Société

16 jours d’activisme: lutter contre les VSBG c’est aussi vulgariser les textes et promouvoir la masculinité positive

La campagne des 16 jours d’activisme contre les violences sexuelles et basées sur le genre s’est clôturée le 10 décembre dernier avec plusieurs activités. Pour cette édition, tous les acteurs préconisent la promotion de la masculinité positive comme potion magique à la lutte contre les violences faites à la femme. Placée sous le thème mondial: «Orangez le monde: mettre fin dès maintenant à la violence à l’égard des femmes!», cette campagne est un cadre stratégique pour l’appel à l’action en vue de prévenir et éliminer la violence à l’égard des femmes et des filles. En RD-Congo, le thème retenu cette année était: «Je me lève et je m’engage aujourd’hui contre les violences faites aux femmes, jeunes et petites filles!».
En RD-Congo, la situation est loin de s’améliorer malgré l’existence depuis quelques années des textes de Loi consacrant les droits des femmes. A Kinshasa comme en province, les femmes continuent de subir des violations de leurs droits les plus élémentaires. Journaliste et défenseure des droits de femme, Parousia Makanzu pense que la meilleure façon de mettre fin à ces violences «est de placer l’homme du genre masculin au centre du combat». Pour elle, les VSBG ne seront jamais vaincues si les hommes n’adoptent pas une attitude plus «zen».

Droits sexuels et reproductifs, autre forme de VBG

Parmi les droits élémentaires des femmes qui sont violés chaque jour, les droits sexuels arrivent en très bonne position. Pourtant, la Loi reconnait à la femme de droit de disposer librement de son corps. Depuis 2018, le Protocole à la Charte africaine des droits de l’homme relatif aux droits des femmes a été publié au Journal officiel de la RD-Congo. Cette grande victoire dans la lutte pour la promotion des droits de la femme est intervenue dix ans après la ratification par le pays de ce premier instrument juridiquement contraignant. Parmi les blocages, l’alinéa 2.c de l’article 14 du Protocole. Il accorde le droit aux femmes de recourir aux soins d’avortement sécurisé en cas de viol, d’agression sexuelle, d’inceste ou lorsque la grossesse met en danger la vie de la femme ou du fœtus.

Malgré cette évolution, sur terrain, les femmes se sentent toujours en insécurité même lorsqu’elles sont éligibles à ce service. Pour cause, le manque de vulgarisation et le faible taux des prestataires formés. A cela s’ajoute la position délibéré ou ignorante de certains hommes de droit de vouloir privilégier le Code pénal de 1940 qui continue réprimander le recours à l’avortement. Pourtant, deux éléments plaident en faveur du Protocole de Maputo : le caractère moniste de la Constitution et la circulaire du président du Conseil supérieur de la magistrature instruisant les juges à appliquer sans équivoque les prescrits de l’article 14, 2.c du Protocole de Maputo.

Face à toutes ces barrières, la poursuite de la vulgarisation de nouvelles réglementation s’avèrent impérieuse d’autant plus qu’il s’agit là des vies humaines. Avec l’élaboration et la validation des normes et directives relatives à l’accès aux soins complets d’avortement sécurisé centrés sur la femme, un pas de géant a été franchi, pourvu que ce cadre médico-légal soit vulgarisé en vue de sauver la vie des femmes.

Selon des chiffres d’une étude de l’Ecole de santé publique, au moins 146.700 avortements clandestins ont été pratiqués à Kinshasa en 2016. Les avortements sont, après les hémorragies, la deuxième cause de décès maternels dans le pays avec plus de 600 décès pour 100.000 naissances vivantes.

Promouvoir les masculinités positives

Pour Christelle Vuanga, députée nationale et présidente de la Commission genre à l’Assemblée nationale, la lutte contre les VBG est d’une importance capitale en RDC d’autant plus que ces violences peuvent se décliner sous les formes psychologiques, physiques et autres. Abordant dans le même sens, la député nationale Jeanine Mabunda plaide pour «un incitatif international qui donnerait un peu plus de soutien financier aux pays sensibles à la question des VBG».

Toutefois, ce combat ne peut aboutir sans l’implication de l’homme, appelé à adopter des attitudes dites de « masculinité positives ». C’est dans ce sens que s’est tenue à Kinshasa de la première Conférence des hommes sur la masculinité positive. Au cours de ces assises, cinq Chefs d’Etat africains se sont à engagés à «galvaniser la masculinité positive pour mettre un terme au fléau de la violence en Afrique».

Pour rappel, la campagne des 16 Jours d’activisme contre les violences sexuelles et basées sur le genre se tient chaque entre le 25 novembre – Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes- et le 10 décembre -Journée des droits humains. Elle a été initiée les activistes du premier institut international pour le leadership des femmes -Women’s Global Leadership Institute.

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