A la faveur d’une conférence-débat, animée samedi 15 juin 2019 à Showbuzz, Amsini Dandy Matata et Maabe Muanyimi Serge ont formulé des recommandations face à la guerre des intelligences que se livrent des puissances mondiales et au besoin pressant de bâtir un Etat stratège en RD-Congo. Ces recommandations, jugées pertinentes par la crème d’intellectuels présente, ont notamment porté sur la déclaration d’un état d’urgence d’éducation, le financement des projets de recherche à long terme, l’appropriation par les décideurs des réflexions de think-tank, la mise en place d’un fond souverain et la création d’une agence stratégique.
Des esprits bien disposés ont, samedi 15 juin 2019 à Showbuzz, pris part à une conférence-débat de haute facture animée par deux têtes bien faites: Amsini Dandy Matata et Maabe Muanyimi Serge. Au menu de cette conférence, deux thèmes qui sortent de l’ordinaire: «La guerre des intelligences» et «l’Etat stratège».
Le premier thème, animé par Dandy Matata, s’est attardé sur la bataille des titans que se livrent les grandes puissances mondiales pour maitriser et contrôler l’intelligence artificielle, considérée par le conférencier comme «le nouveau pétrole». Pour Dandy Matata, économiste, l’intelligence artificielle se trouve actuellement au cœur de la géostratégie.
De l’avis du conférencier, l’intelligence artificielle va nous connaitre mieux que nous-mêmes, va nous battre dans tous les domaines et va rendre certains métiers obsolètes. De cette manière, a-t-il fait remarquer, désobéir à l’intelligence artificielle sera un luxe peu toléré.
Les trois approches de l’Etat
Le deuxième exposé, axé sur «L’Etat stratège» et animé par Serge Maabe, est parti d’une interrogation fondamentale issue de la comparaison entre la RD-Congo et certains pays. «Pourquoi retient-on de la RD-Congo l’image d’un Etat failli alors que d’autres pays vivent des situations presque ou similaires mais ne sont pas considérés comme tels?», s’est-interrogé Serge Maabe. La réponse est la résultante à une coordination des stratégies qui permettent à un Etat de n’exister non seulement sur base des éléments épinglés dans la définition classique de ce concept mais aussi et surtout par des actions palpables qui le permettent d’exister réellement. Le conférencier a ainsi proposé trois approches de l’Etat quant à ce. La première approche a porté sur les caractéristiques d’un Etat stratège. Ces caractéristiques sont notamment une vision politique de la société, des activités à rendements croissants, l’association de la richesse et de la puissance, le levier administratif pour renforcer l’autorité, la régulation des activités spéculatives, l’appui à l’entrepreneuriat, etc.
La deuxième approche, selon le conférencier, se rapporte au capital humain qui exige de comprendre la force de la démographie, d’améliorer la qualité du système éducatif en valorisant le savoir apprendre, le savoir-faire, le savoir être et le savoir vivre ensemble ainsi que la qualité des services sociaux.
La troisième et dernière approche s’est axée sur les ressorts de l’Etat stratège. Dans cette approche, le conférencier a d’abord évoqué les ressources morales qui se rapportent à la culture, à la cohésion nationale, avant d’épingler l’image de marque, les émotions collectives par l’exaltation des figures tutélaires comme Lumumba, la réécriture de l’histoire avec un récit national qui rend fier, et finalement s’appesantir sur les ressources matérielles et le leadership institutionnel.
Les propositions des orateurs
Après des échanges et débats houleux avec l’assistance, les conférenciers se sont mis à formuler des propositions. Au regard de son thème, Dandy Matata a suggéré la déclaration d’un état d’urgence d’éducation avec les conséquences qui s’en suivent, et aussi le financement des projets de recherche à long terme.
Pour sa part, Serge Maabe a recommandé à l’Etat de s’approprier les réflexions de think-tank, de mettre en place un fond souverain et de se doter d’une agence stratégique.
Dans la salle de conférence de Showbuzz, que du beau monde. Des professeurs d’université tel Paul Tsasa, des hommes politiques de la trempe de Léonard She Okitundu, de Constant Mutamba ou encore Patsho Panda ainsi que des étudiants venus de différentes universités de Kinshasa.
Laurent OMBA