Politique

Sondage «Les Points»: seulement 9 ministres du gouvernement Badibanga ont séduit l’opinion

En place il y a près de deux mois, menacés par l’éventuelle mise en place d’un autre gouvernement dont le Premier ministre sortira du Rassemblement des forces politiques et sociales acquises au changement comme le veut l’Accord du 31 décembre 2016, les ministres du gouvernement Badibanga n’auront pas réellement eu des coudées franches ni le temps nécessaires pour relever la mission leur confiée. Mais à en croire la dernière livraison de l’Institut des sondages «Les Points», neuf d’entre eux sortent du lot. Les enquêtés ont décelé en leurs actions des signes prometteurs. Il s’agit, en ordre d’arrivée, de Michel Bongongo de la Fonction publique, Emmanuel Shadary de l’Intérieur et Sécurité, Félix Kabange Numbi des Affaires foncières, Lambert Mende de la Communication et Médias, Joseph Kokonyangi de l’Urbanisme et Habitat, Modeste Bahati de l’Economie nationale, She Okitundu des Affaires étrangères, Thomas Luhaka des Infrastructures et Travaux publics et Reconstruction et, enfin, Holy Ilunga de la Santé publique.
L’enquête par sondage du 25 au 27 février 2017 à Kinshasa réalisée par «Les Points» et rendue publique le 2 mars 2017, donne, sil l’on veut, un baromètre de l’action du gouvernement Badibanga. En tête de liste, il y a Michel Bongongo, ministre d’Etat, ministre de la Fonction publique. «Les Points» le dénomme «l’homme de la réforme de l’administration publique». Il a glané 78% d’opinions favorables pour ses efforts visant à réformer son méga portefeuille. «Michel Bongongo Ikoli est admiré par la population notamment pour avoir choisi la méthode du dialogue en vue de résoudre de manière consensuelle les problèmes qui se posent à la Fonction publique.
Poursuivant l’opération de la traque des détourneurs de salaires des agents de l’Etat, il a une fois pris contact avec les syndicalistes, lancé l’opération de recensement des agents en commençant par ceux affectés aux structures standards de 12 ministères. Cette opération qui s’est déjà effectuée à la Primature et au Développement rural est exécutée par la Cellule de mise en œuvre de la réforme de l’Administration publique -CMRAP», explique l’institut des sondages. Et d’ajouter: «dans un contexte socio-économique difficile actuel, la réforme de l’Administration publique par la maitrise des effectifs et l’encadrement du personnel est considérée par bon nombre de RD-Congolais comme un grand pas vers l’amélioration des conditions de vie des fonctionnaires de l’Etat». Les sondés encouragent Bongongo à conduire jusqu’à la fin cette opération appuyée par la Banque mondiale.
Après lui, vient Emmanuel Ramazani Shadary, vice-Premier ministre en charge de l’Intérieure et Sécurité. Il a gagné en cote de popularité: 73% d’opinions favorables, soit 5% de plus comparativement au mois de janvier. La résolution véritablement pacifique d’un des conflits ethniques opposant depuis quinze ans les Pygmées -Twa- et Bantous. «Les RD-Congolais apprécient à sa juste valeur son implication personnelle et son engagement à mettre fin aux attaques meurtrières entre ces trois communautés du Tanganyika. Pendant son séjour dans cette province, il a réussi là où ses prédécesseurs ont échoué: faire signer un pacte de paix entre les pygmées, Twa et les Bantous au terme d’un colloque qui a réuni les experts nationaux et onusiens. Dans l’opinion, c’est un bon signe sur ses capacités à résoudre de manière tout aussi pacifique d’autres conflits à l’instar de la nébuleuse secte Bundu Dia Kongo du député Ne Mwanda Nsemi ou la milice du chef coutumier Kamuina Nsapu opérant dans les trois provinces du Kasaï», renseigne «Les Points».

