Politique

Louise Munga ordonne une vente en catimini à l’aéroport de N’Djili

L’opération «Effacer le tableau» a commencé. Elle consiste à éliminer tous les symboles et attributs de la présence de Lignes aériennes congolaises à l’aéroport international de N’Djili
Sous l’impulsion de Louise Munga, ministre du Portefeuille, qui vient de prolonger de douze mois le mandat controversé du comité illégal de liquidation de LAC-Sarl, le fils du terroir et ses affidés ont reçu pour instruction de tout faire en vue d’aliéner le maximum des biens du patrimoine de la première compagnie aérienne nationale avant que les gros nuages sombres qui profilent à l’horizon politique ne fassent tout capoter.
Renvoi à domicile de 83 agents de la base de N’Djili sur simple instruction verbale
Munis de ce blanc-seing, les liquidateurs, avec un cynisme déconcertant, ont commencé par sabler le champagne avec la fin précipitée du dernier accord d’assistance au sol de LAC-SARL avec South African Airways, SAA intervenue vendredi 30 septembre 2016. Dans la foulée, tous les travailleurs opérationnels sur la plate-forme de l’aéroport de N’Djili, 83 au total, ont été congédiés verbalement sans que leurs droits ne soient honorés. Ce qui porte un sérieux coup d’estocade au quinquennat du social du président Joseph Kabila.
Les bureaux du chef de base de LAC-Sarl situés à la rotonde, du trafic, du fret et des finances ont été libérés en présence de l’OPJ de la Régie des voies aériennes.
Faisant fi des décisions de justice interdisant toute aliénation des biens du patrimoine de LAC-Sarl, deux cadres de «Maniema Union» ont été chargés de procéder à la vente de gré à gré des équipements et matériels d’assistance au sol. C’est dans ce cadre qu’ATS, Congo Handling Services ont été intéressés pour l’achat dans les plus brefs délais du FMC, de la balance, des tracteurs, des charrettes à bagages, des dollies, etc.
Dans la foulée, l’administrateur délégué, liquidateur en chef de LAC-Sarl et directeur commercial de Congo Airways a écrit à tous les occupants des maisons de LAC-Sarl, les enjoignant de prendre toutes les leurs dispositions en vue de la libération de ces villas dans les meilleurs délais. Copie pour information a été réservée au Premier ministre Matata Ponyo, au ministre du Portefeuille Louise Munga et à son collègue Justin Kalumba Mwana Ngongo des Transports et Voies de Communication.
Une gestion aux antipodes des performances de la SCTP
Cette correspondance a provoqué un véritable tollé des protestations dans les familles des travailleurs occupant le motel club de la Cité verte. Frustrations, pleurs, grincements des dents accompagnent ces familles pour la plupart démunies dont les frustrations rejoignent la sourde colère des travailleurs de l’aéroport de N’Djili mis sur le pavé. Comment peuvent-ils libérer ces maisons dès lors que l’employeur ne s’est jamais empressé d’honorer ses engagements en conformité avec les prescrits de la loi ? En tout cas, les premiers échos qui parviennent de ces travailleurs sevrés de leurs droits sociaux, font état d’un refus d’obtempérer pour éviter d’être tournés en bourrique par des gestionnaires dont le sort du personnel constitue le dernier des soucis.
Curieusement, cette démarche des liquidateurs de LAC-Sarl tranche avec les actes d’autres mandataires placés à la tête de sociétés commerciales transformées qui donnent matière à réflexion. Lorsque Jean Kimbembe Mazunga a pris les commandes de la Société Congolaise des Transports et des Ports, l’ex-ONATRA faisait eau de toutes parts. Tous les indicateurs de gestion étaient au rouge et très peu de personnes osaient parier sur son avenir et son devenir. Les plus sceptiques ne juraient que par sa mort subite.
Grâce à un management avisé, l’ancien gouverneur de la Ville de Kinshasa et Conseiller spécial du Chef de l’Etat en matière d’infrastructures s’est remis trente-six fois sur le métier pour la résolution de la question sociale, l’apurement des arriérés de salaires, la remise en confiance du personnel et son retour assidu au travail. La réhabilitation de l’outil de production et des infrastructures s’en est suivie avec le concours des compétences internes requinquées qui ont remis sur les rails le train Express, le train urbain et progressivement celui des marchandises. Du côté de la navigation fluviale, toute la Nation a salué la remise à flots de l’ITB Kokolo et du M/S Gungu. L’avenir s’annonce radieux avec cette gestion rigoureuse qui place l’homme au centre de l’action. Et d’un.
SCPT, un exemple de gestion à faire languir les liquidateurs de LAC-SARL
Les RD-Congolais ont encore fraîche dans la mémoire la récente communication institutionnelle du numéro un de la Société Congolaise des Postes et Télécommunications, Didier Mosete. Cette entreprise publique moribonde n’existait plus que de nom sur papier.
Elle vient de quitter l’abîme profond dans lequel elle était plongée pendant plusieurs décennies. Et pourtant, lorsque le nouveau DG a pris la direction de l’ex-OCPT, c’était un béant trou noir: 200 millions de dollars américains de dette sociale, production insignifiante, outil de production obsolète, infrastructures plus que délabrées, personnel totalement démotivé, bref l’apocalypse.
Didier Mosete a eu l’avantage de trouver une oreille attentive auprès des ministres de tutelle qui l’ont accompagné dans ses réformes. Négociations sociales avec le banc syndical avec à la clé une décote de la dette sociale ramenée à 100 millions de dollars, réajustement des salaires aux niveaux compatibles avec la production réelle de l’entreprise, motivation du personnel avec une batterie de mesures sociales, réhabilitation des infrastructures de base avec un nouveau look, récupération du marché des colis jusqu’à 2 kg, finalisation des travaux de la fibre optique…
Bref, le SCPT est en train de remonter la pente au point de s’attirer les faveurs des investisseurs potentiels, des banquiers et des partenaires crédibles de tous les horizons. Le déficit chronique de plus de 90 millions trouvé à sa prise de fonctions en 2015, a été ramené à 60 millions en décembre de la même année, à 30 millions au premier semestre de 2016 et sera totalement résorbé en décembre 2016. Ce qui lui offre désormais d’heureuses perspectives de développement. Et de deux.
SCTP, SCTP, LAC-SARL logées toutes à la même enseigne
Est-il nécessaire de rappeler les hauts faits d’armes de Moïse Tshikuya qui a sorti l’Institut national de préparation professionnelle -INPP- de nulle part pour en faire aujourd’hui une référence en Afrique centrale? A comparer ces entreprises du portefeuille de l’Etat transformées en sociétés commerciales, une constance se dégage. Logées à la même enseigne, elles présentaient un bulletin de santé inquiétant avec des cellules cancéreuses ayant atteint le stade des métastases.
 
