Dans le dossier Primera, Dr Denis Mukwege semble avoir tout faux. C’est le constat fait après la publication des premiers chiffres, au terme de 7 mois d’exploitation d’or par la firme émiratie au Sud-Kivu. Lundi dernier au briefing hebdomadaire, le ministre des Finances Nicolas Kazadi, qui s’est présenté en compagnie de son collègue de la Communication Muyaya et du Directeur de cabinet adjoint du Président chargé des questions économiques et financières, Lolo Wameso, a évoqué des résultats intéressants. En sept mois, la production aurifère au Sud-Kivu est passé de 26 Kg à 3 tonnes. Une prouesse qui vient mettre à mal les mouvements de contestations initiées par le député Alfred Maisha et le Prix Nobel Mukwege.
En publiant ces chiffres, le gouvernement a voulu faire taire les rumeurs et faire voir que l’accord avec Primera vise à «récupérer la souveraineté de la RDC et non la brader», tout en luttant contre un des ingrédients de la «perpétuation des conflits armés» dans l’Est de la RD-Congo. Pour Nicolas Kazadi, la polémique «n’a pas raison d’être» au vu des résultats enregistrés depuis le début de l’exploitation. «C’est une performance énorme», se réjouit-il, tout en s’interrogeant sur l’objet des critiques qu’il met au rang d’un «défaut d’informations». En sept mois d’exploitation, le Trésor public a engrangé pas moins de 1,7 millions d’USD.
La « faute » de Mukwege
André Wameso, Dircaba du Président se dit, quant à lui, «perdu» d’apprendre par la bouche du député Alfred Maisha que le contrat Primera ferait perdre au pays 500 millions d’USD chaque mois. André Wameso qualifie la sortie du député Maisha de «mauvaise foi» en débitant des chiffres «aussi farfelues», pourtant repris par le Dr Mukwege, prix Nobel de la paix et célèbre médecin RD-congolais, dimanche en conférence de presse. Pour Wameso, il est clair que Mukwege ne «sera jamais Prix Nobel de commerce».
Avis partagé par l’argentier national qui remet une couche dans cette rixe verbale en dénonçant la «faute» et l’«erreur» de Mukwege qui, selon lui, n’a pas pris le temps de s’informer et de poser les questions. «Je lui ferai confiance s’il faut opérer un membre de famille mais il a démontré qu’il n’est pas préparé pour avoir un avis pour une question aussi importante et stratégique», a tancé Nicolas Kazadi avant de brandir des prétendues accointances entre le médecin et certaines puissances.
Comme Wameso et Kazadi, Patrick Muyaya trouve également «surprenant et choquant» de voir un homme de la trempe de Mukwege tenir ces propos. Le porte-parole du gouvernement rappelle en effet que l’accord avec Primera rencontre le combat de Mukwege. «L’objectif principal de cet accord est de restaurer la sécurité», martèle-t-il, confiant que la bonne implémentation de cette stratégie va mettre fin aux violences pour lesquelles le Dr Denis Mukwege a «consacré toute sa vie».
Au sujet des exonérations, le gouvernement dénonce une information «inexacte», assurant que tout a été fait en conformité avec le code minier et le code des investissements. André Wameso loue pour ce faire les investissements futurs de Primera en faveur du pays: plus de 2.200 kilomètres de routes, réhabilitation de deux aéroports, constructions d’une centrale électrique pour faire fonctionner la fonderie… «C’est sur base de ces investissements en infrastructures que Primera Metals demandera des exonérations conformément à notre code des investissements», a-t-il recadré non sans effleurer les accusations sur le monopole accordé au groupe émirati: «L’accord Primera-SAKIMA ne concerne que 14 permis miniers sur 46. Où est le monopole».
La polémique soulevée par le député de Bukavu, Alfred Maisha, autour de l’accord entre la RDC et Primera Gold a donc vite été désamorcée alors que l’«avocat-député» avait accusé, dans une question orale déposée à l’Assemblée nationale, le gouvernement de «bradage» des ressources minières de l’Etat. Des accusations relayées sans vérifications par le Prix Nobel de la paix, Denis Mukwege qui a appelé des jeunes à Bukavu à sortir dans la rue. «Envoyer des jeunes dans la rue sur base de mensonges n’est pas digne d’un prix Nobel», a réagi en off un diplomate bien renseigné.
