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Une vielle gloire, Tubilandu Dimbi réclame la garantie des anciens joueurs aux autorités du pays

Si un paquet d’anciens joueurs s’éclipsent, d’autres choisissent de transmettre leur passion en devenant entraîneur. Albert Tubilandu Dimbi fait partie de la lignée des gardiens de but d’exception fournis par la commune de Matete et qui ont brillé de mille feux sur tous les terrains où ils ont été amenés à faire étalage de leurs talents multiples. Des noms de prestigieux gardiens de but comme Landu «Lantos» son frère aîné, François Bete «Keeper volant», Élastique, Emmanuel Siampasi, Nzengele Bucoro, Bokemo Jungle, Matuka Malik… sont encore frais dans la mémoire des sportifs matetois.
Au summum de sa forme, Tubi qui n’avait plus rien à prouver, a laissé des souvenirs indélébiles de ses exploits dans les stades du pays, du continent africain, voire européen tant au sein de l’As V.Club que dans l’équipe nationale des Léopards. Son palmarès est éloquent: 14 trophées avec les Dauphins noirs dont une Coupe d’Afrique des clubs champions en 1973, une Coupe d’Afrique des nations «Moseka» avec les Léopards en Égypte en 1974, une participation au Mondial 1974 en Allemagne fédérale.
Il a rivalisé d’ardeur avec les Kazadi, Pombi, Raphaël Montonga, Sambi, Carol, Mputu, etc. Surnommé «Grand Niawu» par ses fanatiques, vu l’élasticité de ses mouvements, sa bonne lecture du jeu, ses placements dans les perches et sa détente en dépit de sa taille moyenne, Tubilandu Dimbi a été la bête noire des tireurs de penalties qu’il arrêtait avec l’aisance d’un chat. Sans être invincible, Grand Niawu concédait néanmoins rarement des buts.
Ce qui motivait davantage ses coéquipiers surtout dans les rencontres décisives, car ce dernier rempart ne s’avouait jamais vaincu à l’avance. Bref, c’est le genre de gardiens qui inspiraient à la fois confiance et respect autant des partenaires que des adversaires. Âgé de 63 ans et père de 7 enfants, Tubilandu a achevé sa carrière active sur le terrain en 1989. Devenu entraîneur en 1995, il s’occupe depuis lors de l’encadrement de la jeunesse féminine et masculine, particulièrement les gardiens de but. Entretiens.
Comment êtes-vous arrivé au football?
Le football était une passion. J’étais au départ joueur de champ, un avant-centre. J’ai fait mes débuts alternativement dans les équipes As Maï-Ndombe dans la commune de Matete, Racing club Matete, Babeti ya Kin, Kalamu et finalement As V.Club.
Votre grand frère Landu fut un grand gardien de buts. Dans quelles équipes a-t-il évolué et quel rôle a-t-il joué dans votre carrière sportive?
Mon grand-frère «Lantos» était gardien de l’équipe Nomades,-plus tard Ac Matonge- où il a réalisé de grandes prouesses. Sa prestation était si éblouissante qu’il a été retenu pour garder les perches de l’équipe des anciens Belgicains venus se produire au stade Tata Raphaël à Kinshasa. Il s’agissait entre autres de Bonga-Bonga, Assaka, Lolinga, Braine Mayama, etc. C’est grâce à Lantos que je me suis lancé dans le keeping. Il m’a motivé et encouragé dans ma carrière.
Quel a été votre parcours avant d’atterrir dans V. club?
Mes plus hauts faits d’armes ont été réalisés dans Vita Club. Les dirigeants du team vert-noir ont tenu à s’assurer de mes services à l’issue d’un match historique livré par le Racing Club Matete «Armée rouge» avec les Kakoko, Moembo Champro, Loko. J’ai gardé intactes mes pâquerettes annihilant les assauts répétés de l’attaque mitraillette des Kibonge, Kembo, Mayanga, Mayaula. Le match s’est terminé sur le score de parité de zéro but partout en ce dimanche ensoleillé dans un stade plein à craquer. Cela a suffi pour que toutes les démarches soient entreprises en vue de mon intégration dans V.Club. J’ai gardé pour la première fois les bois des Dauphins noirs au cours d’un match livré en nocturne face au Spartak de Moscou. J’ai arrêté une balle sur pénalty, m’attirant de ce fait la confiance et la sympathie de toute l’équipe.
