La gronde couve depuis près de deux ans au Programme national de lutte contre le paludisme -PNLP. Agents et cadres de cette institution nationale de lutte contre le Paludisme accusent Joris Losimba, Albert Lukuka et Irené Nyembo, respectivement directeur, directeur adjoint et chef de division finances de détournement de fonds et de manque de leadership.
Plus rien ne va entre les agents et cadres du Programme national de lutte contre le paludisme -PNLP- et le comité de gestion. La sérénité qui semble régner dans cette institution n’est qu’apparente. Les agents et cadres de cette institution remettent en cause la gestion de l’actuel Comité de gestion. Ils accusent Joris Losimba, Albert Lukuka et Irené Nyembo, respectivement directeur, directeur adjoint et chef de division finances de détournement de fonds. Cette réaction du personnel du PNLS résulte de l’analyse minutieuse des rapports annuels d’activités du PNLP pour les années 2014 et 2015. Le personnel de cette structure nationale dénonce le flou entretenu dans la gestion des fonds alloués à la direction des ressources humaines. En effet, des sources renseignent que cela fait une belle lurette que la contrepartie du gouvernement RD-congolais destinée au personnel du PNLS n’arrive plus à destination. Les agents de ce programme soupçonnent les membres du comité de gestion de se partager la subvention de l’Etat RD-congolais au détriment de l’ensemble du personnel. Selon les sources proches des agents, l’actuel directeur marche sur les traces de son prédécesseur, le docteur Atwa Benjamin qui, apporte-t-on, a été évincé du PNLP de suite du détournement d’USD 500.000, contrepartie du gouvernement national. «Les mêmes causes produisant les mêmes effets, le directeur Joris Losimba est en train de creuser sa propre tombe», a lâché un agent visiblement exaspéré. Selon les sources, outre la mauvaise gestion, le comité directeur du PNLP est aussi reproché d’un manque de leadership. Le directeur et ses deux proches collaborateurs brillent par l’absentéisme criant. Ils sont régulièrement en voyage à l’étranger, a répliqué un autre agent. «Les membres du comité directeur se sont rabaissés, jusqu’au point de superviser la campagne de distribution des moustiquaires ou même d’audit des données dans les sites sentinelles, laissant ainsi le Programme sans gardien de temple», condamne-t-on. Et d’ajouter: «souvent les réunions sont annulées parce que les membres du comité sont absents Elles sont désormais tenues sur la fréquence d’un semestre». A interne, il y règne un vrai déficit. Ils reprochent aux gestionnaires de voyager sans informer les autres membres du programme.
Personnel pléthorique
Des bureaux exigus de 5m2 pour cinq à six personnes, au PNLS, rapportent les agents, il ne fait pas bon vivre. Les conditions hygiéniques seraient également indésirables. Une triste réalité alors que, selon les sources proches des agents, le Fond mondial, un des partenaires du programme, aurait versé dans le compte du PNLP environ USD 600.000 pour la construction de son bâtiment. A part les trois membres du comité de gestion, les autres cadres du programme n’ont pas le droit d’utiliser les véhicules de travail. A l’arrivée de l’actuel comité de gestion, le programme comptait un effectif de 48 agents au total. Les deux audits sur la Revue de la performance du programme -RPP- de 2012 et de 2015 ont conclu qu’il y avait pléthore d’agents. «Ce chiffre de 48 personnes est passé à une soixantaine. Le recrutement de personnes n’a pas tenu compte des compétences. Le PNLP devient donc un programme familiale de lutte contre le paludisme», s’est plaint un agent dans les couloirs de cette institution. Parmi les recrues, rapporte-t-on, figurent des membres de famille et amis des animateurs du comité de gestion. «Au lendemain de leur engagement, ces nouvelles unités ont été envoyées en mission de supervision et de récolte de données de sites sentinelles du PNLP», ont condamné certains agents remettant en cause la fiabilité des données rapportées par ses enquêteurs peu qualifiés. «Grâce aux accointances entre le directeur du PNLP et le chef de projet paludisme à la CAG, ces nouveaux engagés ont commencé à toucher la prime de performance du Fond mondial sans faire preuve d’une quelconque performance au niveau du PNLP», confie-t-on.
Une enquête pour établir la vérité
Dans le même registre, en novembre 2016, une histoire avait fait du bruit à la Cellule d’appui et de gestion du Fond mondial -CAG. Il s’agit d’un chèque d’USD 19.000 que le directeur de la cellule avait émis au nom de l’épouse du directeur du PNLP qui travaille à l’Organisation mondiale de la santé -OMS- pour réaliser le monitoring de la campagne de distribution de la moustiquaire réalisée à Kinshasa. Au PNLP, on chuchote qu’il s’agissait de la reconnaissance du directeur de PNLP qui a été membre du jury ayant permis au chef du projet malaria à la CGA de briguer ce poste. Le personnel du PNLP demande au ministre de la Santé de diligenter une enquête pour établir la vérité et remettre de l’ordre dans cette institution.
Guylain LUZAMBA
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