Des hydrologues et des politologues ont identifié les zones dans le monde où l’eau pourrait être au cœur des conflits entre Etats. L’Afrique s’en est une. La RD-Congo est prévenue.
Le partage des eaux pourrait être au cœur des nombreux futurs conflits dans le monde. Après avoir analysé la situation de l’accès à l’eau potable dans différents pays, des hydrologues et des politologues ont indiqué quelques régions en Asie du Sud, en Afrique et en Amérique latine, risquaient de voir éclater des conflits pour cette source. L’eau potable est une ressource capable de provoquer des conflits sanglants entre des pays qui se disputent avec leurs voisins le droit d’en avoir l’accès, a indiqué un article publié dans la revue «Global Environmental Change».
Dans un rapport publié par OMS et UNICEF, quelque 2,1 milliards de personnes, soit 30% de la population mondiale, n’ont toujours pas accès à des services d’alimentation domestique en eau potable et 4,4 milliards, soit 60%, ne disposent pas de services d’assainissement gérés en toute sécurité. «Si les pays voisins ont un accord sur le partage de l’eau potable, et l’un d’entre eux construit un barrage en amont, habituellement, aucun conflit ne se produit, comme, par exemple, dans le cas des États-Unis et du Canada qui interagissent pour le fleuve Columbia, malheureusement, dans la plupart des cas, la situation est compliquée par le nationalisme extrême, les tensions politiques, la sécheresse ou les changements climatiques», a estime Eric Sproles, hydrologue de l’Université d’État de l’Oregon à Corvallis, aux États-Unis.
Son équipe a identifié plusieurs dizaines de «points chauds» potentiels après avoir analysé la situation autour de 1.400 réservoirs d’eau potable et barrages déjà érigés ou en construction qui bloquent les cours d’eau longeant des frontières entre deux ou trois pays. La plupart de ces barrages sont situés en Asie du Sud et du Sud-Est, où le risque d’un conflit autour des cours d’eau du sous-continent indien et en péninsule indochinoise est très élevé. Outre l’Inde et le Pakistan qui se disputent les eaux de l’Indus, un conflit pourrait éclater entre la Chine et le Vietnam pour l’utilisation des fleuves Bei et Xi et entre le Myanmar et ses voisins à cause de la construction de barrages sur les affluents du fleuve Irrawaddy. À cet égard, la Russie se trouve dans une situation plus avantageuse car elle ne peut avoir des problèmes qu’avec le bassin du fleuve Amour, sur sa frontière avec la Chine.
La RD-Congo prévenue
Pour les experts, la zone la plus dangereuse et disputée se trouve en Afrique du Nord. A juste titre! Car, il y a quelques années le président égyptien, issu du mouvement des Frères musulmans, Mohammed Morsi, en direct à la télévision nationale simulait une attaque contre son voisin Ethiopien. La cible égyptienne a été le grand barrage que l’Ethiopie est en train de construire sur le Fleuve Nil. Ce show médiatique avait empoisonné les relations entre les deux nations, ayant en commun le fleuve Nil. D’après les scientifiques, les affluents du Nil et dans le bassin de l’Awash, en Éthiopie où le gouvernement a déjà lancé plusieurs projets de grande envergure de construction de barrages est une zone à forte potentielle du conflit.
La construction de ce barrage par les Ethiopiens pourrait affecter considérablement la quantité d’eau entrant en Égypte et provoquer d’importants conflits entre Le Caire et Addis-Abeba en raison de la sécheresse et des mauvaises récoltes. Et dans le monde, la RD-Congo est une des rares zones où l’on peut encore trouver l’eau potable. Alors que le lac Tchad souffre d’une sècheresse sans pareil, les eaux de la RD-Congo s’avèrent être la solution. Le projet Transaqua, pensé déjà par les Russes dans les années 70 et porté par les Italiens envisage de transporter les eaux de la rivière Ubangi vers le lac Tchad, une option que la RD-Congo continue de réfuter. L’on se rappelle qu’un Chef d’Etat d’Afrique central, lors d’une conférence, affirmait que son pays viendrait chercher les eaux de la rivière Ubangi, même sans le consentement des RD-Congolais. On est prévenu!
Christian Joseph MUTOMBO
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