Préserver les stocks de poissons pour renforcer la résilience climatique sur les côtes africaines, les délégations africaines à la COP 22 à Marrakech en font une priorité. Il est urgent de rendre aux pêcheurs leurs moyens de subsistance.
La protection de ressources est loin dêtre aisée en Afrique. La pêche illégale coûte à la seule région dAfrique de lOuest près dun tiers des prises. Certains gouvernements, notamment ceux de Mauritanie et des Seychelles, sont particulièrement sensibles à ce problème. Ils ont contribué à la création de la Fisheries Transparency Initiative -FiTI- au début de lannée 2015. Cette initiative a pour mission de protéger les stocks de poissons grâce aux principes de transparence et de participation. La FiTI est une initiative multipartite et internationale dans le cadre de laquelle les pays cherchent à mieux comprendre la problématique de laccès aux ressources halieutiques. «Qui y a accès? Et dans quelles conditions financières? Quelle quantité de poissons est-elle prélevée?», sont les questions que linitiative tente de clarifier. La résolution de ces questions cruciales par le biais dun processus de délibération aidera les pays à améliorer la gouvernance dans ce secteur central dans lintérêt de leurs citoyens. La FiTI prend de lampleur. La Guinée, lIndonésie et le Sénégal ont rejoint les rangs des pays pilotes aux côtés de la Mauritanie et des Seychelles. Une première réunion de financement, organisée à Washington en octobre 2016 à loccasion des réunions annuelles du FMI et du Groupe de la Banque mondiale, a porté ses fruits. Par ailleurs, la norme internationale de transparence de la FiTI sera finalisée début 2017, sous la direction dun groupe consultatif multipartite international.
Lutte tout azimut
La FiTI nest pas le seul programme de protection des stocks halieutiques au monde. A linstar dautres initiatives, elle reflète le tournant décisif que connaît actuellement la pêche à léchelle mondiale: la considération dont elle fait lobjet, aujourdhui très faible, a entamé une progression de longue haleine. Un traité mondial, lAccord relatif aux mesures du ressort de lÉtat du port, signé par 35 États et organisations internationales notamment lUnion européenne est, par exemple, entré en vigueur en juin 2016. Le mouvement en faveur de la suppression des subventions colossales de près dUSD 20 milliards par an, qui encouragent la surpêche, gagne du terrain. Certains pays africains procèdent par ailleurs à des échanges dinformations par satellite afin de mettre un terme à la pêche illégale. Lamélioration de la gestion des stocks de poissons sera au cur de toutes les solutions envisagées. Les deux principes clés de la FiTI, la transparence et la participation de grande ampleur, favoriseront la confiance et le vaste débat nécessaires à la gestion efficace dune ressource nationale aussi stratégique que les pêcheries. «Notre initiative multipartite et internationale vient appuyer et étayer les efforts existants pour renforcer leur efficacité. La transparence permet non seulement dendiguer la corruption, lors de lattribution de marchés à des flottes étrangères par exemple, mais aussi déclairer ladoption de politiques de qualité, de renforcer la confiance et daméliorer la prise de décision des gouvernements. En dautres termes, la transparence améliore la qualité de la gouvernance», a commenté un expert guinéen. Les gouvernements sont des partenaires essentiels. Ils sont conscients quune meilleure gestion des pêcheries profite à leurs pays sur les plans de lalimentation et de la nutrition, de lemploi et des recettes publiques consacrées au renforcement de la résilience climatique. Ainsi, lIndonésie, lun des principaux pays de pêche du monde, accueillera la Conférence de lancement de la FiTI le 27 avril 2017. Le secteur de lindustrie profite également de la gestion améliorée des pêcheries parce quune telle gestion génère des stocks de poissons plus fournis et durables. Toutes ces actions devraient également profiter aux communautés côtières du monde entier, et particulièrement celles africaines. Les délégués à la COP22 savent que les comportements adoptés à un endroit de la planète peuvent se répercuter sur un autre continent. Les communautés africaines de pêcheurs nont que très peu contribué au changement climatique.
CMM

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