Culture

Grande rentrée littéraire de Kinshasa: Didier Mumengi lance un plaidoyer en faveur de la création d’une chaire d’irénologie

«Écrire, c’est hurler en silence», c’est avec cette pensée qui donne l’envie de penser que la nouvelle directrice du Centre Wallonie-Bruxelles de Kinshasa, Cécile Djunga, a donné, jeudi 12 septembre 2024, le go de la 8è édition du Festival de la grande rentrée littéraire de Kinshasa. C’est prestigieux événement a débuté avec le vernissage et débat de l’ouvrage «Le Congo et les Grands lacs: la Paix toute suite… Pourquoi et Comment?» de l’écrivain RD-congolais Didier Mumengi.

Dans son premier mot, Richard Ali, directeur de la bibliothèque de Wallonie-Bruxelles de Kinshasa, a demandé à toute l’assemblée d’observer une minute de silence pour honorer la mémoire d’un auteur RD-RD-congolais et, puis, d’une petite fille du poète Hervé Ngoma qui viennent de rendre l’âme au Dieu créateur. Il a indiqué que cette 8è édition de la Rentrée littéraire est consacrée en grande partie à la femme des lettres, mais aussi aux hommes écrivains qui ont abordé dans leurs ouvrages la question de la femme et, voire, celle relative à la paix et au développement. D’où le sens du thème choisi: «Femmes des lettres, femmes et lettres: développement et paix».

Dans sa prise de parole, Didier Mumengi, auteur du présent livre «Le Congo et les Grands lacs: la Paix toute suite… Pourquoi et Comment?», a communiqué son souci majeur qui se cache derrière les pages de son ouvrage inédit, consistant à mettre la paix au cœur de débats RD-congolais pour faire manifester les intelligences. Il a parlé de son ouvrage comme étant en même temps un plaidoyer en faveur de la création d’une chaire d’irénologie.

«À travers ce livre, je plaide en faveur de la création, à l’Université de Kinshasa, d’une chaire d’irénologie avec l’espoir qu’il y ait des départements d’irénologie dans la plupart de nos universités, parce qu’il nous faut des experts de la paix», a-t-il signifié. C’est dans ce même champ lexical qu’il a parlé de son livre comme étant un appel pathétique à l’intention des universités pour offrir à la Nation des spécialistes de la paix, afin que la RD-Congo puisse se débarrasser de ce qu’il a dénommé «le syndrome des engagements superficiels».

D’après lui, à l’Est de la RD-Congo, le terme «chaos» prend des aspects de plus en plus inquiétants, tout à fait à l’image de ce qu’en avait pensé Virgile dans «Enéide», à savoir: «lieu muet étendu dans la nuit, destiné à accueillir les âmes des défunts». Il a expliqué que l’analyse de la problématique du chaos qui se perpétue à l’Est de la RD-Congo nécessite l’échafaudage de l’arbre des causes et des conséquences de la guerre.

A l’en croire, cet arbre permet de procéder à l’anamnèse polémologique dudit conflit. Pour réussir son analyse, Didier Mumengi a posé d’abord une distinction entre les problèmes sociétaux, qui sont d’ordre structurel, et les problèmes sociaux, qui sont reliés à des facteurs comme les phénomènes de fluctuations économiques et de crises sociales, l’effondrement du rôle socio-stratégique des Etats dans la sous-région des Grands lacs, les détériorations du marché du travail, l’explosion des formes diverses et variées de pauvreté, la composition multiethnique de la population et l’émergence de l’ethno-différentialisme belliqueux, des manières dépravées de penser, de voir et d’agir, etc.,

Autrement dit, comprendre les racines lointaines et les causes factuelles, les facteurs contingents, ainsi que toutes les circonstances qui ont concouru à l’explosion de la belligérance. C’est donc un enchainement de faits constitué notamment par les causes racines de la guerre; la sève fermentative de la bellicité, constituée de mobiles ontologiques et politiques justificatifs de la guerre; les motifs d’intérêt, c’est-à-dire le tronc de l’arbre constitué des motivations géostratégiques, culturelles économiques de faire la guerre; ou les prétextes de faire la guerre qui, en règle générale, sont aussi nombreux que les ramures dans un arbre; et, enfin, les violences opportunistes, qui sont les fruits et les feuilles infâmes dudit arbre. C’est-à-dire le vol, le viol, le saccage et le dépeuplement des villages, l’enlèvement et l’embrigadement forcé des enfants dans des groupes armés, la destruction de l’environnement, etc. Et de compléter: «faire usage de cet arbre des causes et des conséquences permet de contourner le piège de la compréhension approximative de cette guerre et d’exorciser le syndrome des engagements superficiels de paix», qui a d’ores et déjà apposé sur ce conflit le vernis d’une guerre existentielle…

Pour lui, l’heure est venue de prendre conscience que l’infructuosité itérative des accords de paix place corrélativement tous les pays de la sous-région des Grands lacs au carrefour de leur nécessaire et profonde réinvention sociétale.

«Le tout premier ‘’Accord de paix’’ est signé le 18 avril 1999 à Syrte, en Libye, entre la République démocratique du Congo et l’Ouganda. L’incomplétude manifeste de cet Accord a rendu nécessaire la signature, le 10 juillet 1999 en Zambie, des ‘’Accords de Lusaka, par la République démocratique du Congo, le Rwanda, l’Ouganda, l’Angola, la Namibie et le Zimbabwe, avec comme médiateurs et témoins l’Union africaine, l’ONU et la Communauté pour le développement de l’Afrique australe», a-t-il déclaré.

Prenant la parole du nouveau, Richard Ali a éclairci que cette 8ème édition de la Grande rentrée littéraire sera en duplex, samedi 14 septembre, avec la 6ème édition de la Remise des Prix littéraires Zamenga aux dix heureux lauréats tirés de la multitude de candidats qui ont pris part au concours. Ça sera aussi l’occasion pour la bibliothèque de Wallonie-Bruxelles de Kinshasa, par son entremise, de présenter la 6ème anthologie du dit concours, qui comprendra en son sein, les dix textes primés, chacun au regard du nom de son auteur. Cette cérémonie s’est déroulée en présence de plusieurs chercheurs-écrivains, élèves, autorités politiques, religieuses du pays, notamment l’opposant RD-congolais Martin Fayulu, Mgr Donatien Nshole qui a baptisé ce nouveau bébé littéraire de Didier Mumengi.

Hénoc AKANO

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