PolitiqueTribune

Moïse Moni Della: Félix Tshisekedi est-il démagogue ou populiste?

La rémunération excessive et révoltante des députés nationaux à 21 000 dollars le mois dénoncée par Martin Fayulu et Pierrot Luwara, confirmé par Delly Sesanga et Jean-Marc Kabund continue à faire couler beaucoup d’encre et de salive. Loin des polémiques stériles et indépendamment de nos chapelles politiques, ce sujet mérite réflexion et attention de tout citoyen esprit de paix et de justice. C’est un sujet d’intérêt national qui relève de la justice sociale et distributive. Sinon, l’État de droit, credo du président actuel, n’a aucun sens et aucune substance.

Le noble combat des treize parlementaires que nous avons relayé en étant très jeunes au lendemain de la création de l’UDPS, avec les fondateurs, pionniers, combattants, diaspora, en bravant tous les risques et en consacrant d’énormes sacrifices, avait comme Leitmotiv l’amélioration de la vie des Congolais. Aujourd’hui, l’UDPS au pouvoir, nous avons un devoir, historique, politique et patriotique de veiller à cet idéal pour lequel plusieurs de nos vaillants combattants ont sacrifié leur vie. La politique, disait Socrate, n’a de sens, de substance et de consistance que si et seulement si elle œuvre pour l’intérêt général.

Une rémunération convenable et confortable permet, comme disait Bourdieu, à un citoyen de connaître la mutation sociale. D’où la nécessité de réfléchir sur la politique sociale, la disparité sociale, l’écart social et la fracture sociale chère à Jacques Chirac. Les projets de société des partis politiques et des États modernes se résument par résoudre les besoins du peuple. Étienne Tshisekedi d’heureuse mémoire était bien inspiré en laissant un véritable, mémorable, valable, inoubliable testament politique qui se résume à «Le peuple d’abord».

Nous ne plaidons pas pour que la RD-Congo devienne un État providence où on va commencer à raser gratis, où chaque matin on va commencer à donner l’aumône au peuple. Non, nous sommes pour un État de droit, un État social, un État qui ordonne, qui régule, dans une économie de type khenesienne ou l’Etat a un rôle moteur. L’Etat doit fixer un salaire décent aux citoyens dans tous les secteurs, pas seulement aux personnels politiques -députés, sénateurs, gouverneurs, ministres…

Dans un pays comme le nôtre, de surcroît qui se targue un État de droit, il doit y avoir une politique salariale juste, équitable et satisfaisante pour tout le monde. Le salaire du président de la République, d’un député ou autres autorités ne peut pas être un sujet tabou. Comment dans un État de droit le président, le député ne connaissent pas leurs salaires? Le Président de la République n’a pas hésité de dire qu’il ne connaissait pas son salaire à une question pertinente et insidieuse posée par Christian Lusakueno de la radio Top Congo.

La question de même nature a été posée au Président Français par les écoliers. Ce dernier n’a pas hésité de dire: je gagne 15000 €, après tous les prélèvements et cotisations, il me reste net 9000€. Quant aux députés français et autres, ils disent sans hésiter et sans gêne ce qu’ils gagnent. En RD-Congo, chaque député donne le montant de sa rémunération qui est différent des autres. Ceux qui montrent allègrement et mécaniquement leur bulletin de paie de 7.000 USD refusent catégoriquement de reconnaître qu’il y a plusieurs enveloppes et rémunération qu’on appelle communément «invisibles» du monde des invisibles qu’on ne perçoit pas à la banque, mais plutôt en main propre au près d’un caissier appelé communément «maboko banque» par les Kinois.

Bientôt, ils vont toucher aussi la rubrique appelée «réserves parlementaires de 5000 USD. Ceux qui ont parlé de 21000 USD n’ont fait que dire la vérité, rien que la vérité. Ceux qui disent le contraire, prennent les Congolais pour les canards sauvages, les moutons de panurge. Ils n’ont aucune considération pour le peuple. La nouvelle chanson patriotique et révolutionnaire de Koffi Olomide est très révélatrice. On ose même menacer les gens pour avoir dit la vérité, alors que dans d’autres cieux c’est un sujet qui peut faire bouger les lignes. Où est l’IGF? Où est la Cour des comptes? Où est la justice pour éclairer l’opinion sur ce sujet ultra sensible de la dilapidation de l’argent du contribuable congolais?

Le Président Félix ne disait-il pas à l’époque que l’UDPS au pouvoir, le policier aura un salaire décent qui va lui permettre d’acheter une voiture et une maison? Était-il populiste ou démagogue? Je ne crois pas. Je suppose qu’il était de bonne foi à ce moment-là. Le pouvoir change certaines personnes. Dans un pays scandaleusement riche comme le nôtre, c’est possible ce qu’il avait promis pour vu qu’il impose une stricte autodoxie financière en fermant le tonneau de danaïde, en mettant l’homme qu’il faut à la place qu’il faut.

Je ne suis pas de ceux qui pensent qu’il faut absolument diminuer les revenus des hommes politiques et mandataires publics. Je préconise par contre qu’on puisse réajuster à la hausse les salaires des policiers, militaires, médecins, enseignants. Pourquoi un professeur d’université ne toucherait pas comme un député? Je suis pour l’équité, la réduction de l’écart salariale. Bref, la disparité salariale pour consacrer et concrétiser la justice salariale et distributive.

Moïse Moni DELLA IDI

Porte-parole du peuple

Président des Conade

Articles similaires

Bouton retour en haut de la page