À l’appel du banc syndical, une grève est en train de paralyser la Société nationale des hydrocarbures du Congo -SONAHYDROC. Le personnel réclame l’apurement des neufs mois d’arriérés de salaires et la démission du directeur général Hubert Mihimy Muwawa. «Ce mouvement ne saurait surprendre ceux qui ont vu se multiplier ces derniers jours les préparatifs de cette grogne derrière laquelle se cachent des personnes méchantes, qui ont intérêt à déstabiliser cette entreprise qui se relève peu à peu depuis la nomination du staff dirigeant actuel», croient savoir des sources qui suivent de près la situation à SONAHYDROC. Ces dernières redoutent une manipulation du personnel dans ce contexte de repositionnement politique. Elles s’étonnent que le banc syndical confonde retard de salaires et arriérés de salaires avant de faire savoir que la paie est régulièrement payée depuis l’avènement de l’actuelle Direction générale, qui a aussi payé un mois d’arriérés sur les dix hérités du Comité directeur précédent. Les soupçons de manipulation du personnel se renforcent quand les mêmes sources brandissent le courrier du 12 juin de la Délégation syndicale nationale de SONAHYDROC SA portant félicitations au Directeur général Mihimy. Dans cette correspondance rédigée il y a trois mois, les syndicalistes louent les performances réalisées par leur partenaire social, le Directeur général, après seulement 22 mois de gestion. Ils évoquent notamment ses «efforts manifestes d’assainir la gestion de la SONAHYDROC SA» et saluent son sens élevé de responsabilité. Ils font l’inventaire de ces réalisations traduites par la réduction sensible de la dette de la société en 22 mois seulement, la réhabilitation des bateaux immobilisés pendant de longues années et celle des stations-service «garantissant leur approvisionnement pour rendre service à la population congolaise». Le banc syndical y avoue surtout «le sens élevé d’humanisme» et le management du Directeur général pour avoir «payé miraculeusement les décomptes finals des 105 agents retraités et décédés, soit 57 en 2018 et 48 en 2019» contrairement à ses «prédécesseurs qui, eux, ont manipulé des milliers de dollars américains de redevance de LIREX» mais n’ont rien fait pour trouver une solution idoine à ce problème social. Difficile donc de trouver une cause rationnelle de la grève en cours trois mois seulement après cette lettre dans laquelle la Délégation syndicale dit «soutenir les efforts de redressement» de la société et promet d’accompagner la Direction générale dans sa démarche «pour que la SONAHYDROC SA retrouve son leadership dans la profession pétrolière en amont et aval… afin que l’ensemble du personnel retrouve son sourire et l’État congolais son compte». Moralité: le contenu de cette missive contraste avec les motivations de la grève déclenchée chez SONAHYDROC SA. Après la publication du gouvernement, les yeux du personnel politique sont braqués sur les entreprises publiques. Des gestionnaires, y compris les plus méritants, ne doivent attendre aucun cadeau de la part des personnes qui convoitent leurs postes. Bien au contraire.
Natine K.