Félix Kabange s’adjuge une bonne place dans ce classement

Félix Kabange Numbi, ministre des Affaires foncières bénéficie de 65% de bonnes opinions notamment pour son activité de février visant à rétablir l’Etat dans ses droits concernant des immeubles occupés ou gérés par des réseaux mafieux depuis des années. «Les RD-Congolais, particulièrement les Kinois, ont suivi avec intérêt la tournée d’inspection effectuée par Félix Kabange Numbi dans huit sites dans les communes de Kintambo et de la Gombe où des parcelles de l’Etat sont occupées par des particuliers qui n’ont pas des titres mais qui y développent des activités marchandes. Il s’agit entre autres de l’immeuble situé au croisement des avenues Transversal et Nguma, d’une parcelle située dans les alentours du rond-point Kintambo-Magasin, d’une maison située sur l’avenue Comité urbain à Gombe et sur un terrain public clôturé irrégulièrement par un particulier sur l’avenue de la Libération -Ex-24 Novembre», commente le sondage.
Pour 65% des enquêtés, Félix Kabange a par ses descentes sur terrain envoyé un signal fort aux réseaux mafieux. «Les audiences plénières qu’il a initiées pour trancher certains conflits fonciers plaident énormément en sa faveur auprès des couches défavorisées de la population qui trouvent en lui, un porte-parole des opprimés», souligne-t-on. Certains enquêtés estiment que l’actuel ministre des Affaires foncières est parmi les rares ministres du gouvernement Badibanga les plus proches de la population.
L’homme des démentis
L’indéboulonnable porte-parole du gouvernement n’est pas en reste. Lambert Mende Omalanga est en quatrième position avec 63% d’opinions, un accroissement des 6% par rapport à janvier. Il ne manque jamais à l’appel pour donner la version officielle du gouvernement sur des questions d’intérêt national. «En février, les RD-Congolais ont été particulièrement marqués par ses démentis au sujet d’une vidéo montrant des soldats RD-congolais en train de commettre des exactions contre des civils, des images qui auraient été tournées lors d’affrontements entre les FARDC et les miliciens du chef Kamuina Nsapu dans le Kasaï Central en décembre 2016. Alors que la toile s’enflammait après la diffusion de cette vidéo sur les réseaux sociaux, le ministre de la Communication a tenté d’apaiser la tempête en la qualifiant d’un montage dans un communiqué qui ajoutait que les excès et abus signalés au cours de cette opération avaient été pris en charge conformément au code pénal», argumente le sondage. Puis: «Les enquêtés de l’Opposition affirment qu’ils admirent écouter ses différentes interventions sans pour autant admirer sa personnalité car, ils jugent que l’essentiel, pour lui, c’est de soigner l’image du gouvernement, mieux du Chef de l’Etat, quitte à démentir parfois la bonne information».
Kokonyangi, Bahati, … Ilunga ont également séduit
Joseph Kokonyangi, ministre de l’Urbanisme et Habitat bénéficie de 57% d’opinions favorables. «Il a accompagné son collègue des Affaires foncières dans les sites de l’Etat spoliés et avait, partout il est passé, intimé de mises en garde aux spoliateurs. Joseph Kokonyangi a associé les avocats de l’Etat pour protéger le patrimoine de l’Etat. Les sondées attendent tout de même de voir la suite qu’il donnera à ses annonces. Alors qu’il était critiqué en janvier dernier pour ses prises de position interprétées comme contraires à l’Accord de la Saint Sylvestre, en février les enquêtés affirment qu’il s’est mis dans la peau de ministre d’un gouvernement de la République», justifie l’Institut «Les Points». Et d’appuyer: «son poids politique aussi influence sa cote de popularité car, certains estiment qu’il bénéficie d’une forte médiation dans les chaines publiques et proche du pouvoir à cause de ses fonctions de Secrétaire général adjoint de la Majorité présidentielle».
Kokonyangi devance Bahati Lukwebo, ministre d’Etat chargé de l’Economie nationale, Autorité morale de l’AFDC, son parti, d’un petit 1% d’opinions favorables. A en croire ce sondage, Bahati s’est positivement illustré en février dernier en calmant avec manière les opérateurs pétroliers qui ont mis de la pression sur le gouvernement en vue d’obtenir un réajustement des prix de carburant à la pompe. «56% des personnes enquêtées considèrent qu’il a écarté les risques d’une éventuelle paralysie du transport en commun qu’entrainerait une hausse non cadrée des prix de carburant à la pompe par le fait qu’il avait lui-même anticipé en annonçant à la télévision nationale que les réalités économiques du pays justifiaient la chute de la monnaie locale et souhaité que le prix à la pompe soir revue à la hausse pour éviter la rupture des stocks. Dans l’entre temps, il avait organisé plusieurs réunions avec les opérateurs pétroliers pour fixer les nouveaux prix», fait-on savoir.
Léonard She Okitundu, vice-Premier ministre en charge des Affaires étrangères, a convaincu 55% des RD-Congolais au cours du mois de février sur sa capacité à mettre fin à l’hémorragie des sanctions ciblées contre des dignitaires du pouvoir de Kinshasa. «Reçu par le Premier Ministre belge, Charles Michel, Léonard She Okitundu s’est prononcé en faveur du réchauffement des relations bilatérales belgo-congolaises et a écrit, selon les enquêtées, une nouvelle page pour le resserrement du partenariat constructif entre la Belgique et la RD-Congo. Ses entretiens avec certains ambassadeurs accrédités à Kinshasa ont satisfait l’opinion», affirme l’étude.
De son côté, Thomas Luhaka a pu séduire 52% des sondés. A en croire «Les Points»: «si son travail au ministère des NTIC n’a pas convaincu beaucoup de RD-Congolais, sa réaction entant que ministre des Infrastructures, Travaux publics et Reconstruction commence à faire rêver. Pour avoir inspecté, après les pluies diluviennes tombées au début du mois, certains sites, tels que le Pont Ngongo Lutete sur la rivière Gombe, la nationale n°1 au niveau de Mbeseke, Thomas Luhaka est accrédité de 52% d’opinions favorables au mois de février 2017.
Ce sont surtout les mesures urgentes qu’il avait prises pour rétablir la circulation qui l’ont défendu auprès des masses silencieuses». Oly Ilunga Kalenga, ministre de la Santé, clôture la liste avec50% des enquêtés saluent son charisme et son élégance dans les discours, soutient «Les Points»: «il suscite l’admiration des observateurs. Les RD-Congolais l’ont découvert à l’œuvre lorsqu’il annonçait le 14 février, la fin de l’épidémie de la fièvre jaune sur toute l’étendue de la République démocratique du Congo. Une épidémie déclarée le 20 juin 2016 et qui avait permis au ministre de la Santé de l’époque, Félix Kabange de confirmer ses talents d’homme qui résout les épidémies». Peu avant, Oly Ilunga s’était engagé à vaincre la lèpre, souligne le sondage.
Hugo Robert MABIALA

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