Politique

Le rapport qui colle Matata

Synthèse sur la situation humanitaire, réalisée par OCHA, disponible en anglais et en français. «2015, Aperçu des besoins humanitaires en République Démocratique du Congo» fustige l’insuffisance des moyens mobilisés chaque année pour faire face aux défis humanitaires auxquels le pays est confronté. Cette publication, par le choix des thèmes abordés, a pour ambition d’informer et interpeler les décideurs, notamment le gouvernement, y compris son principal animateur, ses partenaires et un public le plus large possible sur la problématique humanitaire, résultat des crises liées aux violences et conflits armés, à la malnutrition, aux épidémies et d’éventuelles catastrophes naturelles, qui affectent environ 15 millions de personnes, soit presque 20% de la population, leurs causes et effets ainsi que les dispositifs nationaux et internationaux mis en place pour la circonscrire.
Le document juge prioritaires ces quatre types de crise humanitaire sur la base de leur étendue, leur récurrence, leur sévérité et de leur impact sur la population. Il identifie aussi quatre besoins pour tenter d’y faire face. Le premier est le besoin de protection, de sécurité alimentaire et d’articles ménagers essentiels, d’accès aux services de base pour environ 6,5 millions de personnes dans les zones affectées par les violences et les conflits armés. Le deuxième besoin concerne la prise en charge de la malnutrition pour presque 4 millions d’enfants ainsi que femmes enceintes ou allaitantes et personnes vivant avec le VIH ou la tuberculose, dans les zones affectées par les crises nutritionnelles.
Le troisième est le besoin en soins de santé et accès à l’eau, l’hygiène et l’assainissement, ainsi que de sensibilisation et prévention, pour environ 11,75 millions de personnes à risque, dans les zones touchées par les épidémies qui sévissent à travers le territoire national. Il s’agit du choléra, de la rougeole, la fièvre jaune, la fièvre typhoïde et la fièvre hémorragique. Selon les chiffres disponibles, les deux premières sont celles dont le pays souffre le plus en termes de cas suspects, soit 15.591 dont 262 décès pour le choléra et 30.223 d341 décès pour la rougeole en 2014. Le quatrième besoin vise à renforcer la préparation et la capacité de réponse aux catastrophes naturelles. Sans conteste, des statistiques accablantes, qui contrastent avec la croissance positive enregistrée. Le rapport fait aussi part d’un constat malheureux côté contexte opérationnel: «Les capacités de réponse de la part des autorités étatiques sont limitées, malgré leur souhait clair dans ce sens, et un appui international pour les renforcer- ce qui contribue à la résilience. L’assistance humanitaire est donc apportée presque uniquement par la communauté humanitaire».
Puis: «En 2014, le niveau de financement est important mais loin du montant qui avait été demandé dans le Plan de réponse, ce qui a aussi causé des limitations importantes dans les activités humanitaires».
Si depuis 2006, les besoins énoncés par le Plan de réponse humanitaire ont fluctué entre près d’USD 700 millions et près d’USD 950 millions, ils ont toujours été financés à plus de 50%, soit USD 4,7 milliards mobilisés depuis l’année 2000. Mais face à une certaine lassitude des bailleurs de fonds, fatigués de supporter le lourd fardeau des crises qui n’en finissent pas, le gouvernement de la République, scotché, doit s’assumer. 

 

Tino MABADA     
 

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