Politique

Pour l’ONU, le dialogue inclusif s’impose en RD-Congo

«Pour les Nations unies, seul un dialogue inclusif et crédible entre parties prenantes RD-congolaises permettrait de désamorcer les tensions actuelles, surmonter l’impasse électorale et prévenir la violence», martèle le chef de la MONUSCO à la presse
Les élections, selon toute vraisemblance, ne pourront pas se tenir en novembre de cette année.
Et la situation politique de la RD-Congo est restée crispée depuis un long moment tendant vers une implosion suite à deux aspects majeurs. Il s’agit de la tenue du dialogue politique national et inclusif annoncé par le Président Joseph Kabila qui tire en longueur, fruit des tergiversations des politiciens ainsi que du report évident des élections prévues pour 2016.
«Tout faire pour aider à dépasser les blocages et aller vers l’organisation d’élections transparentes, crédibles et paisibles dans le cadre de la Constitution RD-Congolaise», telle est la volonté émise par Maman Sidikou, représentant spécial du Secrétaire général des Nations unies et chef de la MONUSCO. Il a fait cette déclaration jeudi 14 juillet 2016 à l’hôtel Béatrice à Kinshasa, lors de sa troisième rencontre avec la presse.
A cette occasion, le n°1 de la mission de paix en RD-Congo a fait le tour d’horizon de l’actualité politique qui tourne essentiellement sur l’impasse du processus électoral, les efforts visant à faciliter le lancement du dialogue national, la situation humanitaire alarmante et la situation sécuritaire à l’Est du pays. L’ONU tient à la tenue d’un dialogue inclusif et crédible.
«Pour les Nations unies, seul un dialogue inclusif et crédible entre parties prenantes RD-congolaises permettrait de désamorcer les tensions actuelles, surmonter l’impasse électorale et prévenir la violence», a martelé le chef de la MONUSCO à la presse.
«Pour l’heure, a-t-il poursuivi, la tenue du dialogue reste la seule voie à même de permettre de dégager un consensus politique autour des retards éventuels dans l’organisation des élections qui, selon toute vraisemblance, ne pourront pas se tenir en novembre de cette année».
En s’adressant aux membres du Conseil de sécurité, le 7 juin dernier, le vice-secrétaire général des Nations unies, Jan Eliasson, a exprimé des inquiétudes face à la montée des tensions à l’approche des échéances électorales et a appelé les parties à prendre part à un dialogue politique inclusif pour éviter que l’impasse actuelle ne dégénère en crise grave. Maman Sidikou a estimé que les enjeux sont énormes et le dialogue est incontournable pour éviter les risques de rechute dans une instabilité politique et le recours à la violence.
A en croire le représentant spécial, de plus en plus les lignes commencent à bouger et un large consensus se dessine progressivement sur l’impératif du dialogue pour surmonter l’impasse actuelle. Les signes annonciateurs de la décrispation sont là. Faisant ainsi allusion aux réactions de la classe politique en rapport avec le conclave de Genval en Belgique et à la mise place du groupe de soutien à la facilitation.
Dans le lot, il y a aussi la rencontre, le 9 juillet à Bruxelles, d’une délégation de ce groupe comprenant le commissaire Chergui de l’UA, Koen Van Vaerke, directeur général pour l’Afrique de l’UE, et Saïd Djinnit, envoyé spécial de Secrétaire général pour la région des Grands lacs avec le président de l’UDPS, Etienne Tshisekedi et d’autres leaders de l’Opposition.
Les discussions de cette rencontre ont porté sur les conditions à créer pour le lancement du dialogue national et ont confirmé l’attachement à la Résolution 2277 et au respect de la Constitution dans la recherche d’une solution. Pour Maman Sidikou, la mise en place du groupe de soutien est l’aboutissement des initiatives et concertations visant à aplanir les divergences entre les diverses parties prenantes.
Il a alerté le gouvernement et la Société civile de ne pas hypothéquer les énormes investissements consentis par le peuple RD-congolais avec le soutien de la Communauté internationale au cours des 17 dernières années pour asseoir la paix et la stabilité.
L’ONU reste déterminée à poursuivre son soutien sans équivoque aux efforts de facilitation menés par l’ancien Premier ministre togolais Edem Kodjo au nom de l’Union africaine -UA. Toutes les dispositions sont prises en étroite collaboration avec l’UA et les autres partenaires pour le détachement d’experts en vue de renforcer son équipe.
Il s’agit de trois spécialistes dont un expert pour les questions politiques, un expert envoyé par les Nations unies en charge des questions électorales et un expert en matière constitutionnelle fourni par l’Organisation internationale de la Francophonie -OIF. Deux des experts sont déjà à Kinshasa depuis près de deux semaines.
Tueries criminelles à l’Est
Abordant la situation sécuritaire à l’Est du pays, le chef de l’ONU en RD-Congo a reconnu que les atrocités commises dans la région de Béni, les tueries criminelles et insensées de civils de même que les actes de violence perpétrés dans le triangle d’Erengeti par les éléments ADF et autres groupes aggravent la situation, notamment en ce qui concerne la mise en œuvre de la tâche principale de la MONUSCO pour la protection des civils et neutralisation des groupes armés. La situation humanitaire alarmante a été également au menu de l’entretien avec les médias.
Le personnel humanitaire n’est pas épargné par cette insécurité grandissante qui sévit à l’Est, marquée par les embuscades contre les ONG ainsi que les enlèvements par des éléments des groupes armés, y compris les FDLR, Maï-Maï Nyatura et autres éléments criminels.
L’ONU a souligné l’importance de mettre en exergue la mise en œuvre d’un plan national pour le désarmement, la démobilisation et la réinsertion des ex-combattants ainsi que de mesures effectives pour le renforcement de l’autorité de l’Etat.
Tout en félicitant les succès obtenus dans les opérations Sukola I et II par les FARDC avec le soutien des forces onusiennes, Sidikou a demandé plus des moyens financiers pour la réussite du DDR. Il a indiqué qu’il est primordial de fournir des moyens de subsistance alternatifs aux ex-combattants pour mettre fin au cycle de la violence et instaurer une paix durable. Un autre point faisant bouger les Nations unies est la fermeture des sites des déplacés dans le Nord-Kivu par le gouvernement.
A ce sujet, l’ONU a indiqué qu’ensemble avec la communauté humanitaire, elle poursuit son plaidoyer auprès du gouvernement pour qu’il respecte ses obligations internationales y compris en garantissant la sécurité des zones où sont établis les déplacés et en veillant à ce que la fermeture des sites n’augmente pas la vulnérabilité des personnes déplacées.
Christiane MUNOKI EKAMBO

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