D’avoir résolu de ne pas répondre à son homologue Paul Kagame directement sur ses déclarations niant l’existence des massacres documentés dans le rapport mapping des Nations unies au Kivu et sur la présumée instrumentalisation du Dr Denis Mukwege par les Occidentaux, privilégiant d’autres canaux officiels, cette attitude du Président Félix-Antoine Tshisekedi est perçue aujourd’hui dans une partie de l’opinion comme un réflexe diplomatique à l’avantage de Kinshasa. Sans lequel les évènements malheureux consécutifs à l’éruption volcanique à Goma auraient pris une autre tournure.
Tout a commencé au cours du sommet sur les financements des économies africaines ténu à Paris, le 18 Mai dernier. Le Président rwandais Paul Kagame, interrogé par les médias français, a eu des propos jugés durs à l’égard de la RD-Congo. Il avait, non seulement nié les massacres perpétrés sur le territoire RD-congolais, comme confirmés par le rapport Mapping, mais aussi qualifié le prix Nobel Dénis Mukwege d’un manipulé.
Beaucoup s’attendaient à une réplique musclée ou proportionnelle de la part de la RD-Congo envers le Président rwandais. Félix Tshisekedi a plutôt opté pour la paix et le bon voisinage.
Ainsi, répondant à son tour à la question d’un journaliste à propos des affirmations de Paul Kagame, le Président de la République n’a pas cédé à la tentation de réagir à chaud. «Il a usé d’une qualité diplomatique, qu’on lui connaît, et a estimé simplement que le cadre n’était pas celui-là», a évoqué un analyste RD-congolais.
Puis: «Le Président Tshisekedi n’a pas manqué de souligner que la RDC rendra justice au final à toutes ses victimes, le temps de la justice n’étant pas celui de la polémique. Il a aussi insister sur le fait que le rapport Mapping est une production de l’ONU et non de la RDC. Enfin, le chef de l’Etat a dit son respect et l’admiration du pays envers le Dr Denis Mukwege, une fierté nationale».
Ceux qui ne sont pas habiletés à engager la RD-Congo ont réagi dans tous les sens. Voici que les suites, jusque-là, de la colère du Nyiragongo, du point de vue du comportement fraternel de Kigali, ont donné raison au Président. «Et pourtant, a commenté le même analyste, le temps a donné raison au Président RD-congolais». Puis: «Qu’adviendrait-il à nos compatriotes qui se sont réfugiés au Rwanda pour s’y abriter face à la catastrophe naturelle à la suite de l’éruption volcanique de Nyiragongo? Ou encore la délégation ministérielle s’étant rendue à Goma n’aurait pas utilisé un aéroport rwandais, plus proche de Goma, pour l’atterrissage». Puis encore: «Donc la réponse de Félix Tshisekedi a été plus sage en évitant une tension qui aurait dû être contreproductive». Constat: quelques jours après, accordant une interview à Jeune Afrique, le Président de la République rwandaise, Paul Kagame, a tempéré ses propos.