Société

Allô Kimbuta, dérapages et terreur se mêlent au contrôle technique des véhicules

Le gouverneur de la ville de Kinshasa, André Kimbuta
Le gouverneur de la ville de Kinshasa, André Kimbuta
Leur multiplicité impressionne. Agents des transports, Bureaux 2, Police de circulation routière, OPJ… tous, sans documents en ordre -carte de service et ordre de mission- se ruent sur les conducteurs sur les voies publiques, avec objectif de se remplir les poches
On dirait qu’ils ont été dressés uniquement pour agresser. Aucune notion de la dignité humaine. Documents complets ou pas, une fois pris, il faut mettre la main à la poche et laisser pas moins d’USD 50. L’amende dépendra de votre propre capacité à négocier. Si vous êtes fort en négoce, c’est au tour d’USD 50, sans compter les CDF 10.000 de fourrière. Dans cette cacophonie, le risque de se faire voler est immense.
Personne n’est là pour assurer la sécurité de quoi que ce soit. Une fois à la fourrière, les documents du véhicule, y compris la clef de contact sont ravis. Puis, c’est le sauve-qui-peut! Les plus malheureux ont laissé sur place les rétroviseurs, clefs de contact… subtilisés par les mêmes agents commis au contrôle technique.
La scène se passe au rond-point Gambela, avenue victoire, commune de Kasa-Vubu. Le poste de police situé dans le coin est bondé de monde comme jamais auparavant. Le parking, lui, est plein à craquer. Les véhicules affluent de partout. Aux dires des agents, tous ces véhicules ne sont pas en règle avec le contrôle technique. La pagaille se fait sentir. Un conducteur a même un bras qui saigne. Son péché, le fait d’avoir demandé à ses bourreaux de lui décliner leurs identités.
Juste à côté, une femme, traumatisée, se dit victime de la barbarie des agents de l’hôtel de ville de Kinshasa qui n’ont pas hésité à la bousculer comme une mouche. Ahurissant. Soudain, un fonctionnaire du ministère des Ressources hydrauliques et électricité, pas convaincu de la qualité des agents qui l’ont arrêté, exige l’ordre de mission et l’identité des OPJ censés établir les PV.
Première gaffe, l’agent immatriculé PCR Ouest 2325 porte sur lui un badge expiré depuis le mois d’avril dernier. Quand il tente de le lui faire voir, ce dernier bondit: «va demander à Kimbuta. C’est lui qui me l’a donné». Faux étant donné que le gouverneur n’a pas en charge l’équipement de la Police. Puis, c’est une pluie d’insultes publiques à l’endroit du haut fonctionnaire de l’Etat. Le capitaine chef de poste qui a tout entendu, vient se mêler au débat. Il essaie sans succès d’interpeller l’agent indélicat. Deuxième gaffe, l’ordre de mission pose problème.
Dans l’exposé de motif, il est mentionné noir sur blanc que le contrôle technique concerne «les véhicules commis au transport des personnes rémunéré». Hors, la plupart de véhicules présents sur le parking sont à usage personnel. Les faits sont tout de suite rapportés au capitaine chef de poste, qui en explique aux agents concernés. C’est sur le champ que les bourreaux de conducteurs découvrent eux-mêmes le contenu du document officiel qui les envoie sur le terrain.
Ils ignorent tous ce pourquoi ils sont en mission. Inconcevable. Les agents de Kimbuta sont contraints de vomir les devises déjà empochées. La cacophonie s’installe! Personne ne veut plus qu’on parle de l’ordre de mission. «Nous, le gouverneur nous a demandé d’arrêter sans exception tous les véhicules. L’ordre de mission est vieux…», tente de justifier un agent. Le problème est loin d’être résolu. Peu importe la situation, il faut les «madesu ya bana». On avait beau condamner les agents de la Police de circulation routière, ils ne sont pas aussi pires que ceux des transports.
Des véritables Kuluna! Non seulement qu’ils arrêtent les véhicules d’autrui sans raison, mais aussi ils volent des objets précieux tels que rétroviseurs, criques…  Le gouverneur de la ville est interpellé. Une petite formation pour ces agents commis à l’assainissement du transport en commun s’impose. Une chose est de percevoir des centaines de dollars, une autre est d’assurer la tranquillité des conducteurs sur la chaussée. Si amende il y a, seul l’agent de la DGRAD est compétent pour en établir la note de perception.

HMK

 

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