Le dossier de l’illégalité de la dissolution et de la liquidation de la première compagnie aérienne nationale LAC-Sarl n’a pas encore fini de livrer ses secrets. Chaque jour qui passe apporte son lot de surprises tant agréables que désagréables. Les réputations les mieux assises ne cessent de voler en éclats au regard de la mise à nu des agendas cachés de beaucoup d’acteurs principaux évoluant dans l’ombre pour ne pas se faire débusquer. Même le pouvoir judiciaire appelé à constituer le dernier rempart, est malmené de toutes parts par certaines gens sans scrupules placées pourtant aux commandes des rouages de la République. C’est d’autant plus regrettable que s’affrontent dans ce dossier d’une part des juristes trempés dans l’éthique professionnelle qui tiennent mordicus au triomphe de la vérité au regard de la loi et, d’autre part, des opportunistes et affairistes qui tentent de nous faire avaler des couleuvres en cherchant à transformer les vessies en lanternes.
Des avocats de qualité, éduqués pour rechercher la vérité
Le 24 févier 2015, le bâtonnier national Me Mbu Ne Letang a créé la sensation et l’émoi dans les milieux des juristes RD-congolais qui écument les couloirs de la Présidence de la République, de la Primature, des ministères du Portefeuille, des Transports et Voies de Communication… en donnant un coup de pied dans la fourmilière à la faveur d’une correspondance adressée à la ministre du Portefeuille Louise Munga.
Exprimant clairement sa gêne dans ce que certains juristes font écrire aux ministres, sous la contrainte de leur faire plaisir, ils offrent à ces gestionnaires de la res publica des positions contraires à ce qu’ils devraient leur faire écrire. Navré, le bâtonnier national a été amené à faire la démonstration du contraire des allégations contenues dans la lettre lui adressée par Mme la ministre sur ce dossier sulfureux, parce qu’il a toujours cru que c’est du devoir de tout citoyen. Cela lui est d’autant plus imposé qu’il forme des avocats de qualité, éduqués pour rechercher la vérité et non pour faire plaisir.
Poursuivant sa missive, ce chevronné du pouvoir judiciaire, conseil de l’ONG de défense des intérêts des agents et cadres de Lignes aériennes congolaises, a dégagé de l’analyse de la lettre ci-évoquée que les juristes de son cabinet ne lui ont pas fait appréhender l’illégalité de la dissolution et de la liquidation de LAC-Sarl, malgré l’obligation faite à tout RD-Congolais de connaitre la loi et de se conformer à celle-ci, conformément à l’article 62 de la Constitution.
Le respect de la séparation des pouvoirs dans tout Etat de droit
Malheureusement, la ministre Munga a fait la sourde oreille et s’est permise d’aller tenir le même discours devant les Sénateurs réunis au cours de la session de juin 2015. La suite est connue: l’intéressée, humiliée et toute honte bue, s’est fait descendre en flammes à la tribune de la Chambre haute du Parlement par les sages de la République. A ce jour, elle ne parvient toujours pas à se démarquer de la ligne de conduite tracée par le fils du Maniema qui a mis toutes les batteries en marche pour rayer à tout prix LAC-Sarl de l’espace aérien national, même s’il ne reste que 14 jours de vie à ce gouvernement appelé à liquider les affaires courantes.
Le dossier de LAC-Sarl ne fait pas partie des affaires courantes. Ce n’est pas l’entendement des membres du comité de liquidation mis en place en violation de la loi -les termes sont du Sénat- qui viennent de passer à la vitesse supérieure pour la vente, même aux enchères, des biens du patrimoine de LAC-Sarl pourtant protégés par la loi. Ils continuent de cracher sur le jugement rendu par le Tribunal de commerce de Kinshasa/Gombe interdisant pourtant au comité de liquidation toute disposition des biens du patrimoine de Lignes aériennes congolaises jusqu’à ce que le fond de l’affaire soit vidé.
Même la position de la Cour suprême de justice saisie de l’affaire et qui l’a prise en délibéré en attendant son jugement, est considérée comme un simple fait divers. Et pourtant, dans tous les Etats de droit, lorsqu’un dossier est pendant devant les cours et tribunaux, toutes les autres institutions se tiennent à l’écart dans le strict respect de la séparation des pouvoirs. Mais au Gouvernement Matata, cette notion fondamentale semble superbement ignorée de la plupart des ministres.
