Dans quelques jours, les Chefs des Confessions religieuses de la RD-Congo désigneront celui qui aura la charge de conduire le quatrième cycle électoral du pays et un membre de la plénière de la centrale électorale. Une lourde responsabilité. Mais sans grande surprise, il se constate que ces hommes de Dieu sont déjà en pleine guerre, par medias interposés, alors qu’ils sont censés se concentrer dans la prière pour implorer le ciel afin qu’il apaise leurs cœurs et les oriente dans le difficile choix qu’ils ont à opérer entre plusieurs candidats, dans la diversité de leurs origines, de leur foi et de leurs profils. L’on renseigne d’ailleurs que l’article 17 de leur charte qui prévoit le vote à défaut d’un consensus n’arrange plus l’église catholique et l’ECC qui pourtant l’avaient bien adopté avec les autres bien avant juin 2020.
Il nous souvient qu’en 2020, les hostilités entre les Confessions religieuses avaient commencé après la désignation de Malonda. Cette fois-ci, à en juger les articles sur la désignation distillés sur la toile, l’on déduit clairement que ces religieux n’ont pas tiré des leçons de la dernière expérience où, certains ont décidé de jeter de l’opprobre sur leurs pairs, les accusant de corruption, sans en avancer la moindre preuve, allant jusqu’à appeler la population à l’insurrection qui a entrainé des manifestations de rue ayant causé des destructions des biens publics et privés et des pertes en vies humaines.
Mais pourquoi nos pères spirituels s’empoignent-ils sans ménagement et de plus en plus sur la place publique ? La raison, selon les milieux proches des églises, réside dans la conscience des catholiques et de protestants de l’impossibilité de pouvoir imposer seuls leur propre président à la tête de la CENI, eux qui ne peuvent se rabaisser à négocier avec les autres confessions considérées sans importance.
Pourquoi l’échec des candidats de l’Eglise catholique et de l’ECC est assurée
Quelques jours d’enquête et des indiscrétions dans les milieux des religieux nous a permis de recueillir des témoignages des sources recoupées qui nous poussent à conclure que la désignation des délégués des confessions religieuses à la CENI ne sera jamais apaisée tant que les catholiques et les protestants se verront dans l’impossibilité d’imposer leurs candidats. Imposer ? Oui, puisque c’est la seule méthode possible pour ces deux églises empêtrées dans un complexe de supériorité qui les empêche d’assurer un leadership fédérateur et valorisant pour les autres confessions.
Tenez. En 2013, la loi accorde pour la première fois aux Confessions religieuses la prérogative de désigner un délégué qui devient Président de la CENI. Abbé Apollinaire Muholongu Malumalu, prêtre catholique, en sera le premier promu. Bien que jouissant de la réputation d’expert incontesté à travers le monde pour avoir créé ex nihilo la Commission électorale indépendante, devenue CENI, Malumalu qui agissait avec la bénédiction de son Evêque de Beni-Butembo a été rejeté par son Eglise parce qu’il a été choisi par les autres églises face à un candidat de la CENCO sans aucune expérience des élections.
En 2015, Corneille Nangaa dont le nom se trouvait notamment dans la banque des données de la CENCO a été désigné par les 7 autres Confessions religieuses, au détriment du candidat catholique, un professeur en philosophie. Nangaa sera lui aussi rejeté par l’église de Rome.
Beaucoup en concluent qu’il est quasi impossible que la désignation des délégués des confessions religieuses soit apaisée tant que les catholiques et aujourd’hui les protestants se verront dans l’impossibilité de faire passer leurs candidats. A en croire des sources, les deux églises développent des stratagèmes pour bloquer la désignation du nouveau président de la CENI. Ils anticipent, souligne-t-on, en préparant l’opinion à la contestation dans l’évidence de l’échec d’avoir un de leurs candidats à la tête de la CENI.
Dans cette lutte entre les «Grandes églises» et les «Petites» qui ne veulent pas être esclaves, il se sent une sorte de mépris des premières vis-à-vis des autres. Ce qui se justifierait par un sentiment de supériorité numérique discutable au vu des réalités actuelles. Des avertis estiment que c’est surtout un manque de tact qui constitue le principal handicap des Catholiques et Protestants dans leur démarche. On se souvient également qu’en 2020, les deux églises ont préféré le professeur Eale Bosela de l’ECC et Lamuka au technicien Cyrille Ebotoko disqualifié au motif qu’il n’a pas la carrure pour la fonction de président de la CENI. Question: Comment peuvent-ils relever le défi avec des candidats jamais à la hauteur de l’enjeu? Pire encore, des indiscrétions à l’ECC renseignent que les deux églises n’autorisent pas leurs candidats à entrer en contact avec les autres Confessions religieuses pourtant leurs électeurs.
Par ailleurs, certaines sources renseignent que l’article 17 de la charte de la plateforme des confessions religieuses qui prévoit le vote à défaut d’un consensus n’arrange plus l’église catholique et l’ECC qui souhaitent la retoucher en plein processus de désignation. La même charte dont la mise à côté en juin 2020 par le Cardinal catholique, préférant imposer ses propres règles, avait été à la base de tous les problèmes. Aurait-on un problème avec les textes ?
Le voleur crie au vol?
Aujourd’hui comme hier, des Confessions religieuses distillent malignement encore des soupçons de corruption. Un peu comme en juin 2020. Or, à six, les autres confessions religieuses n’ont en principe pas besoin de se corrompre mutuellement pour faire passer le candidat qu’ils auront choisi.
Cependant, un témoignage renseigne qu’en juin 2020, alors que la polémique Malonda bouillonnait, Révérend Eric Nsenga, porte-parole du Président national de l’ECC, André Bokundoa, aurait reçu de l’administration de cette église, une demande d’explication à la suite des plaintes de ses collègues qui se plaignaient d’avoir été roulés dans la gestion de la rondelette somme de USD 100. 000 reçus de l’Abbé Nshole de la CENC0 sans que la cause et la source ne soient connues. «Des correspondances sont là», garantit un pasteur qui précise que Nsenga avait sollicité un mois avant de répondre à la demande d’explication. Comme quoi, ce sont les corrompus qui crient à la corruption.
Tino MABADA