Ce n’est pas moi qui le dis, on n’entend plus que ça dans les nombreux couloirs indiscrets et même, dans les hautes sphères politiques. Mais qui serait ce personnage tant recherché par la classe politique, Opposition-Majorité, pour conduire le pays, à bon port… -c’est-à-dire aux élections en cette même année 2017? Samy Badibanga peut-être… Son péché est d’appartenir aux acquis du 1er dialogue qui, a-t-on estimé, a souffert d’absence d’inclusivité en dépit du fait que ce dialogue du 18 octobre 2016 a le mérite d’avoir confié la Primature à l’Opposition. Cependant, Samy Badibanga est apparu comme l’homme providentiel en une période d’incertitudes.
Je m’explique: à la veille du 19 décembre 2016 -date marquant la fin du 2ème et dernier mandat constitutionnel du Chef de l’Etat, Joseph Kabila- le sceptre de la violence pesait sur les filles et fils de la RD-Congo qui avaient pris plaisir à se regarder en chiens de faïence, prêts à se rentrer dedans à partir de minuit tapant 20 décembre dernier. L’Opposition réclamait la démission de Joseph Kabila et la Majorité justifiait son maintien. La rue grondait dans tous les sens… On sait aussi que dans les tiroirs traînaient les recommandations issues de la Cité de l’Union Africaine qui refroidissaient. Il était important de lever l’option: soit on observait les bras croisés la montée de tension et par conséquent nous sombrions dans le chaos, soit on mettait en pratique les acquis positifs du 1er dialogue. Face à ce paradoxe de Buridan, l’option levée a été de nommer Samy Badibanga, président du groupe parlementaire de l’Union pour la démocratique et le progrès sociale -UDPS et Alliés- ainsi que son équipe.
Du coup au lendemain, la polémique a plus porté sur la taille éléphantesque du nouveau gouvernement qu’à tout autre chose. Un pas considérable venait d’être fait. Aujourd’hui, nous avons dépassé tout çà. Grâce à la CENCO, le 2ème «dialogue» a réuni le plus d’antagonistes possibles et, a reconfirmé le nouveau principe de la Primature à l’Opposition. Ipso facto, un PM doit -re- prendre les choses en mains. Mais qui serait-ce, cette fois-ci? Près d’un mois après la signature, les RD-Congolais assistent impuissamment au feuilleton que leur proposent les acteurs politiques qui préfèrent s’exhiber dans les expressions savantes du genre «pouvoir discrétionnaire» par ici,- «candidature unique» par-là et pour ne pas citer les princes de l’église qui ont brandi… la menace d’un «plan B». En somme, on patauge!
Que retenir de cet épisode?
D’abord qu’on perd davantage du temps et que le sablier ne cesse de se vider jour après jour. Fin 2017 devient de plus en plus illusoire. Dans les jours à venir, je ne serai pas surpris d’entendre le prochain PM de l’Opposition annoncer que les élections ne seront plus techniquement possibles suite au grand retard accumulé. A l’impossible nul ne sera tenu. Il aura peut-être 9 à 10 mois maximum pour tout organiser avec un budget essoufflé. On reviendra peut-être à la suggestion d’Avril 2018, comme un moindre mal avec comme principe, pas de troisième mandat ni de modification de la Constitution.
Entre temps, la Primature continue à diviser le Rassemblement et affaiblit l’Opposition par la même occasion. En fin de compte, deux scenarii sont prévisibles: soit nous aurons un futur Premier ministre qui n’aura ni le temps ni les moyens pour organiser les élections en 2017, soit nous assisterons passivement à l’éclatement du Rassemblement par faute de cohésion politique… Une pilule bien amère, hélas! Ainsi s’accomplit peut-être la citation d’Antoine de Saint-Exupéry: «Si tu veux qu’ils se haïssent, jette leur du grain». Etait-ce là, le piège de la Majorité présidentielle dans lequel l’Opposition est tombée ou une preuve matérielle de la carence d’une vision à l’unisson de la part du Rassemblement? Confiez la Primature à la personne qu’il faut et non à la personne par défaut, la RD-Congo n’est pas à court des compétences, c’est évident. Vos ambitions personnelles doivent faire place aux vertus d’hommes d’Etat. Arrêtez de perdre du temps. Il y a une véritable nuance à ne pas banaliser. Tout peuple a le droit de se choisir ses dirigeants. Ne nous refuser pas ce devoir intrinsèque à notre citoyenneté, chers Kulutu en politique.
Jean-Serge ONYUMBE WEDI
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