Après l’UDPS et Lamuka, c’était le tour du FCC de faire sa démonstration de force jeudi 23 juillet dans les rues de Kinshasa. Réussite à la clé. La mobilisation a été au rendez-vous, ont constaté les reporters d’AfricaNews déployés entre la Place Cohydro et le Palais du peuple. Derrière leurs ténors, entre autres Ramazani Shadary, Néhémie Mwilanya, Adolphe Lumanu, Evariste Boshab, Lambert Mende…, les partisans de Joseph Kabila ont répondu par milliers à l’appel. Parmi les manifestants, les membres du PPRD, ADRP, ADPI, AAB, CCU, CNC, BUREC, ECT… ont rivalisé d’ardeur, formant un long serpent humain sur le Boulevard Lumumba et le Boulevard Sendwe, avant de se disperser dans le calme face aux barrières de la Police érigées à l’abord du Boulevard Triomphal.
Légitimité clamée!
Un déferlement des foules venues certes témoigné qu’elles n’ont jamais coupé le cordon ombilical avec la force politique à laquelle elles ont confié la majorité parlementaire à l’issue de dernières élections législatives mais aussi et surtout rétablir le rapport de forces après les récents événements organisés par l’UDPS, leur partenaire au sein de la coalition, et l’Opposition Lamuka. Un succès populaire dont s’est vanté le coordonnateur du FCC, Néhémie Mwilanya. “Nous avons prouvé que nous avons la majorité dans les institutions et dans la rue”, s’est vanté le dernier Dircab de Joseph Kabila, clamant leur légitimité, révélant que CACH “a boycotté 3 rencontres préférant amener le FCC dans la rue” alors que ce dernier “était au lieu du rendez-vous”. Mis au défi, le FCC est donc descendu dans l’arène, comme pour dire qu’aucun camp politique n’a le monopole de cette rue devenue ces derniers jours le baromètre de l’ancrage sociopolitique.
Ses militants ont manifesté sans casses, sans injures, sans provocations. Ils ont pu défendre la Constitution et soutenir les institutions, y compris le Président de la République. Ils ont pu protester contre les dérives dictatoriales décelées dans les attitudes des responsables du regroupement CACH, a souligné le Secrétaire permanent du PPRD, Ramazani Shadary. Les dérives déplorées font vaciller l’alliance FCC-CACH. “La coalition est assise sur la séparation du pouvoir, et à partir du moment où les élus de l’Assemblée nationale et du Sénat ne sont plus pris en compte, on veut que les deux chambres deviennent celles d’enregistrement, nous ne sommes pas d’accord…”, a tempêté le coordonnateur Néhémie Mwilanya.
Puis: “La coalition est assise sur l’équilibre du pouvoir entre le Président de la République et la majorité parlementaire. À partir du moment où il y a une des parties à la coalition qui veut s’arroger le pouvoir de l’autre partie, nous ne sommes pas d’accord”. Entre les membres de la coalition au pouvoir après le départ de Joseph Kabila en janvier 2019, la brouille commence à devenir pérenne. Après les Ordonnances présidentielles nommant des magistrats et des militaires, le FCC, dont est issu le Premier ministre, a exprimé sa désapprobation. Sylvestre Ilunga Ilunkamba a publié un communiqué, s’inquiétant de n’avoir pas été informé de la prise de ces ordonnances. Sa famille politique a aussi dénoncé une violation de la Constitution.
Ces ordonnances avaient été contresignées par le vice-Premier ministre UDPS-CACH en charge de l’Intérieur, Gilbert Kankonde, intérimaire du chef du gouvernement en mission officielle de deux jours à Lubumbashi. L’appartenance de l’intérimaire au camp du Président de la République Félix Tshisekedi est à l’origine du problème, selon la famille politique de Joseph Kabila. Pour les membres du FCC, le contreseing du Premier ministre constitue, au-delà de sa nature juridique, le gage des équilibres des pouvoirs entre le Président de la République et le Premier ministre, l’émanation de l’Assemblée nationale.
Réaction du CACH à travers un tweet du député provincial UDPS Peter Kazadi: “Le contreseing n’est pas un pouvoir personnel du Premier ministre. C’est plutôt une attribution reconnue au gouvernement, de telle sorte qu’en l’absence du Premier ministre, tout ministre faisant son intérim peut contresigner et engager le gouvernement”. Avant ce dernier couac en date, un projet de réforme de la magistrature initié par deux députés FCC et le choix d’un nouveau président de la Commission électorale ont crispé les relations entre les deux partenaires de la coalition au pouvoir ces dernières semaines.
KISUNGU KAS