Cependant, grâce à un management responsable, crédible et avisé, les mandataires placés à leurs commandes ont opéré des miracles à la portée des gens à l’expertise éprouvée et une grande vision managériale.
Le cas de LAC-Sarl est similaire à ceux de la SCTP et de la SCPT. Ici, on laisse les coudées franches aux gestionnaires, là-bas on met en place des hommes de main manipulables et corvéables à souhait pour envoyer définitivement à la trappe une grande entreprise de l’envergure de LAC-Sarl qui continue pourtant à détenir tous les atouts majeurs pour sa réhabilitation, sa modernisation et sa relance immédiate. Le tout est fonction de volonté politique affirmée et de management avisé. Du reste, un plan de redressement apprêté depuis août 2011 par le comité Chérubin Okende Senga-Vincent Kibwe Kasongo existe dont l’application sans faille de la feuille de route arrêtée net par le Premier ministre Matata Ponyo, aurait réglé toutes les questions pendantes endéans les trois ans pour replacer le «Léopard volant» sur l’orbite du développement.
La RD-Congo est ravalée aujourd’hui à la 228ème position sur 228 pays, tel est le rapport accablant de la Banque Mondiale. Comment quitter ce sous-sol du développement lorsque les surdoués s’acharnent sur la suppression des emplois, sans respect aucun des lois tant de la République que des traités, accords et conventions internationales ratifiés par la RDC ?
Il est plus que temps que le Parlement prenne le dossier de LAC-Sarl à bras le corps pour éviter de pénaliser plus de 1.600 travailleurs et, au bas mot, plus de 30.000 RD-Congolaises et RD-Congolais vivant directement et indirectement des activités induites par l’exploitation de LAC-SARL.
Tino MABADA

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