Quels sont les plus grands souvenirs qui ont marqué votre carrière et quelles leçons en avez-vous tirées?
La Coupe d’Afrique des nations «Moseka» remportée au Caire en 1974 avec les Kazadi, Lobilo, Mukombo, Bwanga, Mwepu, Mana, Mavuba, Kembo, Kakoko, Mayanga, Kibonge, Kidumu, Tshinabu, Kilasu, Ndaye… La Coupe d’Afrique des clubs champions avec V.Club face à l’Ashanti Kotoko de Kumasi en 1973 avec les Pombi, Luyeye, Matondo, Musungu, Lobilo, Kondi, Mavuba, Kibonge, Ndaye, Kembo, Mayanga, Magie Nsangu… Notre participation à la phase finale de la Coupe du monde en Allemagne fédérale en 1974 remportée par l’Allemagne de Franz Beckenbauer face à la Hollande de Johan Cruyff. Que de grands souvenirs!
Qu’est-ce qui a fondamentalement changé pour les gardiens de buts par rapport à votre époque du point de vue préparation physique, technique, psychologique?
A notre époque, on n’avait pas d’entraineurs pour les gardiens. Avec beaucoup de passion, nous travaillions seuls d’arrache-pied pendant plusieurs heures en y mettant beaucoup de sérieux. De nos jours, les jeunes gens une fois rémunérés sont obnubilés par l’orgueil oubliant que cet argent est le fruit du travail. Certes, avec la présence d’entraîneurs spécialisés qui apportent de nouvelles connaissances et le matériel approprié qui nous faisait tant défaut à l’époque, beaucoup de fondamentaux ont évolué dans la préparation des gardiens.
Sur quels axes insistez-vous le plus pendant l’encadrement des gardiens dans les équipes nationales masculines et féminines? Les filles sont-elles différentes des garçons?
J’ai voyagé deux fois avec les filles en Coupe du monde au Chili et en Russie. Malgré leurs capricieuses, je les ai toujours considérées au même titre que les garçons. J’insiste beaucoup sur la discipline et le mental training. La rigueur dans le travail reste la même chez les garçons tout comme chez les filles.
Depuis quelques années, les grandes équipes de la RD-Congo recourent davantage aux gardiens étrangers. N’y a-t-il pas un risque pour les Léopards de manquer de goal-keepers aguerris?
Cela est vrai, ce phénomène est nouveau dans notre pays, chaque équipe cherchant à s’attirer les services de grands gardiens pour besoin de résultats surtout dans les compétitions internationales. La seule compétition intercontinentale où le pays ne peut pas compter sur ces gardiens est le CHAN. Mais les goal-keepers RD-Congolais qui émergent partout ailleurs attirent toujours l’attention des sélectionneurs de l’équipe nationale. Un autre aspect est le traitement réservé aux entraîneurs nationaux dans plusieurs disciplines sportives. Dans notre pays, il y a des entraineurs mais qui ne bénéficient pas toujours de la considération de nos dirigeants. Curieusement, lorsqu’un entraineur étranger exige soit un ballon, soit un voyage pour une préparation, on le lui accorde facilement. Ce qui n’est toujours pas évident avec les RD-Congolais. Regardez le travail de haute facture abattu par le coach Flory Ibenge qui a propulsé les Léopards dans le peloton des icônes du football continental. Suivez mon regard.
Le football congolais a-t-il un avenir?
Oui. On a beaucoup de chances. Pour ne parler que des Léopards, il nous reste deux matches pour la qualification à la phase finale de la Coupe du monde en Russie en 2018. C’est le moment de nous mobiliser à tous les niveaux, disponibiliser les moyens conséquents suffisamment à temps pour une préparation rigoureuse. Nous devons tirer les leçons de la dernière CAN au Gabon où nous aurions pu nous faire tresser la couronne des lauriers. Le pire ennemi de toute formation sportive est l’improvisation.
Propos recueillis par Frezia KABAMBA
 

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