La RD-Congo se trouve dans une période préélectorale et la Commission électorale nationale indépendante -CENI- se doit d’organiser des élections crédibles, paisibles, transparentes et cela dans le délai constitutionnel. Approché à ce sujet, le coordonnateur de la Nouvelle société civile du Congo -NSCC-, Jonas Tshiombela Kabiena, a démontré sa grande crainte de voir les élections de 2023 ne pas être organisées sur l’ensemble du pays mais en partie. «Les élections ont un caractère inclusif. On ne peut organiser les élections avec une partie du pays en guerre. Nous devons conjuguer des efforts pour que la paix revienne à l’Est du pays sinon nous tomberons dans un cas où l’Ituri et le Nord-Kivu ne participent pas aux élections», a-t-il indiqué. Entretien.
2023 approche, comment à la NSCC, voyez-vous le processus électoral au pays?
Je pense que toutes les parties prenantes doivent se mobiliser pour jouer leur rôle. La CENI, les partis politiques, la Société civile, la Communauté internationale ainsi que le gouvernement. Nous, la Société civile, mettrons en place, dès la semaine prochaine une opération dénommée: les électeurs de qualité pour des élus de qualité, car les électeurs doivent eux aussi prendre leur responsabilité pour donner au Sénat, l’Assemblée nationale et aux autres institutions des animateurs de bonne qualité.
La NSCC n’entrevoit-elle pas un glissement en perspective?
Je ne suis pas Dieu pour prédire ce que nous serons en 2023. Mais, je sais qu’une cartographie est en train d’être mise à jour, celle qui déterminera les bureaux de vote, les centres d’enrôlement et autres. La CENI doit nous remettre un calendrier complet avec des dates précises; ce qui nous permettra d’avoir une bonne opinion sur les élections de 2023 parce qu’au-delà de cette date, les tensions risquent d’être au rendez-vous comme ce fut le cas en 2011. Nous allons prendre nos responsabilités pour éviter de tomber dans les spéculations. La NSCC va jouer son rôle qui est entre autres celle de la mission d’observation des élections, la sensibilisation et de l’éducation civique de la population ainsi que la surveillance citoyenne, car pour avoir des élus de bonne qualité, il faut les électeurs de bonne qualité.
La CENI a signé un contrat d’acquisition de kits électoraux avec Miru System C.O. Elle a annoncé le début des opérations d’enrôlement des électeurs au mois de décembre prochain. Quel est votre point de vue?
Je pense que l’acquisition des kits n’est pas un problème primordial. A la place, on devrait se borner sur l’insécurité à l’Est. Je prends le cas de Bunagana, comment la population de cette contrée va participer aux élections étant donné qu’elle est en guerre? Comment faire les opérations d’enrôlement sur un terrain où il y a l’insécurité. Et pouvez-vous vous imaginer ce qui arriverait si les agents de la CENI, eux-mêmes, ne sont pas sécurisés? Comment ces kits électoraux vont circuler dans des zones qui ne sont pas contrôlées? Ce sont là les importantes questions qu’il faudrait se poser.
Etant donné que l’insécurité à l’Est du pays persiste. Craignez-vous une possible annulation des élections?
Mais bien évidemment. Pouvez-vous imaginer une partie du pays en train de voter pendant que l’autre est en guerre? C’est impossible. La situation sécuritaire à l’Est sera avancée comme raison si nous ne prenons pas nos responsabilités.
Propos recueillis par Espérant KALONJI et Anny MODI