Dans le souci de mettre fin aux violences obstétricales et gynécologiques en RD-Congo, l’ONG Journalists for Human Rights -JDH- a organisé, lundi 19 février 2024 à Kinshasa, une table ronde. Axée sur le thème: «Les violences obstétricales en RDC: une gangrène silencieuse pour la femme». A l’issue de cette activité, les participants ont recommandé l’implication du gouvernement dans cette lutte. «Pour mettre fin aux violences obstétricales dont sont victimes les femmes et filles, une recommandation a été faite au gouvernement, à l’ordre des médecins et des sages-femmes, aux acteurs de la Société civile, aux journalistes en vue de mettre fin à ce fléau», a déclaré Me Arthur Kayumba, l’un des membres de la Société civile.
Pour sa part, Lucie Ngusi, chargée du programme de l’ONG JDH, a précisé que l’objectif de cette table ronde est d’amener les participants à s’engager dans la lutte contre les violences obstétricales à l’égard des femmes enceintes. Car, les statistiques alarmantes ont révélé que de nombreuses femmes subissent encore des traitements inacceptables et souvent traumatisants lors de leur accouchement. Elle a également souligné que la violence obstétricale ne doit pas être tolérée parce qu’elle viole les droits fondamentaux des femmes à la dignité, à la santé et à la non-discrimination.
«Malgré des avancées significatives, il reste encore beaucoup à faire pour mettre fin aux violences obstétricales en RD-Congo. C’est pourquoi nous sommes réunis aujourd’hui, pour prendre conscience de cette réalité et agir en conséquence», a-t-elle signifié. La chargée de programme de JDH a profité de l’opportunité pour appeler les autorités RD-congolaises ainsi que toutes les parties prenantes à prendre des mesures concrètes et immédiates afin de mettre fin aux violences obstétricales en RD-Congo. «Il est essentiel de renforcer les capacités et la formation des professionnels de la santé, de sensibiliser le corps médical, de mettre en place des mécanismes de signalement et de supervision, et de garantir l’accès à des soins de qualité et respectueux des droits des femmes tout au long du processus de la maternité», a-t-elle martelé.
De son côté, Florence Boloko, conseillère en genre et représentante de la ministre du Genre, famille et enfant, qui a ouvert cette table ronde, a expliqué qu’il est inconcevable qu’en ce 21ème siècle, la femme RD-congolaise connaisse une très forte mortalité du fait du danger qu’elle court en donnant la vie. C’est pourquoi, même si des efforts importants ont été déployés pour réduire la mortalité maternelle, la RD-Congo demeure un pays à très forte mortalité maternelle avec environ 670 décès pour 100.000 naissances vivantes soit près de 3 fois la moyenne mondiale. Elle a également indiqué qu’en dehors de toutes ces femmes victimes pendant l’accouchement, il y a celles qui sont affectées par toutes sortes de violences durant leur grossesse.
«L’heure du changement a donc sonné! Rejoignez-nous et mobilisons-nous tous afin de lutter efficacement contre tout comportement ou attitude susceptible à générer des situations de violence obstétricales», a-t-elle souligné. Prenant la parole, Marianne Lusinga, présidente de l’ordre des sages-femmes, a assuré que des sanctions sévères seront d’application pour les sages-femmes qui se compromettraient dans l’exercice de leur profession.
«Maintenant que nous avons la loi de notre ordre déjà promulguée par le Président de la République, les sages-femmes qui se rendront coupables dans l’exercice de leur profession seront sévèrement sanctionnées», a-t-elle assuré. Et d’ajouter: «les violences verbales sont récurrentes mais les sages-femmes doivent savoir que la porte de la prison est largement ouverte pour nous. Ainsi, il est donc important pour nous de respecter les droits de la femme qui est en train d’accoucher, sinon l’ordre va châtier».
La présidente de l’ordre des sages-femmes a également apprécié l’organisation de cette table ronde qui les a permis de comprendre l’importance du métier de sage-femme, et aussi de transmettre aux participants certaines notions méconnues telles que les violences obstétricales. Elle a en outre sollicité l’appui du gouvernement afin que la gratuité de la maternité se passe par le soin de maternité respectueux qui est une nouvelle thématique ignorée de la population.
Par ailleurs, Marianne Lusinga a expliqué que le rôle de la sage-femme est d’assurer l’accompagnement, aider la femme qui vient accoucher, à avoir son bébé avec sourire aux lèvres. C’était une occasion pour ces professionnelles des médias de sensibiliser et de mobiliser l’opinion publique sur cette question cruciale dans le but de faire entendre les voix des victimes afin de briser le silence qui entoure ces violences inacceptables.
Mymye MANDA