Nadia Mavuba Kimena est avocate de profession et femme politique. Elle est secrétaire générale adjointe chargée de la communication et porte-parole de l’Union démocratique africaine Originelle -UDA Originelle. Elle est mariée et mère de deux enfants. Depuis son enfance, les injustices l’ont toujours écœurée. Raison pour laquelle elle a embrassé le domaine du droit pour défendre les plus faibles. Dans une interview accordée à «AfricaNews», elle épingle les difficultés auxquelles les avocats, les magistrats et l’ensemble du personnel des services judiciaires sont confrontés, entre autres la faible rémunération, le fait que certains d’entre eux peuvent subir des pressions de la part des personnes qui veulent être au dessus des lois de la République. Estimant que le pourcentage des femmes dans les institutions étatiques reste faible, elle les appelle à intégrer les partis politiques pour se faire élire au sein des institutions. Selon elle, la RD-Congo regorge de nombreuses femmes capables de relever les défis auxquels font face la nation RD-congolaise. «Cependant, dit-elle, la majorité d’entre elles ne s’impliquent pas dans la vie politique». Entretien.
Madame, pouvez-vous nous dire ce qui vous a poussée à embrasser le métier d’avocat?
Depuis ma plus tendre enfance, les injustices m’ont toujours écœurée. Défendre les plus faibles, contribué à avoir une société plus juste en luttant contre les injustices, luttées pour une meilleure application des lois, est autant de choses qui m’ont naturellement conduite à opter pour la faculté de Droit et à embrasser la profession d’avocat.
Comment les choses se passent-elles dans ce secteur et quelles sont les difficultés auxquelles vous êtes confrontée dans l’exercice de votre métier?
La profession d’avocat est une profession noble. Cependant, son exercice dans le pays met en évidence les problèmes réels qui affectent non seulement les avocats, mais aussi l’ensemble de la population RD-congolaise. Juste après ma prestation de serment, j’ai pu me rendre compte des difficultés auxquelles étaient butés les avocats, les magistrats, ainsi que l’ensemble du personnel des services judiciaires: la vétusté et l’insalubrité des bâtiments et lieux de travail, la rémunération faible, le fait que certains d’entre eux peuvent subir des pressions de la part des personnes qui veulent être au-dessus des lois de la République…
Vous êtes également cadre de l’UDA Originelle, membre du Rassemblement. Comment réconciliez-vous vos responsabilités d’avocate, de femme politique et femme au foyer?
Effectivement, je suis cadre de l’UDA Originelle -secrétaire générale adjointe chargée de la communication et porte-parole. L’UDA Originelle, mon parti, vise la conquête du pouvoir par des voies pacifiques et démocratiques, et l’un des piler de son projet de société est l’amélioration des conditions de vie des RD-Congolais. Et en ce qui concerne le combat pour l’atteinte des objectifs communs -le combat pour l’alternance démocratique, le combat pour le respect de la Constitution, le combat pour l’instauration d’un État réellement démocratique-, l’UDA Originelle a des alliés. C’est ainsi que nous sommes membres de cet ensemble qui est la Dynamique de l’Opposition -plate-forme qui regroupe plusieurs partis politiques d’Opposition. Et comme vous le savez, le Rassemblement étant ce grand ensemble, qui regroupe plusieurs plateformes, dont la Dynamique de l’Opposition, l’UDA Originelle est également membre du Rassemblement. Je fais partie de ces personnes qui aiment avoir une vie bien remplie. Ce qui implique forcément le fait d’être à même de porter plusieurs casquettes. Et pour remplir les obligations liées à chacune d’elles, cela nécessite une certaine organisation, une bonne gestion du temps et le fait de pouvoir mettre chaque chose à sa place.
Dans le contexte actuel, quelle lecture faites vous de la femme RD-congolaise au plan politique, socio-économique, culturel et éducationnel?
Je dirais tout de suite que la femme RD-congolaise est une femme forte, une femme battante. Sur mon blog, j’ai publié plusieurs articles pour rendre hommage à cette femme: vu la grave crise économique que traverse la RD-Congo, dont environ 80% de l’économie relève du secteur informel; vu que l’Etat a failli à sa mission concernant la création d’emplois; ce sont justement les femmes, dans la grande majorité de cas, qui œuvrent dans ce secteur informel, pour la survie des familles. Aujourd’hui encore en RD-Congo, le pourcentage de femmes qui meurent en donnant la vie est l’un des plus élevés dans le monde. Et sur le plan culturel, les femmes font encore l’objet de discriminations, que ce soit en milieux professionnels ou familials. Sur le plan politique, bien que la Constitution et les différents instruments juridiques ratifiés par le pays consacrent la parité et la non-discrimination à l’égard de la femme, le pourcentage des femmes dans les institutions étatiques reste faible. Et le manque du caractère contraignant -absence de sanctions- relatif à la loi portant modalités d’application des droits de la femme et de la parité ne permet pas de faire évoluer les choses. Pour renverser la tendance, il faudrait qu’en amont, les femmes s’impliquent dans la vie des partis politiques et s’intéressent à la vie publique. L’UDA Originelle est résolument engagée à promouvoir et à faire avancer les droits des femmes. C’est ainsi que les femmes du parti s’impliquent dans sa vie et sa gestion. A tous les niveaux et dans toutes les structures du parti, les femmes occupent des postes clés et assument leurs responsabilités.
Croyez-vous en la capacité des femmes RD-congolaises de faire bouger les lignes dans tous les secteurs que vous venez d’évoquer?
Le pays regorge de nombreuses femmes capables de relever les défis auxquels font face notre nation. Cependant, la majorité d’entre elles ne s’impliquent pas dans la vie politique. Parmi celles qui œuvrent déjà dans ce secteur, plusieurs accomplissent de grandes réalisations, mais sans être forcément connues du grand public. D’où l’importance de faire connaître par différents moyens -réseaux sociaux et médias- nos idées et nos actions.
Quels conseils donnerez-vous aux femmes et jeunes filles qui vous liront en cette période d’opération d’enrôlement d’électeur à Kinshasa?
Ayez de l’ambition, fixez-vous des objectifs, ne cessez pas d’apprendre et de vous former, soyez de ceux qui marquent positivement l’histoire de leurs pays et soyez un modèle et un repère pour les générations futures. Vous pouvez le faire en optant pour la vie politique. L’UDA Originelle a appelé ses militants, ainsi que l’ensemble de la population RD-congolaise à un enrôlement massif en vue des élections, tout en rappelant que les élections constituent à la fois un droit et un devoir citoyen. Le parti qui se prépare déjà aux élections et qui compte aligner ses candidats à tous les niveaux, aux différents scrutins, encourage particulièrement les candidatures féminines.
Votre dernier mot?
J’aimerais clore cet entretien par cette belle citation: «célébrons la femme le 08 mars, mais faisons avancer ses droits chaque jour».
Propos recueillis par Octave MUKENDI
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