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340.000 dollars par mois, des salaires extravagants à l’ARPTC

Toutes proportions gardées, la rémunération de chaque membre du collège de cette structure représente environ 16 mois de salaire d’un député national. Cette somme pourrait également payer 1.634 enseignants au taux de 208 dollars…

En RD-Congo, pays où le revenu mensuel moyen du citoyen oscille autour de 50 dollars américains, le bulletin de paie de certains hauts cadres contrastent avec les réalités inflationnistes. Dans un monde à part, ces «fils bénis de Dieu», tel dans un véritable eldorado, s’offrent des pactoles au dépens du Trésor public. C’est le cas des membres du Collège de l’Autorité de régulation de la poste et des télécommunications du Congo -ARPTC-, accusés de «pillage des ressources publiques». Dans un communiqué publié lundi 05 août à Kinshasa, l’Observatoire de la dépense publique -ODEP- a fait des graves révélations autour de la «gouvernance scandaleuse» au sein de cet organe relevant directement du Président de la République. Ces chiffres ont été récoltés grâce au numéro vert et à la boite mail verte mis en place par l’ODEP «pour la dénonciation de toutes les mauvaises pratiques de mauvaises gouvernances».

Attaché à son principe de «contrôle citoyen des finances publiques», l’ODEP a déballé «comment les 7 membres du Collège dirigeant l’ARPTC pillent les richesses» de cette structure. Chaque année, Christian Katende, président du Collège de l’ARPTC et ses compairs «se partagent 2,3 millions de dollars américains soit en moyenne 340.000 dollars par mois et par dirigeant». En tant que n°1 de l’ARPTC, Christian Katende atteint le chiffre record de 439.471,000 dollars de revenus mensuels. «Comparés aux députés, ces messieurs et dames touchent 10 fois plus», déploré l’ODEP, se refusant de justifier ni le émoluments des députés, encore moins les rémunérations extravagantes du Collège de l’ARPTC.

La situation est d’autant plus grave que l’opinion publique se trouve déjà en émoi et jase «au sujet de gros salaires octroyés aux députés nationaux et sénateurs» alors qu’à l’ARPTC, des privilégiés «se remplissent les poches en silence et en toute quiétude». Entre 2021 et 2023, les 7 membres du Collège de l’ARPTC ont touché 18,6 millions de dollars américains. Au début de l’année 2024, un forfait de trois millions leur a été réservé au titre de «prime de janvier», soit environ 429.000 dollars par personne. Une «folie» et un «crime de haute trahison», selon l’ODEP, sidéré par ces chiffres mirobolants en pleine période sombre du pays qui fait face à grave crise sécuritaire et humanitaire aigue dans sa partie orientale.

Mieux, l’ODEP, qui dit détenir des données bancaires de l’ARPTC, s’est aventuré dans un jeu de comparaison. Toutes proportions gardées, la crise humanitaire qui sévit en RD-Congo a un coût annuel de 3 milliards de dollars, avec pas moins de 7 millions des déplacés. «Le budget de 19 millions de dollars consommé en 3 ans par ces 7 criminels de guerre est celui donné en 4 ans pour aider 7 millions des réfugiés internes. Avec 150 francs congolais chacun par année d’aide publique», se lamente l’ODEP.

Appel à un audit de l’IGF

Dans ce jeu des comparaisons, l’ARPTC consomme à elle seule 2 kilomètres de route chaque mois alors que le salaire mensuel minimum des membres du collège de cette structure pourrait financer 16 mois de salaire d’un député national ou encore permettre de payer 1.634 enseignants dont le traitement actuel moyen est de 208 dollars. Selon les chiffres de la Loi des finances 2024, le Président de la République gagne entre 8 et 10.000 dollars chaque mois. Tout calcul fait, il faudrait environ 3 ans au Chef de l’État pour réunir un mois de salaire de Christian Katende et sa bande.

Face à ce «pillage systématique», la structure dirigée par Florimond Muteba a recommandé au Président de la République, tutelle de l’ARPTC, de suspendre l’équipe dirigeante de celle-ci et demander à l’IGF d’auditer cette entreprise. Le président du Conseil d’administration de l’ODEP attend également des mesures conservatoires de la part du ministre de la Justice qui a récemment lancé l’opération «Impunité zéro».

En attendant d’obtenir gain de cause dans son plaidoyer, l’ODEP veut surtout voir la population et la Société civile rester aux aguets alors que l’ARPTC n’est pas à son premier forfait. L’opinion publique garde encore en travers de la gorge l’escroquerie de la RAM, ces ponctions en crédit de communication qui a dépouillé durant des mois les usagers de la téléphonie mobile. A ce jour, les victimes réclament toujours réparation.

Natine K.

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