«Nous ne voulons pas du comité Kumarer et prions à son parapluie de cesser avec le processus de la balkanisation et d’instauration d’une dynastie Tutshi d’Idiofa, une politique qui ne paie pas. Nous sommes prêts, Excellence Monsieur le ministre, à tout et pour tous et le jour où ce comité foulera le site universitaire», lit-on dans une correspondance adressée à Théophile Mbemba et dont une copie est parvenue à AfricaNews
Depuis le 29 décembre 2015, le ministre de l’Enseignement supérieur et universitaire, Théophile Mbemba Fundu, signe une série d’arrêtés ministériels portant nomination de nouveaux membres des comités de gestion des universités et instituts supérieurs publics. Le ministre affirme avoir constaté la mauvaise gestion académique, administrative et financière qui a élu domicile au sein des établissements de l’ESU et a jugé bon de mettre à leur tête les personnes compétentes pour accompagner le gouvernement de sa politique de réforme en cours dans le secteur de l’ESU. Il compte ainsi donner un souffle nouveau au bon fonctionnement de nos universités. Mais à Idiofa, dans la province du Kwilu, la dernière mise en place du ministre à la tête de l’Institut supérieur des techniques médicales -ISTM/Idiofa- est contestée par les ressortissants de cette cité. Ils ont manifesté leur opposition en écrivant au ministre Théophile Mbemba. Déjà, le 7 avril dernier, ils ont organisé une marche dans la cité d’Idiofa pour exprimer leur mécontentement. «150 policiers de Kikwit ont été dépêchés à Idiofa pour stopper net cette marche qui allait déborder», témoigne un habitant. A la lecture de la correspondance adressée au ministre de tutelle, le feu couve sous les cendres. Les contestateurs, regroupés au sein de l’Unité des ressortissants d’Idiofa, maintiennent leur menace.
La situation sécuritaire reste explosive non seulement sur le campus de l’Institut supérieur des techniques médicales d’Idiofa -ISTM/Idiofa- mais également dans la cité d’Idiofa. Et pour cause: la contestation de la nomination du nouveau comité de gestion de cet établissement d’enseignement supérieur par le ministre Théophile Mbemba. Les contestateurs, regroupés au sein de l’Unité des ressortissants d’Idiofa, maintiennent la pression et menacent d’agir selon leur bon vouloir. Dans une correspondance portant plus de 100 signatures adressée au ministre Mbemba, les termes utilisés ne sont pas paisibles mais plutôt menaçants. «Nous ne voulons pas du comité Kumarer et prions à son parapluie de cesser avec le processus de la balkanisation et d’instauration d’une dynastie Tutshi d’Idiofa, une politique qui ne paie pas. Nous sommes prêts, Excellence Monsieur le ministre, à tout et pour tous et le jour où ce comité foulera le site universitaire», lit-on dans une correspondance adressée à Théophile Mbemda et dont une copie est parvenue à AfricaNews.
Dans le premier paragraphe, les signataires de ladite correspondance notent que l’ISTM/Idiofa est l’initiative propre et personnelle de M. Egide Wawende, sans implication d’un seul politicien du territoire d’Idiofa. «L’ISTM/Idiofa est sa deuxième initiative après l’ISP/Idiofa. Après avoir acquis son autonomie, l’Etat congolais, par sa méconnaissance, l’a remercié en monnaie de singe en le laissant sur la rue. Aujourd’hui encore, initiateur et bâtisseur de l’ISTM/Idiofa, le même Etat congolais, par votre entremise s’interpose en remplaçant ce comité fort et dynamique qui est en cours de réalisation de beaucoup de projets de développement du territoire d’Idiofa par un comité des hommes inactifs, inefficaces, improductifs, détourneurs et amoraux, dans les établissements d’où ils viennent», accuse-t-on dans leur lettre.
Griefs à l’endroit du DG Kumarer
Les ressortissants d’Idiofa reprochent beaucoup de choses au nouveau DG de l’ISTM. Notamment plusieurs conflits s’étant soldés par mort d’hommes au village de Musanga lorsqu’il fût préfet de l’Institut Longo de la Communauté CEBIE et cela suite au débordement de la concession leur accordée par les autochtones du village précité ainsi que la bataille de Kikwit. Il en est de même du fait que lorsqu’il était DG de différents CIDEP de l’ex-province de Bandundu aujourd’hui à l’extinction, M. Kumarer n’a livré aucune attestation à ses étudiants. Ils regrettent le fait que parti de CIDEP, Kumarer a été soutenu et promu DG de l’ISC/Idiofa en remplacement de Ngongo Oso Oles, initiateur de cet établissement. «Quatre ans durant, il n’a rien construit. Le président du C.A.-IST peut le témoigner pour avoir vécu le fait sur le terrain lors de sa visite officielle du 17/02/2014», soulignent-ils. Et de fustiger l’organisation anarchique des options Gestion administrative et scolaire, Statistiques et transport, options non reconnues au Programme officiel de la RD-Congo. Aussi, il est reproché à Kumarer Nyeth Joachim d’avoir emporté toute la caisse pour se refugier à Bandundu sans payer aux agents leurs primes du 1er semestre de cette année 2015-2016. La question est posée au ministre: «Aujourd’hui Excellence Monsieur le ministre, de surcroit tout, vous prenez la ferme décision de l’envoyer à l’ISTM/Idiofa, que viendra-t-il faire? Se souciera-t-t-il de l’assurance-qualité si lui-même se proclame professeur ordinaire sans arrêté et acte de nomination?». Pour préserver la paix sociale et la cohésion patriotique, les signataires disent non au comité que le ministre vient de nommer qu’ils accusent d’être chapoté par des hommes sans initiatives ni créativités. «En soi, le comité que vous venez de faire partir a géré l’institution sous forme d’extension de l’ISTM/Kinshasa. Maintenant qu’il y a autonomie, nous vous demanderions de lui accorder ce mandat en vue de finaliser divers projets entrepris pour l’émergence du territoire d’Idiofa», réclament-ils. Les chefs coutumiers du secteur de Kalanganda ont également écrit au ministre de l’ESU plaidant la même cause. «Mbua imene kutantika mbua», traduisez avec nous: «le chien a mordu le chien», se plaigne-t-on. Egide Wawende, initiateur de l’ISTM/Idiofa fût le secrétaire provincial du gouvernement de l’ex-Bandundu. Il est actuellement secrétaire exécutif du PPRD/territoire d’Idiofa. Le DG contesté est également membre du PPRD. Voilà qui fait dire aux analystes que dans le fief électoral d’Aubin Minaku, il y a une tension entre les membres du parti qu’il faut apaiser.
Octave MUKENDI

4 minutes de lecture