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La BM suspend son financement, la Société civile RD-congolaise prend acte

La Banque mondiale -BM- a, dans un communiqué publié lundi 25 juillet dernier, annoncé avoir suspendu le décaissement du financement accordé au projet hydroélectrique Inga III en RD-Congo et à d’autres infrastructures hydroélectriques de moyenne taille du pays, avec à la clé un montant d’USD 73,1 millions. C’est un coup dur pour le projet de barrage hydroélectrique Inga III de 4800MW en RD-Congo.
Consécutivement à cette décision, la Coalition des organisations de la Société civile pour le suivi des réformes et de l’action publique -CORAP- en accord avec les organisations de la Société civile engagées dans le suivi du projet grand Inga, réunis au siège du CENADEP jeudi 28 juillet dernier, ont pris acte de cette mesure.
La décision de la Banque mondiale -BM- de suspendre le financement du projet Inga III n’a pas laissé indifférente la Société civile RD-congolaise.
Trois jours après l’annonce de cette décision, soit le jeudi 28 juillet dernier, il s’est tenu, à Kinshasa, une séance de travail entre la Coalition des organisations de la Société civile pour le suivi des réformes et de l’action publique -CORAP- et les organisations de la Société civile engagées dans le suivi du projet grand Inga. Au sortir de cette séance de travail, les parties prenantes ont déclaré «prendre acte de la décision de la Banque mondiale, du 25 juillet 2016, de suspendre son assistance technique en faveur du gouvernement RD-congolais dans le cadre du développement du projet hydroélectrique Inga III basse chute et de quelques sites de taille moyenne en RD-Congo, avec à la clé un montant d’USD 73,1 millions». Au travers de cette attitude de la BM, les organisations de la Société civile ont décelé un malaise entre l’exécutif RD-congolais et l’institution Bretton woods qui est son partenaire.
Elles ont néanmoins réitéré leur soutien au projet grand Inga tout en émettant 5 revendications clés en rapport avec ledit projet. «La prise en compte des risques que peuvent encourir les communautés d’Inga lors de la construction du barrage Inga 3 BC et la réhabilitation des familles affectées par Inga 1 et 2» est la première de ces revendications de la part de la Société civile qui insiste aussi sur l’affectation d’au moins 50% de l’électricité, qui sera produite, aux besoins de la population RD-congolaise.
«Le respect des normes techniques, environnementales et sociales internationales, notamment les politiques de sauvegarde, les recommandations de la Commission mondiale des barrages, la Déclaration universelle des droits de l’homme et autres instruments connexes, la norme technique de construction, ainsi que les lois de la RD-Congo, entre autres la loi portant principes fondamentaux sur l’environnement, la loi relative au secteur de l’électricité, la loi sur la passation marchés publics, etc.», ont également réclamé ces organisations de la Société civile, avant d’insister sur la plus large diffusion de l’information concernant le projet Inga III auprès du grand public ainsi que sur l’implication effective de la Société civile dans toutes les phases du déroulement de ce projet. Elles ont par ailleurs interpellé toutes les parties prenantes au respect des engagements pris sur la manière de conduire le projet, notamment sur les études d’impacts environnementaux et sociaux et d’autres études complémentaires.
Une évaluation sévère de l’état d’avancement du projet
La dernière note d’évaluation d’avancement du projet, datée du 13 juin dernier, dresse toutefois un diagnostic sévère. Les équipes de la BM jugent très insuffisants les progrès enregistrés vers la réalisation de ce projet, en particulier, en ce qui concerne les retards dans l’instauration de l’autorité en charge du développement et de la gestion d’Inga III, prévue en avril 2014 dans le calendrier initial, puis reportée au plus tard à décembre 2015 sans plus de succès.
Dans la note du 13 juin, les équipes de l’institution de Bretton Woods s’interrogent sur le fait que cette autorité ait été intégrée au cabinet de la présidence. Par ailleurs, la position de la Banque africaine de développement -BAD-, quant à la poursuite de son assistance technique au projet Inga, n’est pas encore connue. L’institution panafricaine s’était engagée en 2014 à apporter un financement d’USD 30 millions aux côté de la BM. Les deux institutions avaient déjà contesté, fin 2014, le coût jugé exorbitant des honoraires perçus par les conseillers juridiques, financiers et techniques du projet.
Laurent OMBA
René KANZUKU

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