Des membres du gouvernement et leurs familles parmi les acquéreurs
Ce n’est pas la ministre du Portefeuille qui apporterait la contradiction lorsqu’elle prolonge le mandat du comité illégal de liquidation de douze mois en reconduisant la même équipe au mépris des conflits d’intérêts, avec l’instruction expresse de tout faire pour la liquidation diligente des biens du patrimoine de LAC-Sarl.
Fort de ce blanc seing, le liquidateur en chef, administrateur délégué et directeur commercial de Congo Airways, juge et partie en plein conflit d’intérêts, a repris de plus belle les avis au public sur la vente des biens du patrimoine immobilier de LAC-Sarl non seulement à Kinshasa, mais aussi dans les provinces à l’intérieur du pays.
Selon les informations glanées et recoupées dans les milieux proches des travailleurs de LAC-Sarl et de DAC-ONG, il ressort que quelques membres du gouvernement Matata, des membres de leurs familles et du comité illégal de liquidation figurent parmi les acheteurs potentiels des villas de LAC-Sarl à Bukavu, Kindu et Goma. Ceux qui ont effectué le déplacement de Kindu lors des festivités du 30 juin 2016, ont été sidérés devant l’érection des immeubles qui poussent comme des champignons et dont les principaux propriétaires se retrouveraient dans les rangs du gouvernement sortant. Suivez mon regard.
Vente aux enchères des équipements handling au profit d’ATS
A Kinshasa, sous la supervision de l’ancien chef de base de Johannesburg appuyé par des renifleurs, sera organisée ce lundi 24 octobre 2916 la vente aux enchères des équipements et matériels handling LAC-Sarl entreposés au bâtiment GMP. Le principal acquéreur est A.T.S., un handler créé dans le lit de l’assistance au sol des vols d’Air France à Kinshasa et qui aurait déjà débauché quelques d’agents de LAC-Sarl opérationnels à l’aéroport de N’djili. Apparemment, Cargoman et Congo Handling Services se seraient placés hors de portée de ces transactions réservées aux téméraires, craignant le retour de la manivelle.
Approchés par nos limiers, les cadres de DAC-ONG continuent d’attirer l’attention de toutes les personnes morales ou physiques qui se hasarderaient à délier leurs bourses pour l’acquisition dans des conditions nébuleuses des biens du patrimoine de LAC-Sarl dûment protégés par les décisions de la justice. Elles risquent de ne s’en prendre qu’à elles mêmes car la roue du changement tourne.
Ces biens du patrimoine mobilier et immobilier de LAC-Sarl constituent le plus important gage de sécurité pour leur permettre un jour de rentrer dans leurs droits. Le comité illégal de liquidation a eu tout le loisir de mettre de côté, s’il en avait la réelle volonté, les fonds nécessaires pour la gestion de la dette sociale. Force est de noter que pendant deux ans, les travailleurs, même ceux qui étaient retenus, n’ont rien vu venir en terme d’amélioration de leurs salaires, encore moins de paiement de leurs décomptes finals et autres rubriques y afférentes. Ce n’est pas maintenant où les ministres font leurs valises que les actes seront posés dans le sens des intérêts des travailleurs, précise un cadre de LAC-Sarl.
Quand les Sœurs des pauvres de Bergame font la sourde oreille
Cet avertissement a été donné avec beaucoup d’élégance aux Sœurs des pauvres de Bergame situées à Limete qui ont des visées sur le centre médical de LAC-Sarl situé sur le petit boulevard au croisement de la 12ème rue, quartier industriel. Même des émissaires de l’archidiocèse de Kinshasa les en ont prévenues. Sans succès car les religieuses attirées par l’appât du gain facile, seraient restées sourdes et auraient déjà franchi la ligne rouge.
Les religieuses catholiques encouragées en cela par les liquidateurs, ont déjà versé un acompte qui a déclenché le processus de déguerpissement des occupants des lieux ainsi que des équipements et matériels médicaux, au grand dam des patients internés et ambulatoires. Advienne que pourra.
Dans les hautes sphères de décision, l’évolution de ce dossier est suivie de près. Les prochains jours qui coïncident avec le dernier souffle du gouvernement Matata seront déterminants. Ce sera soit la loi à la force ou la force à la loi.
Tino MABADA
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