Samedi 13 mai ou rien. La réponse des organisateurs de la marche de l’Opposition politique est cinglante alors que l’Hôtel de ville a, au terme d’une réunion, proposé un report de 5 jours, soit le 18 mai, évoquant «des raisons sécuritaires». Quelques heures après l’annonce de l’Hôtel de ville, l’Opposition a rejeté en boucle cette nouvelle date. Premier à s’exprimer, le secrétaire général du parti de Martin Fayulu, Devos Kitoko, a qualifié la décision de Ngobila d’un «manque de respect», rappelant les prérogatives légales de l’autorité urbaine. «Après la lettre d’information, il y a prise d’acte automatique. Monsieur Ngobila n’est pas l’organisateur de la marche. Sa mission en tant qu’autorité urbaine est d’être informé conformément à l’article 26 de notre Constitution et de prendre des dispositions sécuritaires qui s’imposent pour encadrer et sécuriser les manifestants», a recadré Devos Kitoko.
Pour lui, il est clair que le gouverneur ne peut et ne doit pas se substituer aux organisateurs pour décider d’un report. Il a ensuite accusé le vice-Premier ministre en charge de l’Intérieur d’être l’instigateur de cette proposition de report dans le but de «démobiliser les RD-Congolais et RD-Congolaises qui viendront marcher». «Nous sommes informés que Lisanga Bonganga et Gecko Beia de Vison Fatshi prétendent avoir déposé une lettre de demande de marche à la même date. Ils sont des marionnettes montées par Peter Kazadi pour créer la confusion. Nous n’allons pas nous laisser faire», a tempêté Kitoko.
Dans le même sens, Dieudonné Bolengetenge, SG du parti de Moïse Katumbi, a invité la population à «refuser qu’un groupe de gens prenne en otage tout le pays», insistant sur l’effectivité de la marche de samedi car, a-t-il souligné, «le pays nous appartient tous». Tard dans la soirée, Martin Fayulu, un des quatre leaders impliqués dans cette marche, a également confirmé la marche de samedi, appelant à manifester pour le Congo ce samedi 13 mai.
«Nous devons sauver le Congo, en disant ‘’non’’ à la balkanisation, à l’insécurité grandissante, à la vie chère et à un processus électoral chaotique», a-t-il tweeté. Comme lui, plusieurs autres voix de l’Opposition ont aussi confirmé la marche de samedi.
Dans un clip devenu viral sur les réseaux sociaux, les 4 leaders ont lancé un appel à la mobilisation. Matata Ponyo a invité la population à «marcher pour dire non aux mauvaises choses». Dans ce même clip, Katumbi a crié haro à «la souffrance, la famine et l’insécurité» dans un contexte de «vie chère». Pour Delly Sesanga, il s’agit de dire «non à la balkanisation et à la tricherie électorale».
«Trois fois non!»
A 24 heures de la marche, la mobilisation est au zénith. Arrivé à Kinshasa depuis la semaine passée, Moïse Katumbi multiplie les descentes sur terrain. Mercredi, il a drainé une foule spontanée dans le district populaire de la Tshangu où il est allé visiter un cadre de son parti, malade. Jeudi, le chairman a visité un autre quartier chaud de Kinshasa.
Au camp Luka où il a récemment modernisé un centre de santé, le leader d’Ensemble a bravé les flaques d’eaux et les routes délabrées pour communier avec une population «abandonnée à son triste sort» qui voit en Katumbi un «moïse» capable de la libérer. «Katumbi est notre frère, c’est l’homme providentiel pour développer le pays», a tonné, ému, un habitant du coin. Sur place, Katumbi a fait parler son cœur face aux nombreuses cas de maladie rencontrés.
Profitant de cette descente, Katumbi a fait un tour au centre de santé «Bon berger», réhabilité et équipé sur fonds propres. Faisant d’une pierre deux coups, Katumbi a payé les frais d’hospitalisation de tous les patients. Le même jeudi, Ensemble pour la République a organisé une «répétition générale» pour ses militants en marge de la marche de samedi. Quelques milliers de militants ont simulé la procession à pied et sur des motos.
Pour l’Opposition politique, le mot d’ordre est lancé: samedi, ils seront dans les rues de Kinshasa, suivant deux itinéraires. Du rond-point Super Lemba et de la place Sakombi à Ngaliema, les marcheurs vont arpenter les grandes artères pour rallier le Palais du peuple, point de chute de la marche. En plus de l’Opposition, la Société civile s’est également invité à la marche avec la participation annoncée du Comité laïc de coordination -CLC. Décidée lors de la rencontre de Lubumbashi entre les leaders de l’Opposition, la marche a pour objectif de dire un triple non: à l’insécurité, à la vie chère et au processus électoral chaotique.