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Débâcle de la justice en RDC: le député Auguy Kalonji invite les magistrats à dénoncer les auteurs d’éventuels trafics d’influence et autres interférences, l’activiste Jean-Claude Katende appelle le président de la République à ses responsabilités

Le président de la République, Félix Tshisekedi, a fait, vendredi en Conseil des ministres, un constat amer sur l’administration de la justice en République Démocratique du Congo, critiquant le mauvais rendement des magistrats.

La sortie du magistrat suprême est saluée et diversement commentée. “Le président de la République a raison de critiquer la justice”, commente-t-on en chœur.

Alors qu’ils sont mis au banc des accusés, certains magistrats approchés dénoncent les mauvaises conditions de travail ainsi que les interférences des responsables politiques et militaires dont des proches conseillers du président de la République. “C’est bien de s’en prendre au rendement des magistrats. Mais le Garant de la Nation et du bon fonctionnement des Institutions nous faciliterait énormément la tache en rappelant à l’ordre tous ces responsables politiques et militaires dont les membres de son Cabinet qui ont la mauvaise habitude d’interférer dans notre travail, au mépris et en violation de l’indépendance de la justice pourtant consacrée par les textes”, se plaint un membre du Syndicat des magistrats non sans requérir l’anonymat.

“Il n’y a pas que les interférences, intimidations et autres trafics d’influence. Il y a aussi les mauvaises conditions de travail”, ajoute un autre magistrat abordé mardi au Tripaix de Kasavubu, s’exprimant, lui aussi, sous couvert de l’anonymat.

Ces accusations à charge notamment des conseillers du président de la République ont suscité la réaction du député national Auguy Kalonji. “Je ne suis pas d’accord quand les magistrats disent qu’il y a des intimidations et le trafic d’influence de la part de certains conseillers de la Présidence. S’ils le disent, c’est-à-dire qu’ils connaissent de qui il s’agit. Ils n’ont qu’à les dénoncer. Le président de la République leur a dit plusieurs fois que chaque fois qu’il y aura un Conseiller qui va essayer d’user de sa position pour marcher sur la justice, arrêtez-le ou dénoncez-le ! Mais nous n’avons jamais entendu qu’un Conseiller ou qui que ce soit a été dénoncé par un magistrat”, tempête cet élu du peuple appelant tout le monde à rectifier le tir.

Pour lui, ce cri d’alarme du président de la République devrait interpeler tout le monde. “Ce n’est plus le temps de se justifier mais c’est le temps de corriger ce qui ne va pas et c’est le temps de travailler pour que les choses avancent. Le peuple souffre à partir de mauvaises décisions que parfois la justice rend en défaveur du petit peuple pour privilégier certaines autorités ou ceux qui ont plus des moyens”, renchérit-il.

Tout en appelant le président de la République à ses responsabilités, Maître Jean-Claude Katende, président de l’association congolaise de défense des droits de l’homme -ASADHO- prie, pour sa part, les magistrats à brandir l’indépendance que leur assure la Loi pour refuser de faire droit
à toute sollicitation non éthique, sinon à démissionner s’ils trouvent l’environnement hostile.

“Je crois personnellement que les magistrats ont tort de dénoncer le trafic d’influence, intimidations et interférences dans la mesure où la loi leur garantit une certaine indépendance. Et dans le cas de la situation que nous connaissons en République Démocratique du Congo, ils doivent se montrer un peu courageux. Mais dans la plupart de cas, ces magistrats, qui soi-disant, dénoncent les interférences, les intimidations et les trafics d’influence, veulent rester dans leur confort à Kinshasa et c’est la raison pour laquelle ils ne veulent pas dénoncer ou refuser d’obéir à ces intimidations ou trafics d’influence. Dans le cas qui me concerne moi, je donnerai tort à ces magistrats. S’ils estiment qu’ils travaillent dans un environnement qui ne leur permet pas d’être indépendants et d’assurer leur travail comme il se doit, ils ne peuvent que démissionner. Je pense que cela va donner encore du poids à leur travail et leur permettre à être respectés par notre société”, déclare l’activiste des droits de l’homme.

Jean-Claude Katende a le sentiment qu’il faut le plus plaindre le peuple dans cette situation. “Parce que, vous savez bien que moi, la justice est rendue au nom du peuple congolais. Ça veut dire, en d’autres termes, que mêmes les jugements iniques qui sont rendus, c’est en notre nom. Ça veut dire que nous, le peuple, devons surveiller les magistrats et les juges, suivre les décisions qu’ils rendent en notre nom de sorte que si ces décisions ne sont pas conformes aux lois, à la justice et au bon sens, nous pouvons les dénoncer ou organiser des marches pour dénoncer ce genre des magistrats ou des juges”, explique-t-il.

Le président de l’ASADHO est d’avis que la responsabilité dans la débâcle de la justice en République Démocratique du Congo est partagée. Mais il pense surtout qu’elle doit, dans une large mesure, incomber au Chef de l’État. “Le président de la République est lui-même la personne qui nomme et relève en dernier ressort les magistrats, c’est sa responsabilité”, assène-t-il en définitive.

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