Au-delà de la polémique autour de la prétendue disparition du discours du Président de la République RD-congolaise, de couac dans le protocole, comme relayé dans les réseaux sociaux, le 29ème sommet des Chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union africaine tenu du 3 au 4 juillet à Addis-Abeba en Ethiopie est une bouffée d’oxygène pour Kinshasa qui y trouve un écho favorable à la lutte que les autorités ont décidé de mener contre l’ingérence occidentale dans les affaires internes du pays. On se rappelle de la pluie de sanctions à l’endroit des personnalités RD-congolaises proches du pouvoir dont la dernière, de l’Union européenne, datée du 29 mai 2017, a visé notamment ministres ou trois anciens ministres soupçonnés de «graves violations des droits de l’homme». Cependant, à travers une des résolutions issues de ce sommet, l’UA, cette organisation panafricaine, vient joindre sa voix à celle des autorités de Kinshasa. De quoi suscité une réaction positive au Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie -PPRD. Dans une déclaration du 5 juillet 2017, signée par Henry Mova Sakanyi, secrétaire général, le parti ne cache pas son enthousiasme. «Le PPRD constate avec fierté patriotique la force et le dynamisme de la diplomatie de la République démocratique du Congo, sous le leadership du chef de l’Etat, son Excellence Joseph Kabila Kabange», lit-on dans le document. Pour le PPRD, ce dynamisme a produit ses effets au sommet de l’Union africaine, notamment par la résolution suivante: «la condamnation sans réserve par l’Union africaine des sanctions ciblées infligées aux ressortissant des pays membres». A en croire ce parti cher au Président de la République, les positions de l’Union africaine rentrent dans le droit fil du crédo de la diplomatie africaine qui insiste sur la nécessité de respecter le principe de non-ingérence dans les affaires internes des Etats, conformément à la charte des Nations unies et à l’acte constitutif de l’Union africaine. Le PPRD souligne ou plutôt rappelle que les Nations unies elles-mêmes, via leurs quatre dernières résolutions -2348, 2277, 2211 et 2198- en rapport avec la RD-Congo, réaffirment «le ferme attachement à la souveraineté, à l’indépendance, à l’unité et à l’intégrité territoriale de la République démocratique du Congo et de tous les Etats de la région», soulignant «qu’il importe de respecter pleinement les principes de non-ingérence, de bon voisinage et de coopération régionale».
Voici que Mova et le PPRD qualifient les sanctions de l’Union européenne d’inégales, inappropriées, porteuses de relents déstabilisateur du processus électoral RD-congolais, incompréhensibles et provocatrices. «Comme l’a opportunément rappelé le 29ème sommet, personne n’imagine l’Union africaine prendre les mêmes sanctions contre des personnalités européennes impliquées dans des processus politiques de leurs propres Etats», y souligne-t-on. Cependant, dans un monde régulé par le rapport des forces, dirigeants africains devraient -ou doivent- se doter des moyens matériels et financiers de leurs ambitions. Comment par exemple, l’Union africaine pourrait de manière efficiente se départir de l’ingérence des pays de l’Occident alors que ceux-ci financent à plus de 90%, si l’on en croit le président du Conseil économique et social de l’UA, le Zambien Joseph Chilengi, le budget de l’organisation panafricaine? Ou encore comment la RD-Congo dont la vie politique et économique est essentiellement extravertie pourrait-elle s’émanciper? En tout cas pas par des déclarations, des discours ou des prises de position dépourvues de vraies politiques de développement. «La guerre est le prolongement de la politique, avec d’autres moyens, la politique est le prolongement de l’économie, avec d’autres moyens», dit-on.
Hugo Robert MABIALA

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