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Tshisekedi: ses premiers gestes contre la corruption et l’impunité

Sous 10 jours comme il l’avait annoncé à l’occasion de la présentation de son programme d’urgence, le Président de la République a tenu parole en procédant à la signature des ordonnances présidentielles portant libération de certains prisonniers politiques et d’opinion, dont Franck Diongo et Firmin Yangambi. Dans la foulée, d’autres mesures liées au nettoyage des écuries ont été communiquées visant des mandataires de l’Etat. Le ministre des Affaires foncières Lumeya Dhu Malegi a écopé d’une suspension de ses fonctions tandis que le DG de la SCTP -ex-ONATRA-, Daniel Mukoko Samba et son adjoint ont subi la même sanction renforcée par un audit à la clé. Cette même mesure punitive de suspension a aussi secoué le DG de l’ARPTC.

Les premiers pas du mandat de Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo à la magistrature suprême du pays commencent à produire des effets significatifs dans la droite ligne de la matérialisation de ses promesses de campagne. Alors que les commentaires allaient dans tous les sens au crépuscule des dix jours fixés par le chef de l’Etat pour la prise des mesures concrètes relatives à l’avènement de l’Etat de droit, mercredi 13 mars, le Président de la République est passé à l’acte en signant des ordonnances présidentielles sanctionnant la mise en liberté des prisonniers politiques et d’opinion. L’opinion tant nationale qu’internationale dont l’attention se limitait beaucoup plus aux confins de la prison centrale de Makala, lieu d’incarcération des prisonniers emblématiques, a été agréablement surprise de voir le chef de l’Etat ratisser large en accordant la liberté à plus de 700 prisonniers. Ce qui constitue un signal fort à nul autre pareil en ce début de son quinquennat. Geste dûment salué sur toute l’étendue de la République où la population demande au magistrat suprême de pousser plus loin son action en posant les jalons d’un Etat respectueux des droits humains et des libertés fondamentales. Au vu l’importance de cette mesure de grâce collective du chef de l’Etat en déplacement au Kenya, son directeur de cabinet Vital Kamerhe est venu en personne sur le plateau de la chaîne de télévision nationale, la RTNC,  pour donner plus d’éclaircissements au contenu des ordonnances lu par notre confrère Kibambe Nsomwe. 

Cette annonce était très attendue car des critiques commençaient à fuser de partout au regard de l’amenuisement du délai de 10 jours fixé par la plus haute autorité du pays sans que les prisonniers politiques et d’opinion ne recouvrent leur liberté comme promis urbi et orbi.  Les explications fournies par Vital Kamerhe ont apporté beaucoup plus d’éclairage sur le processus engagé par le Chef de l’Etat de procéder au nettoyage des écuries. Dans la foulée, les noms de quelques prisonniers politiques bénéficiaires de ladite mesure ont été cités, notamment Franck Diongo, Firmin Yangambi, Twite Kalumba, Kazadi Kalonji Bukasa,   Kabemba, etc. Ces derniers ont ainsi obtenu la remise des peines qui leur restaient à purger après leur condamnation. 

Des mesures collectives de grâce similaires ont aussi été prises à l’endroit de toutes les personnes condamnées par les juridictions civiles et militaires entre le 1er janvier 2015 et le 31 décembre 2018 à la suite des réunions ou rassemblements à caractère politique ou d’opinion. Quant à Diomi Ndongala, il doit encore prendre son mal en patience, son cas ayant déjà trouvé solution par une mesure de libération conditionnelle à intervenir dans les prochaines heures.

Le Dircab Kamerhe a insisté sur la non-exhaustivité des listes des prisonniers élargis. Ainsi, appel a été lancé aux proches et familles qui auraient constaté l’omission de la liste des bénéficiaires des noms de leurs membres remplissant les conditions d’éligibilité à cette grâce présidentielle, de le signaler auprès des autorités compétentes. Une commission  ad hoc va s’y pencher en vue de l’examen minutieux de chaque cas pour que justice soit rendue à tous sans exclusive. Le Chef de l’Etat par le biais de son directeur de cabinet a également instruit le ministre de la Justice et Garde des Sceaux de procéder à la signature d’arrêtés portant libération conditionnelle des personnes condamnées, mais qui ont déjà purgé le quart de leurs peines en faisant montre d’un comportement exemplaire et irréprochable.

Suspension du ministre Lumeya

D’autres instructions ont été données au ministre Alexis Thambwe Mwamba de prendre des arrêtés d’exécution des mesures d’amnistie en faveur des personnes amnistiées pour faits de guerre, mais qui continuent à croupir en prison. Outre les personnes dont les dossiers sont en cours et pendants dans les juridictions civiles et militaires, sont exclues de ces mesures individuelles ou collectives de grâce présidentielle les personnes condamnées pour haute trahison, assassinats, association de malfaiteurs, meurtre, corruption, concussion, violences sexuelles, génocide, atteinte à la sécurité intérieure ou extérieure du pays, etc. En plus de la relaxation des prisonniers politiques et d’opinion ci-haut cités, d’autres mandataires de l’Etat ont été frappés par des mesures de suspension. Selon le directeur de cabinet du Président de la République, le ministre des Affaires foncières Lumeya Dhu-Malegi a été suspendu de ses fonctions pour insubordination. Ainsi que le président de l’Autorité de régulation de la poste et des télécommunications -ARPTC-, le directeur général de la Société congolaise des transports et ports -SCTP-, Daniel Mukoko Samba et son adjoint pour mauvaise gestion. Un audit sera diligenté incessamment dans cette société d’Etat transformée en société commerciale. Une façon pour le Président de la République de mettre fin à l’impunité.

«Le Président de la République avait demandé au Premier ministre d’instruire le ministre Lumeya de rapporter les arrêtés pris par lui en violation de la loi. Je viens d’adresser une lettre au Premier ministre, au nom du Président de la République, pour l’informer qu’en considération de nombreuses décisions et divers arrêtés pris par le ministre des Affaires foncières en violation flagrante de la loi, le Chef de l’Etat l’instruit de procéder, toutes affaires cessantes, à la suspension de l’intéressé de toutes ses fonctions de ministre des Affaires foncières et de requérir le Procureur général près la Cour de cassation pour l’ouverture d’un dossier judiciaire contre ce ministre», a souligné Vital Kamerhe.

En clair, «le ministre Lumeya Dhu-Maleghi est suspendu pour insubordination et son refus de rapporter les arrêtés ministériels pris pour des lotissements à des endroits interdits et à l’expropriation des citoyens». Et de prévenir: «et quand le Premier ministre ne prend pas des décisions, le Président s’assume».

Patrick NZAZI

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