata, un cadre bien connu du parti tshisekediste, à côté de celle de Néhémie Mwilanya, directeur de cabinet de Kabila. Tshisekedi s’est-il fait prendre à Genval? La rencontre de la capitale belge a-t-elle détourné le vieil opposant de ses objectifs? Les questions restent posées.
Ce qui est sûr, le protocole d’accord révèle l’harmonisation des vues sur un dialogue destiné à accorder les parties sur un nouveau calendrier électoral, un nouveau fichier électoral, la restructuration de la Commission électorale nationale indépendante -CENI.
On n’est pas loin du schéma en examen sur les hauteurs du Mont-Ngaliema entre la même Majorité présidentielle et l’aile de l’Opposition alignée derrière Vital Kamerhe, leader de l’UNC, la troisième force de cette sensibilité politique à l’Assemblée nationale, Samy Badibanga, président du groupe parlementaire UDPS et alliés au sein de la même chambre, José Makila de l’ATD et Jean-Lucien Bussa du FDE.
De l’avis des analystes, si le dialogue débouche sur un accord, Tshisekedi aura raté un énième rendez-vous avec l’histoire et Kamerhe ainsi que ses amis auront su voler la vedette à l’UDPS.
Tino MABADA
