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Pénurie du carburant à Kinshasa : Muyaya, Kazadi et Budimbu jouent à l’apaisement

La pénurie observée depuis dimanche jusqu’à mardi dernier à Kinshasa dans le secteur des hydrocarbures a eu comme effet nocif la surchauffe généralisée dans le domaine des transports en commun. Et il n’en fallait pas plus pour que le gouvernement de la République, à travers un briefing organisé mercredi 06 avril, explique à l’opinion nationale les véritables causes de cette situation, mais aussi les stratégies à mettre en place pour éviter le choc.

C’est ainsi que le ministre des Hydrocarbures, Didier Budimbu, le ministre des Finances, Nicolas Kazadi, et celui de la Communication et Médias, porte-parole du gouvernement, Patrick Muyaya Katembwe ont été face à la presse, le mercredi 6 avril 2022, dans le cadre de l’exercice de redevabilité. Après l’introduction, comme il en a l’habitude, par le ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement, son collègue Didier Budimbu, en tant que ministre des Hydrocarbures, a pris la parole en vue de dire aux professionnels des médias, ce qui s’est réellement passé.

«Je peux vous garantir qu’il n’y a ni rupture de stock, ni pénurie, et que les prix restent inchangés au niveau des stations-services», a-t-il dit, poursuivant qu’«on avait tout simplement un problème de logistique. La SEP qui prend en consignation les prix de tous les commerciaux a eu quelques difficultés et ses véhicules ne sont pas sortis pour approvisionner les stations comme d’habitude.

Du coup, une folle rumeur a circulé sur la pénurie alors qu’il n’en est rien. Suite à cette situation, les gens ont afflué vers les stations en vue de s’approvisionner au-delà des quantités habituelles». Face à la situation en Ukraine, Didier Budimbu invite la population à changer d’habitude par rapport à l’achat à la pompe, car, depuis un moment, un litre d’essence est vendu à 2095 Fc alors qu’il devrait en principe revenir à 3485 Fc. Ce qui donne un écart de 66%.

Dans ses explications, il a laissé entendre que l’Etat complète l’achat de chaque litre avec un montant de 1400 Fc. Cela étant, sur 66 millions de mètres cubes achetés, l’Etat dépense près de USD 42 millions. Quant au stock actuel, il a une durée de 3 mois, a-t-il ajouté, rassurant de l’approvisionnement régulier au fur et à mesure.

Prenant la parole, à son tour, le ministre des Finances, Nicolas Kazadi, s’est appesanti sur les stratégies arrêtées par le gouvernement pour éviter le choc, lesquelles seront discutées lors du Conseil des ministres qui aura lieu ce vendredi 08 avril.

A l’en croire, le secteur pétrolier apportait plus, auparavant, dans le Trésor public. Mais à partir de 2004 jusqu’à 2019, «on a dû sacrifier les fiscalités pour que les RD-Congolais ne subissent pas de plein fouet des conséquences de cette crise». Et de poursuivre qu’«au courant du premier semestre de 2021, nous avons payé pour les 9 mois qui restaient USD 125 millions de manque à gagner, c’est-à-dire la différence entre le prix normal qu’aurait dû avoir le litre à la pompe et le prix réel qu’on applique pour éviter aux RD-Congolais une hausse de prix».

Il a en outre expliqué que, pour les trois mois restants, «les pétroliers nous ont réclamé près de USD 122 millions. Nous avons réduit ce montant et avons commencé à payer». Pour Nicolas Kazadi, tant que les prix à l’international continuent d’augmenter, la dette s’accroît et les pétroliers refusent de continuer à faire crédit à l’Etat RD-congolais.

Quelles pistes de solutions?

Pour l’argentier de la République, ils réfléchissent avec son collègue des Hydrocarbures, y compris les pétroliers, sur la manière de maintenir un niveau supportable à la station. En d’autres termes, comment continuer à subventionner, mais de manière supportable.

En deuxième lieu, il s’agit d’autres secteurs dont celui minier qui est un gros consommateur des produits pétroliers, il n’y a pas de raison de continuer à faire de subvention. La troisième piste, c’est la probabilité de réajuster le prix à la pompe. Pour cela, a-t-il informé, un travail se fait aux ministères de l’Economie, Hydrocarbures et Finances pour apporter des données précises au Conseil des ministres de ce jour.

De son côté, le ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement a, lors de sa prise de parole, rappelé l’ampleur de la crise ukrainienne avec son impact sur la situation du carburant en RD-Congo. «La situation que nous avons observée ces derniers jours en RD-Congo en est une des conséquences et ce n’est que le début, parce qu’on n’a pas encore fini d’imaginer l’ampleur de cette crise qui paralyse aujourd’hui au niveau mondial».

Poursuivant son explication, «vous savez que la Russie est un pays parmi les premiers producteurs du pétrole. Aujourd’hui, aucun pays européen, occidental, ne peut utiliser l’Euro ni le dollar, cela veut dire que nous aussi nous avons des problèmes d’accès aux ressources».

L’on retiendra par ailleurs que le stock actuel du carburant, comme l’a si bien dit Didier Budimbu, permettra de tenir pendant 3 mois. Après cette période, le gouvernement pourra envisager une hausse modérée du prix de l’essence pour éviter le choc sur le plan de l’augmentation des prix d’autres produits sur le marché. Pour ce faire, il invite la population au calme, dans la mesure où, fondamentalement, il n’y a pas de raisons de paniquer, étant donné que la situation est sous contrôle.

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